« Canada » de Richard Ford – éditions de l’Olivier, traduit par Josée Kamoun

canada livreCe n’est pas facile de parler de ce livre-là…Dans un article précédent, je l’avais mis dans les romans que je lirai peut-être, tout en étant un peu suspicieuse à cause des nuées d’éloges de la critique, dont je me méfie souvent. Et bien, en l’ occurrence j’avais tort.

Toutefois, il m’a fallu passer exactement les 173 premières pages ( ce qui n’est pas rien, convenez-en, et dénote de la ténacité ! ) pour enfin être emportée par cette histoire si triste et saisie par l’écriture très vivante de Ford. La première partie se déroule au rythme lent du quotidien dans la petite ville de Great Falls, dans le Montana. Cependant se prépare ce qui engendrera la perte de cette famille dont les quatre membres semblent si mal assortis : le père et la mère que tout parait opposer et les enfants, jumeaux mais complètement différents. Il en ressort une atmosphère pesante, silencieuse et tendue.

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C’est donc l’histoire du difficile passage à l’âge adulte d’un jeune garçon de 15 ans et de sa coriace jumelle. Dell, le garçon, raconte la chute de sa famille, comment il va arriver à rester debout, et construire sa vie. A cause de leurs parents, les deux adolescents vont se retrouver livrés à eux-même, et c’est Dell que nous allons suivre jusqu’au Canada, où il  vivra à l’abri des autorités américaines de protection de l’Enfance  – c’est à dire aux foyers d’accueil. Il échoue dans une petite ville du Saskatchewan, confié à des hommes bizarres et brutaux, dans  des conditions matérielles difficiles et surtout sans aller à l’école, ce qui le chagrine plus que tout.

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Ses journées s’écoulent entre la préparation de la chasse à l’oie pour les touristes – surnommés les Fusils –  et le ménage dans un hôtel de passe. Il va vivre là les yeux ouverts et la tête pleine de questions, il se forgera une vision des hommes et du monde en acceptant lucidement les évènements qui ont fait éclater sa famille. Ce livre parle de solitude, parfois c’est très prenant et triste, on écoute Dell et on voudrait lui tenir compagnie. L’écriture est d’une grande force, la construction, magistrale. Et j’ai failli le laisser ! En fait, on comprend très bien, au basculement de la seconde partie, pourquoi ce début lancinant, pesant… alors surtout plongez ! 

Je note aussi l’excellente traduction de Josée Kamoun, traductrice de John Irving également.

Un ami m’a offert ce roman, il savait que ça me plairait, et je ne comprenais pas cet ennui à la lecture de la première partie, et c’est parce que c’est lui qui me l’a donné que j’ai continué. Merci de ce beau cadeau, l’ami !

Et pour vous, les dernières phrases du livre, la clé de Dell pour vivre :

« Ce que je sais, c’est qu’on a plus de chances dans la vie, plus de chances de survivre, quand on tolère bien la perte et le deuil et qu’on réussit à ne pas devenir cynique pour autant; quand on parvient à hiérarchiser[…], à garder la juste mesure des choses, à assembler des éléments disparates pour les intégrer à un tout où le bien ait sa place, même si, avouons-le, le bien ne se laisse pas trouver facilement. On essaie, comme disait ma soeur. On essaie, tous tant que nous sommes. On essaie. »

 

Ma rentrée 2013 : ce que j’aimerais lire

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Dans la pléthore, habituelle maintenant, de sorties de la rentrée, voici ce que j’ai envie de lire. Eh oui ! Encore beaucoup de littérature étrangère…

Des femmes que j’aime, d’abord :

« Dans le silence du vent » de Louise Erdrich – Albin Michel.

Je suis inconditionnelle et même si  je l’ai déjà dit !,  « Dernier rapport sur les miracles à Little No Horse » est pour moi un TRES grand roman.

« Danse noire » de Nancy Huston – Actes Sud, parce que quelles que soient les polémiques que cette femme étrange soulève parfois, elle est une très grande écrivaine.

