Quand les Assises Internationales du Roman délocalisent : rencontre avec Eiríkur Örn Norðdahl

airHier à 15 h , à la médiathèque Pierre Mendès-France à Villefranche sur Saône, s’est tenue une rencontre dans le cadre des Assises Internationales du Roman avec le jeune auteur du très grand roman « Illska – Le Mal », paru en 2012 en Islande, en 2015 chez nous. Comment dire le beau travail d’édition que fait Métailié, en nous trouvant de tels textes ? Que serait le monde de l’édition sans ces chercheurs de plumes d’oiseaux rares ? Un monde un peu monochrome, lisse, plat, ronronnant. Un monde où on ne découvrirait jamais d’objets littéraires aussi étonnants que cet Illska, de monuments vertigineux tels que Confiteor, de shérifs sympas, drôles et intelligents tels que Walt Longmire, la grâce d’une Ava Audur Olafsdottir, ou le merveilleux Daniel Price…En fait, toujours je me dis : mais que ce monde serait triste sans la littérature, sans les artistes…Je n’en donne ici que quelques exemples, mais tout ce monde d’auteurs, de personnages, constitue un monde infiniment amical et réconfortant au moins pour notre intelligence; même si cet entourage est parfois effrayant, déstabilisant, inconfortable, il nous fait réfléchir, grandir, avancer, il nous empêche de ne pas somnoler avec un encéphalogramme plat et un cœur en hibernation, il nous tient les yeux ouverts, la curiosité en éveil, le rire prêt à jaillir ou le poing prêt à se lever. Il nous garde en vie.

IMG_20160524_165158Revenons à hier, journée d’amitié donc qui commençait bien; rien de mieux que de partager ces moments de fête avec des amies, Charlotte venue de Lyon et Marie-Hélène.

Deux classes de Première et leurs professeurs étaient là avec leurs questions et j’ai trouvé ça très intéressant. D’une part parce que me dire que ces jeunes gens ont lu un livre si exigeant, ça me met le cœur en joie, et d’autre part parce que leur questions d’adolescents étaient pleines de fraîcheur, très directes ( même si elles avaient été préparées, on sentait que le prof avait laissé parler ses élèves ) et sans filtres. 

IMG_20160524_165258 (1) L’auteur, un grand jeune homme de 2 mètres au moins, mince et souriant sous son drôle de petit chapeau, s’est prêté – en anglais –  avec gentillesse et sérieux à cette rencontre, épaulé par un traducteur et la meneuse de jeu Marie Méloni,  étudiante à l’Université Lyon II. Les thèmes abordés ont été évidemment ceux qui imprègnent le roman, la montée des partis néo-nazis en Europe, la politique, donc, l’Islande et l’histoire, l’histoire et la Lituanie en particulier durant la Seconde Guerre Mondiale. D’où sont nés les personnages, comment a germé l’idée du livre, contient-il des choses personnelles, et puis inévitablement, sujet prégnant aussi dans Illska, la libido, le vocabulaire du sexe, ici cru et violent – pourquoi ? -, et bien sûr la construction incroyable de ce texte, son architecture qui en a dérouté plus d’un, son langage, son humour si noir, si caustique…Vous savez comme j’ai aimé ce livre et en entendre parler, voir réfléchir l’auteur sur les questions, y apporter des explications – mais pas toujours car tout ne s’explique pas dans le travail d’écrivain – ça a été un grand moment pour la lectrice que je suis, moment durant lequel on oublie tout le reste parce qu’on est en pays magique, celui de la littérature. 

IMG_20160524_165225J’ai regretté l’absence dEric Boury, déjà raté aux Quais du Polar, mais on va bien finir par se parler « pour de vrai » , j’en suis sûre . Nous avons eu la chance d’entendre lire les premiers paragraphes par Eirikur Örn Norðdahl en islandais; comme cette langue est belle! Très étonnant d’en entendre le rythme, la musique, une mélopée étrange, vraiment: bel après-midi. 

Fin avec les dédicaces, et retour avec le cœur réchauffé et l’attente de la suite d’Illska, en Février 2017, si j’ai bien compris.

