Montréal sous mes yeux

J’ai trouvé hier un commentaire du blog  « La France noire ».

Une demande pour un petit « racontage » de ma visite au Québec, à Montréal en particulier. Comme je n’ai pas terminé ma lecture du moment et à venir ici ( « Une douce lueur de malveillance » de Dan Chaon chez Albin Michel ), captivante et exigeante, je me permets donc une petite entorse à ma ligne qui ne voulait plus dévier de la littérature. En même temps sur ces pages…je fais ce que je veux !!!

Et puis est-ce dévier que parler d’une ville comme Montréal qui compte 45 bibliothèques ?

Et un nouvel horizon avec la littérature québécoise que je connais peu.

Mais ici et maintenant, je vous livre mes impressions sur cette ville qui de fait devient un peu partie de ma géographie puisque ma fille et son mari y construisent leur vie et que bien évidemment j’irai souvent m’y promener. Et avec quel plaisir !

J’ai adoré cette ville. C’est une cité atypique, anachronique, qui hésite dans son architecture entre hier – qui n’est pas si lointain que ça – et aujourd’hui. Je pourrais en parler longuement, mais je préfère vous livrer des bribes illustrées sur cette douceur, cette tranquillité, cette fantaisie surtout croisée un peu partout où nous nous sommes promenés.

Dans les boutiques : « Allô ! Tu vas bien ? » au lieu de notre « Bonjour Madame « , des jeunes gens tatoués, piercés partout, ou pas, mais on voit que l’aspect de la personne ne freine pas un emploi. Comme on voit bien dans les rues que tout est permis, personne ne se retourne sur autrui quel que soit son aspect. Et côté boutiques il y en a pour tous, on voit à Montréal ce qu’on cache chez nous, cinémas, salles de « spectacles » et fringues pour drag queens ou jeux sexuels, mais plus classiquement  les dépanneurs, les chouettes boutiques pour les amateurs de disques vinyles, de bière, de matériel de hockey, de fringues pour toutous, le superbe marché Jean Talon, des librairies épatantes…Quelques unes:

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Ensuite, j’ai adoré Montréal pour ses espaces verts, partout, nombreux; parcs, mais pas que, rues – très larges, cette ville a les moyens de s’étaler largement à l’horizontale – bordées de grands arbres, bordées de jardinets fleuris, ou en herbes folles, mais du vert.

Du haut du Mont Royal, on voit très bien ces masses vertes partout. Entre les grandes avenues, des ruelles qui vivent leur vie dans un gros fouillis végétal, sans apprêt mais c’est beau, c’est vivant, et c’est tranquille. Car à Montréal, les règles de circulation de chacun sont respectées, comme le fait que vous pouvez marcher la tête en l’air, pas de déjections canines qui vous collent aux semelles ( pas de chewing gum ou de mégots non plus ). Vues des quartiers traversés à pied:

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Enfin je termine avec les murs peints de Montréal; il y en a partout, d’origines diverses comme des associations, des écoles, des artistes officiels ou pas. Montréal est une ville finalement excentrique sans être tapageuse, colorée et pleine de vie . Je suis consciente que je n’en ai vu qu’un tout petit bout, même en marchant la journée entière. Je veux suivre jusqu’au bout le canal Lachine, voir la biosphère ( elle était fermée ) et les musées. Par contre, j’ai visité la BANQ qui est la Bibliothèque et Archives Nationales du Québec…ça m’a laissée sans voix, immense, riche en activités et surtout pleine de monde, c’était un dimanche. Et puis juste flâner encore…

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Cosmopolite et multicolore, j’aime Montréal.

Cinq photos, cinq histoires de Marie Dhollande, la dernière.

RÉVERBÈRE

07 18

« Je vis en un pays où il ne fait jamais nuit.

Quand les nuits trop lourdes s’abattent sur la ville, et quand la canicule étouffe la cité,
quand l’air raréfié stagne pesamment sur la moiteur des corps,
et qu’enfin le silence se fait,

la lumière impitoyable illumine les longues nuits sans sommeil … »

Marie, je te remercie pour cette très belle participation, car non seulement tu as l’œil, mais tu as la plume. J’espère que la présentation de ton travail ici emmènera quelques personnes sensibles vers tes photos, et qu’on continuera ainsi de temps en temps, à être de connivence.

