« Alba Nera » – Giancarlo De Cataldo -Métailié Noir, traduit par Serge Quadruppani

editions-metailie.com-alba-nera-alba-nera-hd-300x460« Dans la campagne au sud de Rome, dans une ferme en ruine, au bord de la via Nettunense, deux jeunes gens se disputent.

Jaime a dix-sept ans. Ramon vingt-deux. La cicatrice qui lui creuse le front est le signe du chef. Dans la pandilla de Giardinetti, c’est le plus élevé en grade. Jaime lui doit obéissance et dévouement.

Ce sont deux chiots inquiets et affamés. Durs, musculeux, couverts de tatouages.

La rue a été leur école. Pour être admis, ils ont dû frapper des visages, taillader des chairs, piétiner des ennemis, et ils ont été frappés, tailladés, piétinés. Ils ont brisé des os et balafré des visages, ils ont gagné le respect par la violence. »

Grand bonheur de retrouver la plume sombre de Giancarlo de Cataldo, avec ce roman tortueux, retors même et des personnages complexes, en particulier l’enquêtrice Alba que je trouve fascinante. Le corps d’une jeune femme morte est retrouvé, ligoté selon l’art japonais du shibari. Avant de lire ce roman, j’ignorais cet art, le bondage à la japonaise, fait de cordes et de nœuds ( photo de couverture ). Mais le but n’étant pas de tuer, ici il s’agit bien d’un meurtre qui ressemble à celui qui 10 ans plus tôt a mis en échec l’équipe du Blond, du Dr Sax et d’Alba. Ils se retrouvent ainsi à nouveau pour tenter d’élucider ce meurtre. Dans ces quelques phrases à la découverte du corps par Ramon et Jaime, un mot, un seul pour moi signale ce que ressent le narrateur, le mot « petit » parlant du corps. Ce mot à lui seul rend tout le tragique de cette gamine ficelée, morte.

node-g3ab317726_640« Elle a les yeux clos et, de son petit corps enveloppé d’une couverture rouge tachée de sang et de Dieu sait quoi d’autre, s’élève une odeur âcre. De profonds sillons affleurent sur sa peau pâle et, sous les nœuds formés par d’étranges cordes aux couleurs vives, on devine une toile d’araignée d’hématomes et de coupures.

La personne qui l’a laissée dans cet état y a mis du temps, et du cœur. »

Il s’agit là de « drôles  » de personnages; troubles, avec des caractères affirmés et des relations parfois douteuses, qu’elles soient familiales, amoureuses ou juste intéressées. feet-gb9774be0a_640C’est en ça que c’est prenant, parce qu’on a le sentiment que la frontière est très très mince entre leur fonction de justice et leur vie personnelle. Entre leurs intérêts et leur devoir. Alors on assiste souvent à des jeux entre eux, c’est subtil, on ne sait pas toujours sur quoi ça va déboucher. Mais. Mais pourtant, il leur reste un peu de loyauté, d’orgueil, et pour le Blond, beaucoup d’amour pour Alba. Leurs retrouvailles pour cette enquête donnent lieu à des pages magnifiques, qui révèlent leurs relations, leurs caractères, ce que chacun sait des autres et ce que chacun en ignore aussi. L’auteur ne laisse rien flotter en surface, à chaque fois il creuse et autopsie en quelque sorte. Franchement je trouve ça très fort et ça bouscule. Le Blond est peut-être le plus clair dans ce qu’il ressent – il aime Alba plus que tout – et il est aussi le plus droit, ce qui ne lui rend pas la vie facile. Le passage où il examine de près le corps de la jeune fille est très émouvant.

« Une violente vague de compassion et une compatissante vague de violence le submergent. »

Je n’oublie pas de vous dire qu’entre ces trois navigue Ippoliti, admis de justesse au concours de la police, soupçonné même d’avoir été pistonné. On en saura plus en avançant dans la lecture, mais il n’est pas à négliger dans l’affaire, ni Cono Di Sangiorgio, général beau-père de Sax , ainsi nommé car il en joue:

Ensuite il y a Rome. Tous les trafics s’y pratiquent, y compris celui de corps humains, de femmes en particulier évidemment, et à travers les adeptes de pratiques sexuelles originales, tout ça se passe, parfois, souvent, par les mains de riches hommes, puissants, importants, avec dans leur sillage tous les petits minables intermédiaires qui grappillent quelques poignées de billets au passage, comme si tout allait bien, comme si tout allait de soi. La posture est si confortable, rien ne doit changer. Et Rome est éternelle:

rome-gdcd9958a2_640 » À qui s’obstine encore à nier que, malgré tous ses problèmes, Rome soit la plus belle ville du monde, on devrait montrer l’expression extasiée des deux personnes blondes en train de déguster un Massetto dell’ Ornellaia au pavillon Valadier. À leurs pieds s’étendent les toits de Rome, éclairés par le pâle soleil de décembre qui, avec les deux « champignons » chauffant stratégiquement disposés de chaque coté de la table, font de la terrasse du Pincio le décor où tout homme sain d’esprit voudrait vivre, triompher, aimer et même mourir. »

Mais les dessous de Rome et des Romains sont crasseux – ce ne sont pas les seuls au monde, hélas. Au-delà de pratiques sexuelles consenties, il y a bien autre chose. Comme le corps de cette jeune fille, marbré de cordes colorées et de nœuds dont il va falloir trouver qui elle est. Et cette enquête sera un sinistre révélateur, et l’occasion aussi pour nos trois flics de régler des comptes, de faire la lumière sur leur vie et sur leurs sentiments.