D’autre part, voici le lien vers une pétition eirikurpour que vivent encore ces Assises Internationales du Roman, frappées pour leur 10ème anniversaire par une coupe budgétaire de la Région d’une conséquence jamais vue encore. On se doutait bien que la culture allait vivre de tristes moments, mais on peut craindre le pire. Un pays sans culture n’est plus que pays barbare – c’est d’ailleurs ce que disait notre grand Islandais hier – à nous de défendre notre vision du monde, nos artistes, nos écrivains, ces partages qui enrichissent notre pensée et notre imaginaire, pour vivre dans un monde moins bête peut-être, tout simplement…

Petit extrait:

Illska (1)« Elle voulait écrire sur les nazis en chair et en os. Des hommes et des femmes jeunes et énergiques, capables de façonner l’avenir. Elle voulait écrire sur l’extrême droite et les populistes dans les partis politiques. Certes, elle ne manquerait pas d’être confrontée aux problèmes de définition – rien ne disait qu’on lui permettrait d’estampiller comme nazis l’ensemble des racistes populistes. Elle entendait toutefois démontrer les parentés idéologiques. Même si les racistes empruntaient depuis quelques années des voies plus « convenables » pour atteindre leurs objectifs, les objectifs en question demeuraient inchangés et leur mise en application tout aussi délétère. Elle souhaitait prouver que les racistes islandais s’inscrivaient dans un univers culturel européen qui soutenait l’assassinat et la malfaisance même si on avait remis ces prérogatives aux mains des polices des frontières, des bureaucrates chargés de la gestion des réfugiés et des gouvernements extérieurs à l’Europe qui se voyaient forcés de commettre de graves crimes contre ceux de leurs ressortissants qui voulaient quitter leur patrie d’origine. »

Mes Quais du Polar, 2016

SAM_4829 - CopiePetit bilan de mes Quais .
Deux jours encore cette année. Le vendredi avec l’amie Béa, et le samedi avec mon mari. Le temps du vendredi gris, maussade, humide, nous a poussées directement dans la grande librairie, calme ce premier jour à l’ouverture des portes, à 10 h. SAM_4827C’est là que nous avons eu la chance de rencontrer un jeune libraire enthousiaste, disponible pour la causette autour de ses livres préférés du moment : « La femme qui avait perdu son âme » de Bob Shacochis chez Oliver Gallmeister ( et hop ! achat de Béa qui me le prêtera ) et « La Maison dans laquelle » de Mariam Petrosyan chez Monsieur Toussaint Louverture, deux chefs d’oeuvre selon ce passionné de littérature. Nous sommes tombés d’accord tous les deux sur « Confiteor » de Jaume Cabré ( Actes Sud ), chef d’oeuvre total ( pour ceux qui ne l’ont pas lu…message pas subliminal du tout ! ).

SAM_4830Ce libraire grande classe exerce son art à la librairie « L’esprit livre », rue du Dauphiné dans le 3ème arrondissement de Lyon. Promenade parmi les tables des librairies, vertige en considérant l’énorme quantité de choses à lire, et station obligée devant les auteurs BD en dédicace, toujours très impressionnants. Puis comme nous l’avions prévu, visite sur une expo partenaire de l’événement, « Huis clos », 14 rue des Pierres Plantées. Pour y aller, promenade sportive (car ça grimpe, les gônes! ) sur les pentes de la Croix-Rousse, jolie grimpette qui au sommet, sur le plateau, offre une vue exceptionnelle sur la ville. 

goninSuperbe exposition de trois artistes : Raphaëlle Gonin, prodige de l’encre de Chine, Léon Sojac, son compagnon, qui réalise des aquarelles qui ne ressemblent en rien à ce qu’on connait de cette technique (œuvres modernes et très originales), et enfin Laurent Gorris, artiste protéiforme, qui exposait ici des dessins en couleur très touchants et oniriques. C’est Raphaëlle qui nous a reçues, charmante avec ses yeux de jade clair, longue conversation sur un peu tout, l’art, la littérature, le monde, la vie…ce sera un beau souvenir que cette rencontre enrichissante et chaleureuse.

quais5 La descente nous emmène dans un sympathique petit resto, puis nous retournons flâner au milieu des livres. A l’étage, sur la galerie qui offre une vue plongeante sur ces montagnes de pages à lire, une exposition d’affiches de graphistes contemporains, chouette, …et on profite du temps là, à se dire qu’il nous faudrait bien un nombre incalculable de vies pour lire tout ça…
SAM_4834Samedi, autre programme avec mon homme : j’ai noté 5 noms d’auteurs à qui j’aimerais serrer la main, mais je devrai me contenter de deux ( Craig Johnson, my favourite cow-boy ) et Franck Bouysse, dont j’ai chroniqué le roman « Grossir le ciel » un coup de cœur, une belle découverte.