« La grâce des brigands » de Véronique Ovaldé – l’Olivier. Alors elle, c’est une des rares – je veux dire en France – qui arrive à me surprendre, une des seules qui sait raconter les histoires comme moi je les aime, mais bon : ça c’est personnel! Quand j’ai lu  « Déloger l’animal », ce fut une vraie surprise et beaucoup de plaisir; et « Ce que je sais de Vera Candida », un petit bijou à la mode sud-américaine.

Ceux que je ne veux pas manquer :

7764397767_transatlantic-de-l-ecrivain-irlandais-colum-mccann-est-sorti-le-22-aout« Transatlantic » de Colum McCann – Belfond, parce que c’est la promesse d’une très belle lecture, et d’un beau voyage, roman sur les liens entre l’Amérique et l’Irlande, sur les femmes qui ont fait avancer l’Histoire.

« Le livre du roi » d’Arnaldur Indridason – Métaillié…Que nous réserve là le grand Arnaldur ? A ce que j’en sais, l’histoire est un suspense haletant sans être un polar au sens strict , mettant en scène un vieil universitaire qui s’est fait virer et un jeune chercheur, lancés dans la quête d’un manuscrit volé par les nazis durant la seconde guerre mondiale. Un Indiana Jones à l’islandaise ? Moi, ça me tente !

« Canada » de Richard Ford – l’Olivier, qui semble être le chouchou des critiques ( mais bon, du coup… vous voyez ce que je veux dire )

« Je ne retrouve personne » d’Arnaud Cathrine – collection Verticales de Gallimard.

Même si cet auteur est assez froid quand on l’écoute parler, j’ai beaucoup aimé les deux romans que j’ai lus de lui. Après tout, on a le droit de ne pas aimer parler ou de ne pas être à l’aise avec les interviews…J’ai trouvé ses livres très sensibles et justes ( « Les vies de Luka » et « La disparition de Richard Taylor ».)

« Esprit d’hiver » de Laura Kasischke – Christian Bourgois

Envie de le lire à cause de ça:

http://lecoindelalimule.blogspot.fr/2013/09/esprit-dhiver-laura-kasischke-editions.html

« Mauvaise étoile » de R.J.Ellory… Vous savez, celui qui se donnait à lui-même des avis extraordinaires sur les sites de vente de livres ! J’avais posté un article quand il avait été démasqué, le vilain !!! Tenez, vous pouvez relire ça :

http://www.metronews.fr/culture/le-romancier-rj-ellory-epingle-pour-s-etre-encense-sur-amazon/mlif!CeGLeXu9RS3E/« 

Mais j’ai adoré ses livres, et celui-ci a l’air bien « hard », comme je les aime; ça fait du bien, ça défoule tout en restant dans son fauteuil, non ?

Et puis pour découvrir ceux que je ne connais pas, comme:

« Faillir être flingué » de Céline Minard – Rivages

« Confiteor » de Jaume Cabré – Actes Sud

« Animaux solitaires » de Bruce Hobert –  Noire – Gallmeister

Le  premier roman d’un homme de 53 ans.

holbert-animaux-solitairesEt ce qu’en dit le Monde des Livres:

« En cette saison décidément riche en western, on tient une certitude : « Animaux solitaires »  est un grand livre et Russel Strawl, son héros, mobile et immuable, un mythe dont on se souviendra. […] Pourquoi Animaux solitaires est un grand livre? Parce qu’il tisse fil à fil, d’une rencontre à l’autre, la chronique d’un naufrage collectif.[…] Bruce Holbert vide de tout héroïsme l’évangile de l’Ouest américain et le réduit en fagots. Ses dialogues où le fatalisme se marie au sarcasme crépitent comme du petit-bois. »

 Macha Séry, LE MONDE DES LIVRES

Ben moi, ça me donne envie…et puis c’est mon éditeur préféré depuis quelques temps, et qu’on a presque toujours de la très belle ouvrage, chez Gallmeister, alors…

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