Voici ce que j’aime chez cet écrivain, ce côté complexe et ambigu des personnages, leur esprit un peu – beaucoup – tordu, ou torturé selon de quel point on se place. L’écriture est remarquable, allant de l’ironie la plus grinçante, un second degré ravageur, à une mélancolie profonde, un regard sur la ville et les gens qui y évoluent à la fois tendre et chagrin. J’aime Giancarlo de Cataldo.

« L’amant de Janis Joplin » – Élmer Mendoza – Métailié noir, traduit par François Gaudry

« Il faisait froid? Et alors? Le temps n’allait pas empêcher les couples de danser sous la magie de la lune, dans les hauteurs de la sierra, à l’entrée d’un hangar sombre où il n’y avait qu’un lecteur de cassettes. Qui avait besoin de plus? pensait Carlota Amalia Bazaine en observant les garçons qui faisaient bruyamment les malins à l’écart du bal, exclus par le manque de filles. Elle fut tentée de se joindre à eux pour rigoler un peu mais se ravisa: ce soir-là elle avait envie d’autre chose. Elle ne pouvait pas danser, tout le monde le savait, parce qu’elle était une femme à part: chasse gardée de Rogelio Castro, personne n’aurait osé l’approcher, encore moins ces jeunes qui préféraient s’en prendre à David Valenzuela avec des tapes sur la tête et des bourrades dans le dos, en criant: Ferme ton bec, ducon, les mouches vont entrer. »

Je viens de terminer ce livre, avec une très belle fin. C’est l’histoire de David, un jeune homme un peu perturbé psychologiquement, naïf, crédule, très gentil et puis accompagné de voix qui lui font la causette. Selon ce qu’il entend c’est « son karma » , « sa partie réincarnable » ou le diable qui lui parle, le conseille, se moque, en tous cas le dérange. Il n’est pas très beau, David, avec ses grandes dents en avant, il est doux et sensible. Mais aussi capable de tuer n’importe qui d’un jet de pierre. Il va découvrir ça au début du livre, alors qu’il danse avec Carlota, la femme interdite, d’un jet de pierre il tue Rogelio. Il ne sait pas encore qu’il vient de déclencher une guerre furieuse au sein des familles de narco trafiquants de ce triangle d’or du trafic de marijuana, le Sinaloa.

Alors que Rogelio s’en prend à David:

« Profitant de ce qu’il avait baissé son arme, David tenta de s’enfuir vers la montagne, mais son ennemi hurla: Où tu vas comme ça, fils de pute? Il lui barra le chemin et le bourra de coups de pied, David voulait s’éloigner, mais la cour grandissait comme sa peur. […] David aperçut Carlota Amalia le dos tourné pour ne pas voir, réfugiée dans les bras de ses amies. Les autres restaient immobiles, la violence engendre la lâcheté. Alors David regarda son agresseur qui, avant de le sacrifier, s’offrait le luxe de  pointer son arme vers le ciel, pour ensuite la baisser lentement, lorsque David sentit sous ses doigts une pierre qu’il lui lança en pleine tête, crac, comme un ultime réflexe de défense.

Rogelio s’effondra sans connaissance. »

Et ce sont les ennuis qui commencent… Parce que Rogelio et sa famille sont puissants. Bienvenue dans le cartel du Sinaloa

C’est ainsi que commence un voyage épique avec un grand nombre de personnages, des dialogues assez drôles, et surtout David, que j’aurais aimé encore plus présent dans le livre, parce qu’il est vraiment attachant, inattendu. Et l’amant de Janis Joplin, c’est lui…, lui selon Carlota

« …c’était un gars sympathique et propre, dommage qu’il ne soit pas normal; […] Petite, elle adorait David, mais en grandissant elle avait remarqué ces petites tares dont parlaient tous les autres. Dommage qu’il soit si différent: toujours la bouche ouverte, les dents de devant démesurées. »

Par son père et un oncle entraîneur – entre autres activités – de l’équipe locale de base-ball, grâce à son talent de lanceur ( de pierres ) David va se retrouver à Los Angeles, il va rencontrer une fille bizarre qui lui dit « Are you Kris Kristofferson ? «  et l’emmène dans une chambre d’hôtel, lui fait l’amour en 8 minutes et bye bye.