Touchant personnage, vraiment, dont j’ai acheté le second livre, « Plateau », commencé sans attendre en rentrant. Conversation brève mais où il m’a affirmé que les gens qui lui disent qu’ils ont aimé ses livres le réconfortent.

« C’est tellement dur, d’écrire » dit-il et c’est si sincère que j’en ai été très émue.

quais6Cet homme est un poète, je vous le dis…Le formidable Craig Johnson donc, assis à côté, pétri d’humanité, de gentillesse et d’humour…Mais c’est samedi, une foule un peu monstrueuse se répand partout, et je ne tiens pas plus que ça aux dédicaces, on va prendre l’air, regarder sur les marches du Palais du Commerce tous ces écrivains qui fument, boivent un café, discutent . Juste s’asseoir et regarder est un plaisir, tous ces gens si différents, que cette littérature rassemble, je trouve ça beau, réconfortant surtout…Pour nous le plus intéressant, ce sont les conférences.

quais3 A 14h, joute de traducteurs, autour d’un texte extrait du roman à paraître de Craig Johnson, avec Sophie Aslanides ( traductrice attitrée, qui connait le livre entier déjà traduit et l’auteur comme sa poche)et Charles Recoursé ( qui lui n’a jamais lu cet auteur et ne connait que l’extrait élargi ). Passionnant pour qui aime la littérature étrangère et se questionne ( ce que je fais tout le temps) sur l’apport du traducteur.

Puis une heure de queue pour la conférence consacrée au héros récurrent dans le polar, très bien menée par Julie Malaure du magazine Le Point.

quais2Vous pouvez voir sur les photos une sacrée brochette de « grosses pointures », avec Jo Nesbo ( le moins loquace), Craig Johnson, toujours impliqué à 100% dans ces conférences, Deon Meyer très sympa, Sara Gran que je vais m’empresser de lire ( pas encore fait, mais du coup très très envie ) et puis Indridason flanqué de son super traducteur Eric Boury. Il nous a bien fait rire, Arnaldur, et pourtant son sens de l’humour ne se voit pas sur sa figure… Enfin je donne un gros gros bon point à Olivier Norek, vraiment sympathique, intéressant, et très impressionné par ses voisins.Vous savez que vous pouvez écouter ces conférences grâce à ce lien. Je vais me précipiter sur toutes celles auxquelles je n’ai pas pu assister, c’est pour moi le plus intéressant de cet événement qui a encore une fois attiré un nombre énorme de visiteurs.
SAM_4833Mon impression générale est que le succès est bel et bien là, fédérant des lecteurs très variés, des auteurs très différents aussi, et c’est précisément ça qui me plait dans ce festival.
Mes résolutions pour l’an prochain ce sera moins de temps dans la librairie, mais plus de conférences, enregistrements d’émissions ( Mauvais genres en particulier ) et enfin faire l’enquête dans la ville pour m’amuser un peu ainsi que les visites commentées. Et puis continuer à flâner au milieu de la foule enthousiaste, avec la satisfaction de sentir ce goût commun pour la lecture, l’amour des livres, des écrivains, des mots et des histoires.
SAM_4828 - CopieJe me suis plongée avec délices dans « Plateau », avec sur la rétine le visage de Franck Bouysse, son air un peu inquiet et son sourire incertain. Je repars vers ma lecture.

Jolie rencontre avec Elisa Tixen

elisaJ’ai rencontré hier au petit salon du livre de Villefranche sur Saône une blogueuse dont je suis les écrits, Elisa Tixen, qui présentait en compagnie de son éditrice ( éditions de la  Remanence, basées à Vénissieux), son premier roman « Sans traces apparentes ». Je l’ai acheté depuis un bon moment en numérique, il m’attend sur ma liseuse. Elisa est une femme charmante, nous avons discuté un bon moment. Je pense qu’on se reverra. Quant à son éditrice, elle m’a fait plaisir. Cette jeune femme m’a dit qu’elle avait une petite fille de 4 ans qu’elle a prénommée…Simone! Moi qui déteste mon prénom, de ceux dont je pense qu’on devrait les mettre aux oubliettes, et qui font croire à tout le monde qu’on a 60 balais même quand on en a 20…Elle m’a dit qu’effectivement tout le monde croyait que c’était une blague quand elle disait que sa fillette s’appelait Simone…Mais elle trouve que c’est un prénom plein de force ! Ah oui ! Je ne l’ai jamais envisagé sous cet angle, juste comme un prénom impossible à porter ! Bon, moi, je me sens moins seule, en compagnie d’une petite Simone de 4 ans !!!
Ici, présentation de la maison d’édition
et ici, le blog d’Elisa
Mais elle est dans mes liens depuis longtemps. Je l’ai rencontrée au hasard de mes recherches sur l’immigration au Canada, sujet sur lequel elle a une page, et cette personne, dans ce qu’elle écrit, dégage une vraie humanité. Son métier ( dont je ne vous parle pas )  dénote d’ailleurs ce tempérament empathique. La rencontrer a confirmé mon ressenti, et ce fut, oui, un bien joli moment. Me reste à finir son livre, déjà commencé.

