« Transatlantic » de Colum McCann – Belfond, traduit par Jean-Luc Piningre

CVT_Transatlantic_2958Que me voici donc bien ennuyée ! Je viens de terminer ce roman à regret …et pourtant,180 premières pages de déception, je ne sais pas si c’est le mot…d’ennui ? J’aime McCann, son précédent roman, « Et que le vaste monde poursuive sa course folle » m’avait transportée d’enthousiasme, comme celui qui me l’avait fait découvrir, « Les saisons de la nuit ». Des livres d’une architecture unique, constructions brillantes, écriture idem et sujets brûlants et intemporels à la fois…Bref, les critiques de « Transatlantic » annonçant LE livre le plus abouti,  le chef d’oeuvre de McCann, je me suis empressée de l’acheter et de le lire…

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Une fois de plus je pense que je ne dois pas être normale, parce qu’il a fallu que j’arrive à la page 193 ( seconde partie ) pour commencer à trouver intérêt aux personnages jusqu’alors distants et sans chair. Mais la bonne surprise est à la troisième et dernière partie ( page 308 ),  la rencontre avec Hannah et sa chienne Georgie, et rien que pour ça, ça vaut le coup de peiner sur le reste. Mais tout de même, une fois de plus je ne comprends pas la critique, ou alors je suis d’une bêtise crasse. La construction de ce roman est pour moi loin derrière celle des livres précédents; schématique, rigide, tenant les sujets à distance. Il faut, oui, ces deux dernières parties pour enfin retrouver l’empathie caractéristique de McCann avec ses personnages, et le portrait creusé d’Hannah est une merveille. Toute la sensibilité de l’auteur y est contenue, et ses thèmes de prédilection  ((l’Irlande, la guerre, les ponts entre les époques et les continents… ), apparus comme un rapide visionnage de diapositives dans la première partie, se matérialisent  au bout de près de 200 pages, à travers les personnages qui les incarnent, enfin.

Ceci dit, il n’y a rien à enlever au talent de l’auteur, simplement sa construction est ici, pour moi en tous cas, peut-être trop sophistiquée ? Trop abstraite ? Trop visible et présente ? Trop prépondérante au point que le style tue un peu le fond.  Un exercice d’écrivain qui repousserait ses limites…Ouais, peut-être, et je n’y suis pas sensible. Et ça gâche mon plaisir.

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Donc, vous l’avez compris, ce n’est pas pour moi le meilleur roman de Colum McCann, mais j’ai échappé à une déception terrible grâce à Hannah, tellement authentique et touchante, et du coup, qu’on quitte à grand regret.

On est même un peu fâché de la rencontrer si tard et de la quitter si tôt !

Pour le reste, le sujet, les époques, je vous indique juste que la photo est celle de  Alcock et Brown, aviateurs britanniques qui en 1919, effectuèrent la première traversée transatlantique ( Terre-Neuve – Connemara en Irlande, en 15h 57 minutes ) et c’est par leur histoire que débute le roman, pour le reste, lisez…ou non, mais je pense que la deuxième et la troisième partie surtout valent qu’on s’y mette.

Ma rentrée 2013 : ce que j’aimerais lire

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Dans la pléthore, habituelle maintenant, de sorties de la rentrée, voici ce que j’ai envie de lire. Eh oui ! Encore beaucoup de littérature étrangère…

Des femmes que j’aime, d’abord :

« Dans le silence du vent » de Louise Erdrich – Albin Michel.

Je suis inconditionnelle et même si  je l’ai déjà dit !,  « Dernier rapport sur les miracles à Little No Horse » est pour moi un TRES grand roman.

« Danse noire » de Nancy Huston – Actes Sud, parce que quelles que soient les polémiques que cette femme étrange soulève parfois, elle est une très grande écrivaine.

« La grâce des brigands » de Véronique Ovaldé – l’Olivier. Alors elle, c’est une des rares – je veux dire en France – qui arrive à me surprendre, une des seules qui sait raconter les histoires comme moi je les aime, mais bon : ça c’est personnel! Quand j’ai lu  « Déloger l’animal », ce fut une vraie surprise et beaucoup de plaisir; et « Ce que je sais de Vera Candida », un petit bijou à la mode sud-américaine.

Ceux que je ne veux pas manquer :

7764397767_transatlantic-de-l-ecrivain-irlandais-colum-mccann-est-sorti-le-22-aout« Transatlantic » de Colum McCann – Belfond, parce que c’est la promesse d’une très belle lecture, et d’un beau voyage, roman sur les liens entre l’Amérique et l’Irlande, sur les femmes qui ont fait avancer l’Histoire.