« Hello! le salua une femme. Are you Kris Kristofferson ?  David ouvrit la bouche, il n’avait rien compris. Elle tira une bouffée de son joint et dit sans souffler la fumée: Is this place the Chelsea Hotel? David fit oui de la tête, la femme sourit: Great, follow me, et lui fit signe de la suivre. Quoi, qu’est-ce qu’elle veut? David l’observa sans bouger. C’est peut-être le diable, pensa – t-il, il est sorti de ma tête. Arrête de débloquer, répliqua sa partie réincarnable, cette femme veut de la chair fraîche. » 

Elle lui dit être Janis Joplin. Notre David est fou éperdu d’amour, et la photo de Janis et ses chansons, ne vont plus le quitter.

« Janis Joplin, affirma la femme, I’m Janis Joplin, you can tell everybody you fuck Janis Joplin, et elle lui montra la porte. Go, baby, get out, please. David comprit, observa un instant ses pieds, puis il se leva, se rhabilla et sortit sans dire un mot. »

De retour au Mexique après quelques déboires dans l’équipe des Dodgers, il n’aura plus qu’un objectif, retourner à Los Angeles et épouser Janis…

C’est bien sûr tout un tas de péripéties meurtrières autour des familles de narcotrafiquants, mais honnêtement, pour moi le plus intéressant c’est le sort de David et de ces voix qui l’accompagnent, c’est un très beau personnage. Et puis l’humour – cette idée de Janis Joplin, j’adore !  – un humour qui souvent ridiculise les gros bras et met David à l’honneur, mais qui montre également à quel point les pays et leurs institutions – ici la prison –  sont corrompus. David, avec son espèce de naïveté, de candeur, a des réflexions pas si bêtes et curieusement, il attire les belles femmes, Carlota, puis Rebeca. mais son cœur est pris par Janis…

« Rebeca lui souriait: mon loup, j’ai quelque chose à te dire, elle se plaça sur la traverse centrale, rejeta la tête en arrière pour faire ressortir ses seins, plus rien  ne subsistait de sa colère de la mi-journée et, comme il ne se sentait pas agressé, David était excité. Allez, rapproche-toi, conseilla la voix. Sers-toi de tes mains. C’est quoi, Rebeca? Ben, je vais me marier avec Maríano. Avec ce type? hurla la voix. Gloups. Oui, mon loup, et là, ce sera ma dernière danse. La dernière? Oh non! se lamenta sa partie réincarnable, juste au moment où tu te réveillais. »

On croise de nombreux personnages, et le regard sur la famille est assez réjouissant lui aussi. Celle de David est peut-être bien la moins décadente, mais je dis bien: peut-être ! Lecture qui, si elle n’est pas inoubliable, m’a vraiment distraite, amusée autant par son écriture qui balance bien que par ce David et son compagnon de cerveau. A ne pas négliger par ces temps moroses ! Et puis, il y a Janis

« Le ton avec lequel on parlait d’elle commença à inquiéter David, et là-dessus l’animateur répéta qu’on avait trouvé le cadavre de la chanteuse à Los Angeles.[…] David fondit en larmes comme ceux qui ont tout perdu, il y avait dix-huit heures que Janis était morte et lui ne se doutait de rien, le regard rivé sur son poster: elle était là, pleine d’énergie, en train de chanter. »

 

 

« Les roses de la nuit » – Arnaldur Indridason – Métailié Noir, traduit par Éric Boury

« Ils avaient découvert le corps sur la tombe de Jon Sigurdsson, le héraut de l’Indépendance, dans le vieux cimetière de la rue Sudurgata. Assise à califourchon sur le jeune homme, c’était elle qui l’avait vu en premier.

Ils avaient remonté Sudurgata en se tenant par la main après avoir quitté l’hôtel Borg. Il l’avait prise dans ses bras et l’avait embrassée. Elle lui avait rendu son baiser, d’abord tendrement, puis en y mettant plus de passion et en se laissant emporter par sa fougue. Ils étaient partis de l’hôtel Borg vers trois heures du matin et avaient traversé la foule qui envahissait le centre. Il faisait beau, c’était peu après le solstice d’été. »

Ce roman a été publié en Islande en 1998, il est en fait le second de la série Erlendur Sveinsson, avant « La cité des jarres » et mon préféré « La femme en vert ». Je ne sais pas trop pourquoi il n’arrive que maintenant chez nous, mais en tous cas, j’ai retrouvé le plaisir de lire les enquêtes de cet Erlendur âgé de 50 ans, plaisir qui s’était un peu émoussé au fil des livres, même si cette série m’a accrochée si bien que je l’ai suivie  avec une régularité sans faille.

Celui-ci est encore donc plein de la fraîcheur de l’écriture d’Indridason quasi débutant, les personnages, Elingborg et Sigurdur Oli, en sont encore à leurs débuts. Le seul petit problème, c’est qu’on sait déjà comment leur vie va évoluer; enfin un problème ou un avantage, selon comment on envisage la lecture. On  assiste à la rencontre de Sigurdur avec Bergthora et on connait la suite…Alors pour ceux qui n’ont pas lu la série, eh bien je n’en dis rien !