Belle journée pour une rencontre

IMG_1211Hier sous un ciel limpide, la Saône juste drapée de fins bancs de brume, un soleil radieux sur la ville, Lyon a été pour moi et pour la seconde fois le théâtre d’une belle et touchante rencontre .

Hier, près du piano qui propose ses touches aux passants de la gare de Perrache, j’ai vu une jolie petite femme blonde, bras ouverts, sourire éclatant, et cette amitié dont je vous parlais il y a quelques jours, cette amitié s’est concrétisée en une embrassade joyeuse et émue.

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Michel Blazy

Hier, j’ai rencontré pour de vrai Culturieuse, Martine; après un sacré bout de temps à se lire sur nos blogs respectifs, après des commentaires, après des mails pour des échanges plus personnels, du temps, la Biennale d’Art Contemporain de Lyon nous a réunies. Je ne rentrerai pas dans le détail de la journée, mais après ma chère Véro/Kali, rencontrer Martine m’a démontré encore une fois que cet outil de communication qu’est le blog, bien utilisé, permet de riches échanges, de belles relations et rencontres amicales. Comme si nous nous connaissions, en fait, car oui, nous connaissons l’essentiel de l’autre dans l’échange d’idées, de goûts, on sent vite qui va devenir plus proche, pas seulement intellectuellement, mais affectivement aussi, dans les affinités humaines.

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Céleste Boursier Mougenot

Je ne me suis pas trompée, Culturieuse est une femme intelligente sans pédanterie, naturelle, drôle et généreuse. Bien sûr, visiter la Sucrière et ses œuvres avec elle a été un « plus » certain. D’ailleurs, très intéressante exposition. Je vous joins quelques photos prises par Martine, nous sommes restées 3 heures, ce fut vraiment passionnant. Nicole, amie de longue date de Martine nous accompagnait, une personne avec beaucoup d’humour, une belle rencontre là encore, et je crois que nous avons formé un joli trio, validé autour d’un plat italien et d’un verre de vin rouge : « A la vie ! »

C’est certain, nous nous reverrons, Martine, pour encore rire et boire ensemble « A la vie ! « 

 

Ron Rash à Lyon

rashJeudi soir, dans une belle collaboration Quais du Polar, librairie Passages et Théâtre des Célestins, a eu lieu une belle rencontre avec ce grand écrivain américain qu’est Ron Rash. J’y étais en excellente compagnie: mon amie Béatrice. Journée par ailleurs agrémentée – ô combien ! – par une flânerie au soleil à la terrasse d’un café, sirotant des diabolos violette…avec notre fée à tous, Kali. 

qdp rashQuoi que certains esprits chagrins puissent penser, ces rencontres sont riches pour le lecteur. Les questions du jeune homme des QDP étaient pertinentes, et nous ont révélé un Ron Rash engagé, lecteur de Giono, Dostoïevski et Tolstoï, il nous a appris ce qu’est la vie dans les Appalaches, sa vision de l’empreinte des paysages sur les gens qui y vivent, et puis aussi que Jim Harrison n’est pas si connu que ça aux USA; il a parlé de son goût des mots, de la musique qu’ils produisent, nous a lu quelques lignes en VO, pour éclairer ses dires. Un homme ron passionné, partageur…L’après-midi il était avec des lycéens, qui, vivant à Lyon, ont vraiment beaucoup de chance de pouvoir assez facilement, assister à de telles rencontres. Et puis ça donne vraiment l’envie de lire.

En tous cas, belle soirée, belle journée, amicale et littéraire. 

Lisez Ron Rash !