J’en profite aussi pour vous dire d’aller voir et lire la participation de Bernhard, drôle, riche et poétique.

Ce que l’amitié peut faire, tout de même !

« Cinq photos, cinq histoires » par Marie Dhollande

Marie est une compagne de blog de longue date, mais discrète, très discrète…Néanmoins nous communiquons ponctuellement hors champ et de temps à autre, elle affiche ici un commentaire. J’aime ce qu’elle fait, depuis le début. Elle a participé déjà une fois, par amitié, à un challenge ( Ma bibliothèque ) et j’avais déjà fait la passeuse avec un très beau texte d’elle. Ce rôle de passeuse me plaît, alors comme je l’avais invitée à participer une fois encore, comme je sais son talent pour la photo et que ça me semblait tout approprié, de retour d’Auvergne je trouve dans ma boîte aux lettres toute sa participation. Je publierais celle-ci en trois articles, et voici donc la Scène 1:

La Maison Vieille

la maison vieille

« Quand j’étais enfant, j’observais mon père lorsqu’il sortait avec précaution son « Kodak » de son petit sac de cuir rigide. Je le voyais visser l’objectif, puis disparaître à moitié derrière l’appareil, et, l’œil rivé dans le viseur, ajuster savamment ses réglages.
Je n’apercevais plus de lui que le contour du visage, un œil résolument fermé et une bouche qui se tordait légèrement sous la concentration …. Un rituel un peu mystérieux, transcendé par l’interdit absolu qui m’était fait de toucher à l’objet (qui devint donc, c’est logique, celui de toutes mes convoitises !)

Quand j’ai eu une dizaine d’années, j’eus le droit –enfin !- d’apposer moi aussi mon œil dans la fenêtre magique du viseur. Et là : surprise ! Le monde entier disparut. Ne restait plus de l’univers que cette petite ouverture que JE choisissais : l’appareil photo me coupait des réalités autres, celles que –déjà enfant- je ne voulais pas voir …
A mon oreille, la voix paternelle prodiguait moults conseils : la perception de la lumière, l’orientation du soleil, le choix de la prise de vue. Car il ne fallait pas « gâcher » ! Il fallait prendre « utile » : des personnes, des lieux « intéressants ». La photo n’était pas qu’une technique et encore moins un art, elle se devait d’être une efficace machine à souvenirs.

A mes 14 ans, je reçus mon premier appareil photo.
Bon, il n’était pas comme celui de mon père : là, pas d’objectifs, pas de réglages à dompter … Juste un bouton pour déclencher, et une molette pour faire avancer la pellicule. Le tout fourni avec 2 pellicules 36 diapos 200 ASA, et le mot d’ordre : « entraîne-toi » …

C’est donc sur la 1ère pellicule de mon 1er appareil photo que j’ai pris ce cliché :

On l’appelait « la maison vieille ».
Pourquoi pas « la vieille maison » ? C’était une telle évidence de la nommer ainsi que personne, je crois, n’a jamais interrogé cette anomalie grammaticale ! ….
En torchis, elle fût la toute première maison de mes grands-parents, du temps où ils étaient jeunes métayers : d’un côté l’habitation, de l’autre l’étable.
A l’arrière, le « Ruisseau », et la planche-lavoir de ma grand-mère.
Et devant, le banc en bois sur lequel mon grand-père revint s’asseoir chaque soir, bien après que leur fût construit une petite maison en pierre, en haut de la pente.

Quand j’ai pris cette photo, elle servait de refuge pour les poules, et pour quelques outils.
Sans que rien ne laisse présager une fin aussi imminente, elle s’est écroulée peu après. Lentement, elle s’est tordue, elle s’est recroquevillée, fatiguée. Ses montants en bois se sont couchés, et le torchis est retourné se mélanger la terre.