« -Ça vous plaît de faire ça dans les cimetières? demanda Erlendur.

-Et vous, ça vous plaît de poser ce genre de questions? rétorqua Bergthora.

-Nous essayons seulement de comprendre…

-Et je suis censée vous répondre quoi ? Que j’aime baiser au milieu des morts? Que j’aime faire des galipettes dans la nature et qu’après tout, un cimetière, c’est une oasis de verdure? Eh bien voilà ! C’est ça que vous avez envie d’entendre? En tous cas, ça n’a rien à voir avec la présence des tombes et des cadavres. C’est bien compris? Je tiens à ce que ce soit clair !

-Et don Juan a filé quand vous avez découvert le corps? poursuivit Erlendur, impassible. Sa fille lui avait raconté des histoires bien plus glauques que la jolie petite aventure nocturne de ces deux informaticiens.

Donc ce type l’a tringlée dans le cimetière, pensa Sigurdur Oli, imaginant la scène, ce qui lui fit perdre un instant sa concentration. Il était célibataire et il y avait un certain temps qu’il n’avait invité personne à passer la nuit chez lui. »

Une jeune femme est retrouvée morte sur la tombe d’un personnage important de l’histoire de l’Islande, Jon Sigurdsson.

Tandis qu’un couple s’ébat sur l’herbe à côté de la sépulture durant cette une nuit d’été sans fin, la femme entend un bruit et voit la jeune femme morte et la silhouette d’un homme quittant les lieux. Elle appelle la police tandis que son compagnon d’un soir file.

« Aucun ami n’avait signalé à la police la disparition d’une jeune fille brune portant un tatouage sur les fesses. Aucune mère n’était venue dire qu’elle s’inquiétait pour sa fille. Aucun père. Ni frère ni sœur. Il était peut-être trop tôt pour que ses proches se manifestent. Ou peut-être que personne ne se souciait d’elle. »

Erlendur et Sigurdur arrivent. La jeune fille, Birta, n’avait que 22 ans ( la 4ème de couverture indique 16, mais c’est bien 22 ans page 144) , se droguait et était originaire des fjords de l’Ouest, comme l’était Jon Sigurdsson. 

Ainsi va commencer une enquête qui pose pas mal de questions. Est-ce par hasard que le corps est déposé sur cette tombe particulière ou cela a-t-il un sens? L’homme qui a été vu quittant le cimetière, qui est-il et a-t-il un rapport avec l’affaire ? Et alors que des immeubles pussent comme des champignons à Reykjavik tandis que les fjords se vident, une question dans la bouche de la jeune femme qu’on a fait taire et que reprend Erlendur :

« […]Qui possède ces gigantesques temples de la consommation ? Qui sont les gens qui vont occuper tous les logements? D’où viennent-ils?

Erlendur marqua une pause.

-La seule chose qui manquait dan stout ça, c’était le paramètre humain, reprit-il. Les projets grandioses des entrepreneurs en bâtiment et des spéculateurs immobiliers ne pouvaient voir le jour que s’il y avait des gens pour emménager dans tous ces logements et faire leurs courses dans ces galeries commerçantes. D’où allaient venir ces personnes ? Qui allait emménager dans tous ces logements ? Voilà les deux questions que se posait une gamine complètement droguée qui passait son temps à errer dans les rues de Reykjavik. Vous ne trouvez pas ça étrange ? »

Eva Lind, la fille toxico du commissaire sera d’un grand secours pour ce qui concerne les milieux de la drogue à Reykjavik, et puis une phrase qui revient sans cesse va intriguer notre obsessionnel Erlendur. Et ça le mènera sur une piste inattendue, commençant ainsi par une pauvre gamine défoncée et morte. Avec un panorama de la pègre islandaise – milieux de la drogue, de la prostitution, de la corruption – et un regard sans concession sur ceux qui utilisent les failles des institutions et des lois pour faire de l’argent, Indridason livre là une enquête impeccable menée de main de maître par l’équipe d’Erlendur. On voit le commissaire et sa vie de famille ratée, on observe Sigurdur qui tombe amoureux, on va faire un tour dans les fjords de l’Ouest en train de se désertifier, et même, Erlendur avoir une aventure d’un soir avec une blonde plantureuse surnommée Gunna-ne-pense-qu’à-ça…! On a ici des passages dans lesquels Ernedur et Sigurdur débattent du monde et de l’Islande en particulier, échangent sur l’histoire, et les deux hommes n’ont pas vraiment la même vision des choses. Ainsi parle Sigurdur:

« Regarde-toi. Tu n’en as que pour les contes populaires, l’amour de l’Histoire de ton pays et des grands hommes disparus, Jon et Hannes Hafsteinn, mon Dieu, comme il était beau, et je ne sais quoi encore, comme disent les bonnes femmes. Et toi, tu t’accroches à ces trucs-là, tu passes ton temps à explorer le passé, à vivre dans un passé qui jamais ne reviendra et jamais ne changera.