« Le livre du roi » d’Arnaldur Indridason – Métaillié…Que nous réserve là le grand Arnaldur ? A ce que j’en sais, l’histoire est un suspense haletant sans être un polar au sens strict , mettant en scène un vieil universitaire qui s’est fait virer et un jeune chercheur, lancés dans la quête d’un manuscrit volé par les nazis durant la seconde guerre mondiale. Un Indiana Jones à l’islandaise ? Moi, ça me tente !

« Canada » de Richard Ford – l’Olivier, qui semble être le chouchou des critiques ( mais bon, du coup… vous voyez ce que je veux dire )

« Je ne retrouve personne » d’Arnaud Cathrine – collection Verticales de Gallimard.

Même si cet auteur est assez froid quand on l’écoute parler, j’ai beaucoup aimé les deux romans que j’ai lus de lui. Après tout, on a le droit de ne pas aimer parler ou de ne pas être à l’aise avec les interviews…J’ai trouvé ses livres très sensibles et justes ( « Les vies de Luka » et « La disparition de Richard Taylor ».)

« Esprit d’hiver » de Laura Kasischke – Christian Bourgois

Envie de le lire à cause de ça:

http://lecoindelalimule.blogspot.fr/2013/09/esprit-dhiver-laura-kasischke-editions.html

« Mauvaise étoile » de R.J.Ellory… Vous savez, celui qui se donnait à lui-même des avis extraordinaires sur les sites de vente de livres ! J’avais posté un article quand il avait été démasqué, le vilain !!! Tenez, vous pouvez relire ça :

http://www.metronews.fr/culture/le-romancier-rj-ellory-epingle-pour-s-etre-encense-sur-amazon/mlif!CeGLeXu9RS3E/« 

Mais j’ai adoré ses livres, et celui-ci a l’air bien « hard », comme je les aime; ça fait du bien, ça défoule tout en restant dans son fauteuil, non ?

Et puis pour découvrir ceux que je ne connais pas, comme:

« Faillir être flingué » de Céline Minard – Rivages

« Confiteor » de Jaume Cabré – Actes Sud

« Animaux solitaires » de Bruce Hobert –  Noire – Gallmeister

Le  premier roman d’un homme de 53 ans.

holbert-animaux-solitairesEt ce qu’en dit le Monde des Livres:

« En cette saison décidément riche en western, on tient une certitude : « Animaux solitaires »  est un grand livre et Russel Strawl, son héros, mobile et immuable, un mythe dont on se souviendra. […] Pourquoi Animaux solitaires est un grand livre? Parce qu’il tisse fil à fil, d’une rencontre à l’autre, la chronique d’un naufrage collectif.[…] Bruce Holbert vide de tout héroïsme l’évangile de l’Ouest américain et le réduit en fagots. Ses dialogues où le fatalisme se marie au sarcasme crépitent comme du petit-bois. »

 Macha Séry, LE MONDE DES LIVRES

Ben moi, ça me donne envie…et puis c’est mon éditeur préféré depuis quelques temps, et qu’on a presque toujours de la très belle ouvrage, chez Gallmeister, alors…

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« Et que le vaste monde poursuive sa course folle… »

Colum McCann nous a habitués à de superbes romans, depuis qu’il est traduit et publié en France, et ce dernier ne déroge pas à la règle. « Et que le vaste monde poursuive sa course folle… » est encore une fois un chant à l’humanité, avec tout ce qu’elle a de fragile, de trouble, de lâche parfois, mais aussi de beau, de magique et de tendre. Par le chemin d’un funambule traversant sur un câble le vide entre les Twin Towers à New York ( nous sommes dans les années 70…), nous sommes emmenés dans les destins croisés de personnages aussi divers que des mères de soldats péris au Viet-Nam, des prostituées toxicomanes dans le Bronx, deux frères immigrés irlandais dont l’un est prêtre et amoureux, et bien d’autres encore. Tous nous touchent profondément dans leurs forces et leurs faiblesses.

Cet auteur semble avoir une fascination pour le corps en mouvement et l’architecture, la « danse » du funambule , métaphore de la vie : marcher pour aller entre 2 rives sans trébucher, garder un équilibre pour ne pas être aspiré par le vide et les buildings, toujours plus conquérants , comme la nécessité d’ aller plus haut, conquérir ou défier le ciel…et quitter sa condition terrestre.

On retrouve ces thèmes dans « Les saisons de la nuit », « Danseur », « Zoli ».  L’état de solitude intrinsèque à l’homme est ici lancinant et vraiment, si vous avez envie d’une belle lecture, pleine d’émotion, plongez-vous dans ce roman