Pour que mon «histoire » soit complète, je dois quand même ajouter que lorsque je passai à l’examen de passage que mon père fit subir à mes premières photos, celle-ci fût accueillie d’une moue un peu dubitative (mais déjà plus enthousiaste que celle du bouton d’or –que j’ai encore !!-). « C’est bien », m’avait-il dit, « mais ce n’est pas très intéressant ».
40 ans plus tard, elle a fait partie des 5 photos choisies par Télérama pour son concours « photos d’enfance ».
C’était la 1ère fois que je participais à un concours. »

Et la scène 2 : 

Banlieue

 

 

banlieue« Des visages somnolent, les yeux mi-clos tournés vers les lueurs fugaces de la banlieue qui défile, irradiant par éclairs blancs ces peaux teintées de rêve et ternies de fatigue qui puisent leurs racines dans la lumière dorée de l’Afrique, l’espace ouvert des déserts, ou les rues éclatantes des casbahs.

Ils sont venus là, dans leur humanité morcelée, se fondre aux ombres crues de l’éclairage au néon, dans l’espace confiné de ce wagon balloté de tangages, cerné de grincements : improbable mixage de cultures et d’histoires où le noir prédomine.

Et peu à peu avance, et peu à peu s’éclaircit la dominante brune ; prenant d’assaut les clichés et les dernières places, voilà Versailles qui s’engouffre, en costume cravaté, en tailleurs sages et chiffons ramassés, en manteaux bien coupés et brushings au carré.

Et toujours avance.
Avance, et puis s’arrête. De plus en plus souvent.
Repart et puis avance.
Et toujours s’engouffre la marée indistincte des banlieusards prospères. C’est Paris en approche, et l’Afrique se noie ; des rêves se secouent cependant qu’au dehors un filet de jour pluvieux commence à peine à poindre.

La capitale, bientôt, les ingurgitera tous. Indifférente et vorace, elle en digèrera l’énergie sans distinction de classes. Repue, les vomira ce soir … par ordre de couleur, des peaux les plus blanches aux teintes les plus sombres.

Et demain recommencer. »

( Ecrit dans un train de banlieue parisienne,
Il faisait froid ce jour-là.)

La belle Ardèche au printemps

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C’est là que nous prendrons notre retraite !

Et voici cette jolie semaine de vacances terminée. Marche tous les jours, dans cette région aux paysages beaux et variés, et pour moi, première fois en Mai : des milliers de fleurs sous le soleil, toujours des lieux aux pratiques alternatives, écologiques, et drôles. Plein les yeux…Sans oublier de bonnes choses à manger et à boire, et un accueil charmant. Le hameau où nous logions était voisin de celui où vit Pierre Rabhi, ainsi que du Hameau des Buis ( La Ferme des Enfants ) créé par sa fille. Promenade en bord d’Ardèche et visite du hameau du Vieil Audon . Je ne vous en dis pas plus, mais je partage avec vous tous mon album photos, pour vous donner envie d’aller vous aussi, marcher sur ces sentiers parfumés de thym et de chèvrefeuille. Je n’ai pas réussi à identifier certaines fleurs, d’autres, je ne suis pas sûre, mais en tous cas, tout ça était superbe. Vus aussi de gros lézards verts et des milans. https://plus.google.com/photos/107570240332693190319/albums/6152091220257603953/6152091252530298002?pid=6152091252530298002&oid=107570240332693190319

Quant à la lecture, je prépare un article qui sera court je pense, sur un très joli roman, mais difficile, dont il est ardu de parler, alors je prends mon temps. Parce que je suis encore un peu la tête au soleil des garrigues ardéchoises, et les pieds sur ses sentiers...

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Quelques photos…

J’ ai peu d’images, dans ces moments, je ne pense pas trop à prendre des photos, et mon appareil n’est pas terrible, mais bon, je partage celles-ci avec vous.

Et allez voir celles de mon collègue Gruznamur, qui y a passé les 3 jours le veinard et n’a pas vu les mêmes personnes que moi, ses photos sont très réussies.

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