Erlendur le regardait, abasourdi.

-Le pire, reprit Sigurdur Oli, c’est que ça te coupe les ailes. Ça contamine ta vie privée. Tu es coincé dans ton passé dont tu ne veux ni ne peux te détacher. Et c’est ça qui te prive de ton énergie. »

Un peu d’humour pince sans rire  – que j’aime beaucoup –  vient en contre-point à des passages glauques et sinistres. Quelques odieux personnages surgissent comme Herbert et Kalmann. 

« La cinquantaine, petit et maigre, le visage long et de grosses lèvres, Herbert était comme monté sur ressorts. Célibataire et sans enfant, il vivait seul dans sa grande maison. il avait la réputation d’être violent. plusieurs personnes avaient porté plainte contre lui pour agression, mais toutes s’étaient rétractées. Erlendur se souvenait qu’il avait été placé en détention provisoire vers 1980 dans le cadre d’une disparition qui n’avait jamais été élucidée. »

Puis on a une histoire d’amour et d’amitié entre Birta et Janus, deux jeunes des fjords de l’Ouest échoués dans la ville de Reykjavik et qui y laisseront leur jeunesse et leur vie, ou encore Dora. Des personnages touchants et un constat sur nos sociétés, pas très reluisant et vraiment triste.

« -Toi, tu t’es occupée de moi.

-Tu me ressemblais. Personne ne t’aimait.

-Mais je n’ai pas sombré dans la drogue. Je ne me suis pas prostitué.

-Ce n’est pas comme ça que ça commence. Je crois que personne n’a envie d’être dépendant. Je ne sais pas exactement comment ça se produit. Peu à peu, on arrête d’y penser. On disparaît dans une sorte de brouillard jusqu’au moment où on sursaute parce qu’on ne trouve plus la veine où planter l’aiguille. Qu’est-ce qui est arrivé ? Combien d’années ont passé ? J’ai fait quoi tout ce temps ? On y pense et on oublie aussitôt.

-Puis on attrape le sida.

-Puis on meurt. »

Il m’a plu de retrouver le ton des premières enquêtes d’Erlendur, une plume plus vive que dans les livres des dernières années, et une grande compassion pour ses jeunes personnages paumés. Bref, une lecture très agréable, en continu car l’histoire est prenante, j’ai beaucoup aimé . 

 

« Le Quaker » – Liam McIlvanney – Métailié Noir, traduit par David Fauquemberg

« Prologue

Cet hiver-là, la photo d’un jeune homme blond au sourire narquois envahit tous les arrêts de bus et les vitrines de marchands de journaux de la ville. Ce même visage était punaisé aux panneaux de liège des salles d’attente des médecins, ou exposé sous verre dans les bibliothèques municipales. Chacun avait sa petite idée sur le propriétaire de ce visage. Les rumeurs bruissaient dans l’air comme de l’électricité statique. Le Quaker travaillait comme magasinier à la boulangerie Bisland’s. Il était installateur pour la compagnie de gaz écossaise, soudeur au chantier naval Fairfield’s. Le Quaker bossait comme serveur au vieux pub du Bay Horse. »

Très contente de retrouver les éditions Métailié avec ce très bon roman policier écossais. Roman policier, mais aussi un regard sur le Glasgow des années 60/70 plein de réalisme, avec une ambiance vraiment réussie. L’intrigue est inspirée d’un fait divers, et l’enquête va jusqu’à un aboutissement qui au final n’en est pas totalement un – et ça, j’aime bien -.

« Une deuxième grosse tempête frappa la ville le 25 janvier, ce jour où l’on célèbre le poète Robert Burns. C’est le lendemain de la tempête, au petit matin, que l’on retrouva Numéro Trois gisant dans  une arrière-cour de Scotstoun, le corps massacré, tel un objet saccagé par le vent. Le sourire involontaire de Marion Mercer alla rejoindre ceux de Jacquilyn Keevins et Ann Ogilvie sur les unes à scandale du Record, du Tribune et du Daily Express. »

Trois femmes ont été assassinées, violées et mutilées selon ce qui ressemble au rituel d’un serial killer. Mais les enquêteurs de la Quaker Squad, cellule dédiée à cette affaire, pataugent, malgré des mois et des mois de travail. Alors bien sûr, il n’est pas possible de s’en tenir à un échec, même si les meurtres ont semble-t-il pris fin, même si la population a semble-t-il tourné la page de la peur, malgré tout ça, la hiérarchie envoie Duncan McCormack pour faire un audit et tenter de relancer de nouvelles pistes, de nouvelles façons d’aborder les faits ou  – et de préférence – de boucler le dossier sans trop de bruit même sans résultat.

