Petit bilan de mes Quais .
Deux jours encore cette année. Le vendredi avec l’amie Béa, et le samedi avec mon mari. Le temps du vendredi gris, maussade, humide, nous a poussées directement dans la grande librairie, calme ce premier jour à l’ouverture des portes, à 10 h. C’est là que nous avons eu la chance de rencontrer un jeune libraire enthousiaste, disponible pour la causette autour de ses livres préférés du moment : « La femme qui avait perdu son âme » de Bob Shacochis chez Oliver Gallmeister ( et hop ! achat de Béa qui me le prêtera ) et « La Maison dans laquelle » de Mariam Petrosyan chez Monsieur Toussaint Louverture, deux chefs d’oeuvre selon ce passionné de littérature. Nous sommes tombés d’accord tous les deux sur « Confiteor » de Jaume Cabré ( Actes Sud ), chef d’oeuvre total ( pour ceux qui ne l’ont pas lu…message pas subliminal du tout ! ).
Ce libraire grande classe exerce son art à la librairie « L’esprit livre », rue du Dauphiné dans le 3ème arrondissement de Lyon. Promenade parmi les tables des librairies, vertige en considérant l’énorme quantité de choses à lire, et station obligée devant les auteurs BD en dédicace, toujours très impressionnants. Puis comme nous l’avions prévu, visite sur une expo partenaire de l’événement, « Huis clos », 14 rue des Pierres Plantées. Pour y aller, promenade sportive (car ça grimpe, les gônes! ) sur les pentes de la Croix-Rousse, jolie grimpette qui au sommet, sur le plateau, offre une vue exceptionnelle sur la ville.
Superbe exposition de trois artistes : Raphaëlle Gonin, prodige de l’encre de Chine, Léon Sojac, son compagnon, qui réalise des aquarelles qui ne ressemblent en rien à ce qu’on connait de cette technique (œuvres modernes et très originales), et enfin Laurent Gorris, artiste protéiforme, qui exposait ici des dessins en couleur très touchants et oniriques. C’est Raphaëlle qui nous a reçues, charmante avec ses yeux de jade clair, longue conversation sur un peu tout, l’art, la littérature, le monde, la vie…ce sera un beau souvenir que cette rencontre enrichissante et chaleureuse.
La descente nous emmène dans un sympathique petit resto, puis nous retournons flâner au milieu des livres. A l’étage, sur la galerie qui offre une vue plongeante sur ces montagnes de pages à lire, une exposition d’affiches de graphistes contemporains, chouette, …et on profite du temps là, à se dire qu’il nous faudrait bien un nombre incalculable de vies pour lire tout ça…
Samedi, autre programme avec mon homme : j’ai noté 5 noms d’auteurs à qui j’aimerais serrer la main, mais je devrai me contenter de deux ( Craig Johnson, my favourite cow-boy ) et Franck Bouysse, dont j’ai chroniqué le roman « Grossir le ciel » un coup de cœur, une belle découverte.
Touchant personnage, vraiment, dont j’ai acheté le second livre, « Plateau », commencé sans attendre en rentrant. Conversation brève mais où il m’a affirmé que les gens qui lui disent qu’ils ont aimé ses livres le réconfortent.
« C’est tellement dur, d’écrire » dit-il et c’est si sincère que j’en ai été très émue.
Cet homme est un poète, je vous le dis…Le formidable Craig Johnson donc, assis à côté, pétri d’humanité, de gentillesse et d’humour…Mais c’est samedi, une foule un peu monstrueuse se répand partout, et je ne tiens pas plus que ça aux dédicaces, on va prendre l’air, regarder sur les marches du Palais du Commerce tous ces écrivains qui fument, boivent un café, discutent . Juste s’asseoir et regarder est un plaisir, tous ces gens si différents, que cette littérature rassemble, je trouve ça beau, réconfortant surtout…Pour nous le plus intéressant, ce sont les conférences.
A 14h, joute de traducteurs, autour d’un texte extrait du roman à paraître de Craig Johnson, avec Sophie Aslanides ( traductrice attitrée, qui connait le livre entier déjà traduit et l’auteur comme sa poche)et Charles Recoursé ( qui lui n’a jamais lu cet auteur et ne connait que l’extrait élargi ). Passionnant pour qui aime la littérature étrangère et se questionne ( ce que je fais tout le temps) sur l’apport du traducteur.
Puis une heure de queue pour la conférence consacrée au héros récurrent dans le polar, très bien menée par Julie Malaure du magazine Le Point.
Vous pouvez voir sur les photos une sacrée brochette de « grosses pointures », avec Jo Nesbo ( le moins loquace), Craig Johnson, toujours impliqué à 100% dans ces conférences, Deon Meyer très sympa, Sara Gran que je vais m’empresser de lire ( pas encore fait, mais du coup très très envie ) et puis Indridason flanqué de son super traducteur Eric Boury. Il nous a bien fait rire, Arnaldur, et pourtant son sens de l’humour ne se voit pas sur sa figure… Enfin je donne un gros gros bon point à Olivier Norek, vraiment sympathique, intéressant, et très impressionné par ses voisins.Vous savez que vous pouvez écouter ces conférences grâce à ce lien. Je vais me précipiter sur toutes celles auxquelles je n’ai pas pu assister, c’est pour moi le plus intéressant de cet événement qui a encore une fois attiré un nombre énorme de visiteurs.
Mon impression générale est que le succès est bel et bien là, fédérant des lecteurs très variés, des auteurs très différents aussi, et c’est précisément ça qui me plait dans ce festival.
Mes résolutions pour l’an prochain ce sera moins de temps dans la librairie, mais plus de conférences, enregistrements d’émissions ( Mauvais genres en particulier ) et enfin faire l’enquête dans la ville pour m’amuser un peu ainsi que les visites commentées. Et puis continuer à flâner au milieu de la foule enthousiaste, avec la satisfaction de sentir ce goût commun pour la lecture, l’amour des livres, des écrivains, des mots et des histoires.
Je me suis plongée avec délices dans « Plateau », avec sur la rétine le visage de Franck Bouysse, son air un peu inquiet et son sourire incertain. Je repars vers ma lecture.