« -Bref. Vous prévoyez quoi pour la suite ?

McCormack jeta son mégot par la fenêtre ouverte.

-Je prévois de garder les yeux grand ouverts. Je prévois de passer en revue tous les éléments dont nous disposons. D’écrire un rapport honnête.

-Je vois. De nous retirer l’affaire, vous voulez dire. D’abréger nos souffrances.

-La décision ne m’appartient pas, inspecteur.

-Regardez-nous dans les yeux quand vous nous baiserez, hein ? On mérite au moins ça. »

Parmi les points forts de ce roman, les relations complexes qui vont prendre forme au sein de la Quaker Squad; McCormack regardé avec suspicion et en face de lui, l’esprit de corps peu enclin à intégrer un enquêteur externe, jugé par l’équipe comme un simple moyen de mettre le doigt sur leur incapacité à résoudre le dossier. Donc, une forte animosité dans l’équipe, et une belle étude sans concession d’un corps professionnel et de sa hiérarchie ( les chefs Flett, Levein, Cochrane ne sont pas très attachants, au minimum…). Sauf que McCormack, l’enfant de Ballachullish, n’a pas été élevé comme ça, ne voit pas les choses comme ça et n’entend pas se laisser pervertir, quoi qu’il lui en coûte.L’auteur m’a enchantée par son ton assez amer sans être cynique et son regard sur ce que devient Glasgow.  Et sur ce que lui devient.

« Chez lui, ce soir-là, McCormack contemplait les longs cous des grues de l’autre côté de la ville, dans l’éclat bleuissant du soir. La fenêtre de son séjour lui renvoyait son fantôme, l’image d’un homme qui aurait pu être quelqu’un d’autre. L’inspecteur principal Duncan McCormack, patron de la brigade volante. Il se représenta la chose. « 

Le nouvel arrivé va reprendre tout le dossier et saura résister et trouvera même en Goldie un allié inattendu, au vu des difficultés entre eux au début. En marge de cette enquête, la police va devoir retrouver un gang qui s’empare d’un trésor de bijoux dans une salle des ventes en moins d’une heure. La tête pensante est un nommé Paton, un free lance venu de Londres mais né à Glasgow, fameux perceur de coffres-forts.

« Il découpa en dés sa pièce de jambon et regarda les joyaux défiler. Il s’agissait du butin d’un cambriolage perpétré dans une maison de vente aux enchères. Les voleurs étaient entrés par effraction dans les locaux de la société Glendinnings, sur Bath Street, ce mardi matin à l’aube. Si vous reconnaissez l’un de ces bijoux, merci de contacter le numéro inscrit au bas de votre écran. »

Des liens vont surgir, hasardeux et incompréhensibles le plus souvent, entre les deux affaires, laissant perplexe McCormack  qui va avancer ainsi de retournements de situation en hésitations, de sermons du chef en petits pas en avant qui l’incitent à continuer. Un des fils tirés au cours de l’enquête est lié à une chanson populaire, » Mary Hamilton »:

Grâce à la ténacité de cet inspecteur viendra le dénouement. McIlvanney, avec une plume assurée, raconte cette longue et difficile enquête sans un temps mort, dans un Glasgow qui mute et dont les chantiers mettent à jour le sordide, dans une ville tenue par la mafia locale. Les passages dans lesquels les victimes racontent leur mort sont vraiment bons, mettant à point nommé les derniers instants de ces femmes comme une ponctuation, et une sorte d’appel ou de rappel :  » N’oubliez pas qu’elles étaient des personnes vivantes parmi nous, écoutez leur dernier souffle, leur dernière pensée. »

« Ann Ogilvie – […] Je suis restée allongée là tout le jour d’après, toute la nuit suivante, à cent mètres de mes enfants, de ma sœur Deirdre. C’est Deirdre qui a fini par me trouver.

J’ai entendu ses talons sur le bois brut du plancher, ses pas qui s’approchaient par à-coups, comme si elle n’arrivait pas à se décider, tac…tac-tac-tac…tac tac. Puis son souffle coupé quand elle a vu mes jambes, la manière dont elle a franchi les derniers mètres sur la pointe des pieds, et son visage terrifié penché sur mes yeux morts comme si elle regardait au fond d’un puits. 

Trente-six heures auparavant, je me préparais pour sortir. »

L’auteur donne tour à tour « la parole aux victimes et aux enquêteurs », mais surtout, avec un grand sens du portrait, nous fait aimer quelques personnages de façon inattendue. Si bien sûr McCormack avec ses zones sensées être des zones d’ombre à cette époque, m’a été tout de suite très sympathique, c’est je crois Alex Paton, le perceur de coffre que j’ai préféré, parce qu’il est intelligent, parce que peu à peu son histoire nous est dévoilée, parce que je le trouve très doué dans son job…Bref, j’aime bien ce brigand-là…Un extrait qui dit d’où vient Paton

« Il avait passé pas mal de temps au Trou.

Le Trou, c’était la cellule disciplinaire. En bas d’un escalier étroit, dans un sous-sol aveugle, humide et noir. Le secret de Paton, c’est que le Trou ne lui avait jamais fait grand-chose. L’obscurité avait quelque chose de bienveillant. Elle pouvait vous envelopper, vous absorber, jusqu’à ce que vous fassiez partie d’elle. Ce qui inquiétait les autres jeunes – l’absence de fenêtres, les ténèbres épaisses – ne le dérangeait pas. À travers la fenêtre noire du Trou, on pouvait s’échapper vers un riche néant obscur. on pouvait disparaître. »

Ajouter à ces personnages les décors, logements, bars, pubs, ruelles sombres, cimetière, lieux de crimes, immeubles en démolition où subsistent des résidus de pauvres vies, petit jour ou ciel changeant, un peu de l’air vif des Highlands quand Paton part faire du camping ( …! ) , ajouter encore les effluves de bière et de whisky et le regard inquiet de Duncan McCormack, et vous avez ce très bon livre dans lequel les réponses ne viennent qu’à la toute fin et, même si on est suspicieux tout au long des pages, la fin est une apothéose de révélations, une fin qui, comme je le dis au début de ma parlotte, n’en est pas totalement une. Une suite peut-être avec ce Duncan McCormack attachant ? Je ne dirais pas non !

McCormack et Goldie vont manger, boire et réfléchir au Blue Bird Café, et entendent Donovan

Excellent moment de lecture, un bon vrai polar, plus violent dans ce que sont les personnages que dans les actes, et Glasgow versant sombre.

« Ce que savait la nuit » – Arnaldur Indridason – Métailié Noir/ Bibliothèque nordique, traduit par Eric Boury

« Le temps était radieux. Assise depuis un moment avec le reste du groupe pour se reposer après leur longue marche, elle avait sorti un casse-croûte de son sac à dos et admirait la vue sur le glacier. Son regard s’arrêta tout à coup sur le visage qui affleurait à la surface.

Comprenant avec un temps de retard la nature exacte de ce qu’elle avait sous les yeux, elle se leva d’un bond avec un hurlement qui troubla la quiétude des lieux.

Assis en petits groupes sur la glace, les touristes allemands sursautèrent. Ils ne voyaient pas ce qui avait pu bouleverser à ce point leur guide islandaise, cette femme mûre qui gardait son calme en toutes circonstances. »

Je suis une inconditionnelle du grand Arnaldur Indridason, vous le savez. Là je  dirais que ce roman est un peu paresseux du côté intrigue en fait. Mais pas sur le reste, sur l’écriture et l’intelligence rien à redire. Certains passages sont de la dentelle, des portraits courts mais nets, parfois touchants, comme celui de Herdis

« Timide et hésitante, elle était incapable de formuler la raison de sa visite. Konrad s’attendait à ce qu’elle lui tende un journal ou un ticket de loterie. Il pensait la chasser, mais elle semblait si malheureuse et désemparée qu’il n’osa pas le faire. Pauvrement vêtue, elle portait un jean usé, une veste en skaï et un pull-over violet. Un ruban noir ceignait son épaisse chevelure blonde.Elle était encore jolie et svelte même si l’âge et les épreuves de la vie avaient marqué son visage, pincé ses lèvres et creusé de profondes poches sous ses yeux. »

 impitoyables comme celui d’Olga

« Olga était aussi peu avenante que d’habitude. Elle travaillait aux archives de la police, atteindrait bientôt l’âge de la retraite et n’était pas à prendre avec des pincettes. Elle était affectée depuis longtemps à ce service et, derrière son comptoir, ressemblait elle-même un peu à un gros classeur: petite, les jambes courtes et solides, carrée, le corps imposant. »

et du météorologue

« Konrad fut amusé d’apprendre que le météorologue avec lequel il avait rendez-vous plus tard dans la journée se prénommait Frosti, c’est-à-dire « Gel » voire « Glaciation ». Son amusement fut toutefois de courte durée quand il découvrit un jeune coq arrogant, un snobinard particulièrement antipathique. »

 (le dialogue qui suit est très drôle ) des mots choisis parce qu’Indridason est un grand écrivain. 

 

Comme vous le lisez dans les premières phrases du roman, les premiers mots sont alléchants avec ce corps pris dans une gangue de glace et qui surgit un jour aux yeux de randonneurs.

« Le visage de l’homme apparut au groupe, comme une pièce de porcelaine d’un blanc translucide soigneusement dessinée et si fragile qu’elle pouvait se briser au moindre choc. Il était impossible de dire depuis combien de temps cet homme se trouvait dans la glace qui l’avait conservé intact en le protégeant du processus de décomposition. Il semblait avoir la trentaine. Le visage large, il avait une grande bouche, de belles dents robustes, un nez droit, des yeux renfoncés et une épaisse chevelure blonde. »

Beau départ, vraiment, car l’homme de glace avait été recherché par Konrad lors de sa disparition, sans résultat et laissant le policier frustré. Mais ensuite je n’ai plus été aussi convaincue. L’enquête va et vient avec des témoins qui apparaissent, faisant changer son cours à plusieurs reprises, c’est un peu tortueux pour peu de suspense finalement . Je crois qu’ici l’enquête est plutôt un prétexte à poser des bases pour la suite de cette série.

En fait, personnellement j’attendais le retour de Flovent et Thorson, l’un ou l’autre ou les deux. Parce que ces personnages avaient du potentiel romanesque, parce qu’ils m’avaient plu. Konrad, veuf, est néanmoins sympathique, on l’a rencontré aussi avec son père escroc médium dans la Trilogie des ombres ( on retrouve ici des personnages de cette trilogie donc ). Il est bon père et bon grand-père, il a de grandes qualités humaines.

« Les enfants avaient entendu leurs parents parler de la découverte du corps.

-Grand-père, demanda l’un deux en posant sa tête sur l’oreiller, c’est vrai que tu connaissais l’homme qu’on a retrouvé sur le glacier?

-Non, répondit Konrad.

-C’est pourtant ce que papa nous a dit, insista l’autre, les yeux encore rougis par les tueries de son jeu vidéo.

-Je ne le connaissais pas personnellement, mais je sais qui c’est.

-Papa nous a dit que tu l’as cherché pendant des années quand tu étais policier.

-C’est vrai.

-Mais tu ne l’as jamais trouvé.

-Non.

-Pourquoi?

-Parce que son assassin l’avait caché sur ce glacier. Au fait, le film que vous m’avez emmené voir est un vrai navet.

-Non, il était génial, protestèrent les jumeaux. Trop génial!

-Vous êtes deux petits crétins, répondit Konrad en leur souriant avant de refermer la porte de leur chambre. »

Au fil des pages, toujours grand, Indridason affine Konrad psychologiquement, humainement et physiquement, il nous parle de sa malformation d’un bras, il avance quelques détails pour « épaissir » l’homme. C’est surtout quand on entre dans la vie privée de Konrad et dans son amour perdu que le roman prend de la hauteur et de la profondeur, avec de très beaux passages sur sa vie de veuf, toujours épris de sa femme Erna, disparue à la suite d’un cancer. 

« Konrad regarda longuement sa photo de mariage. Il se souvenait du baiser sur le parvis de l’église. Il se rappelait chacun de leurs baisers. Il alla chercher dans le placard une autre bouteille de vin rouge. Un shiraz importé d’Australie et baptisé The dead Arm, c’est à dire Le bras mort. »

Des pages bouleversantes sur cet amour et la douleur de la disparition, comme lors de l’éclipse de lune que le couple va admirer, Erna sous morphine (ce qui me fait dire et penser que ce livre aurait été aussi bon et peut-être pour moi meilleur sans l’enquête, en ne parlant que de Konrad. Ce n’est que mon avis, bien sûr.) 

« Quand ils avaient quitté la maison, Erna lui avait dit qu’il n’y avait pas eu d’éclipse lunaire durant le solstice d’hiver depuis le XVIIème siècle et que la prochaine ne se produirait pas avant cent ans. Elle était heureuse de pouvoir passer avec lui ce moment qui était en même temps une journée et l’éternité.

Konrad avait quitté le parking. Erna dormait profondément sous l’effet de la morphine. Il avait roulé tranquillement. Quand il s’était garé devant leur maison d’Arbaer, il avait voulu l’emmener à l’intérieur: elle était morte. Il était resté un long moment assis dans la voiture avant de détacher le ceinture de sa femme puis l’avait portée dans la maison, l’avait allongée et lui avait dit ce dont il avait oublié de lui parler dans la voiture. La Lune était décrite ainsi dans un poème : elle était la boucle de la nuit. L’antique amie des amants.

C’était le jour le plus court de l’année, mais Konrad n’en avait jamais connu d’aussi long.

Il ne durait que quatre heures et douze minutes.

Pourtant il était l’éternité. »

Donc ça reste quand même très bon grâce à l’écriture et à la finesse de l’auteur sur les personnages mais globalement pour moi l’enquête dilue la force des passages comme celui-ci. Mais je pardonne tout à Indridason, une œuvre ne peut être égale sur toute la ligne, je continuerai, fidèle, à lire mon auteur de polar islandais préféré.

Derniers mots:

« Le calme l’envahit dès que ses pensées se fixèrent sur Erna. Comme souvent lorsqu’il allait mal et qu’elle lui manquait terriblement, les notes mélodieuses et apaisantes du Printemps de Vaglaskogur vinrent lui emplir l’esprit. Il sombra dans un sommeil sans rêves en pensant au sable soyeux de la baie de Nautholsvik, à des enfants jouant sur la plage et au parfum capiteux d’un baiser à l’odeur de fleurs. »