Ce n’est pas facile de parler de ce livre-là…Dans un article précédent, je l’avais mis dans les romans que je lirai peut-être, tout en étant un peu suspicieuse à cause des nuées d’éloges de la critique, dont je me méfie souvent. Et bien, en l’ occurrence j’avais tort.
Toutefois, il m’a fallu passer exactement les 173 premières pages ( ce qui n’est pas rien, convenez-en, et dénote de la ténacité ! ) pour enfin être emportée par cette histoire si triste et saisie par l’écriture très vivante de Ford. La première partie se déroule au rythme lent du quotidien dans la petite ville de Great Falls, dans le Montana. Cependant se prépare ce qui engendrera la perte de cette famille dont les quatre membres semblent si mal assortis : le père et la mère que tout parait opposer et les enfants, jumeaux mais complètement différents. Il en ressort une atmosphère pesante, silencieuse et tendue.
C’est donc l’histoire du difficile passage à l’âge adulte d’un jeune garçon de 15 ans et de sa coriace jumelle. Dell, le garçon, raconte la chute de sa famille, comment il va arriver à rester debout, et construire sa vie. A cause de leurs parents, les deux adolescents vont se retrouver livrés à eux-même, et c’est Dell que nous allons suivre jusqu’au Canada, où il vivra à l’abri des autorités américaines de protection de l’Enfance – c’est à dire aux foyers d’accueil. Il échoue dans une petite ville du Saskatchewan, confié à des hommes bizarres et brutaux, dans des conditions matérielles difficiles et surtout sans aller à l’école, ce qui le chagrine plus que tout.
Ses journées s’écoulent entre la préparation de la chasse à l’oie pour les touristes – surnommés les Fusils – et le ménage dans un hôtel de passe. Il va vivre là les yeux ouverts et la tête pleine de questions, il se forgera une vision des hommes et du monde en acceptant lucidement les évènements qui ont fait éclater sa famille. Ce livre parle de solitude, parfois c’est très prenant et triste, on écoute Dell et on voudrait lui tenir compagnie. L’écriture est d’une grande force, la construction, magistrale. Et j’ai failli le laisser ! En fait, on comprend très bien, au basculement de la seconde partie, pourquoi ce début lancinant, pesant… alors surtout plongez !
Je note aussi l’excellente traduction de Josée Kamoun, traductrice de John Irving également.
Un ami m’a offert ce roman, il savait que ça me plairait, et je ne comprenais pas cet ennui à la lecture de la première partie, et c’est parce que c’est lui qui me l’a donné que j’ai continué. Merci de ce beau cadeau, l’ami !
Et pour vous, les dernières phrases du livre, la clé de Dell pour vivre :
« Ce que je sais, c’est qu’on a plus de chances dans la vie, plus de chances de survivre, quand on tolère bien la perte et le deuil et qu’on réussit à ne pas devenir cynique pour autant; quand on parvient à hiérarchiser[…], à garder la juste mesure des choses, à assembler des éléments disparates pour les intégrer à un tout où le bien ait sa place, même si, avouons-le, le bien ne se laisse pas trouver facilement. On essaie, comme disait ma soeur. On essaie, tous tant que nous sommes. On essaie. »
Si je comprends bien : encore un livre à mettre de toute urgence sur ma table de chevet ! Mais comment vais-je faire ? Il y en a tant et tant …… OK, je le mets sur le dessus de la pile alors !
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Ah oui ! Et ce n’est pas fini; je redémarre une phase livrophagesque intense, avec les averses dehors et les deux chats sur mes genoux. Voyages prévus : encore l’Amérique, Montana et Michigan puis un tour en Estonie avec Sofi Oksanen. J’attends deux réservations,au Texas et encore au Texas , beaux voyages à peu de frais, et des écritures d’aujourd’hui pour dire le monde et s’ouvrir les yeux et la conscience, pour rêver, rire et pleurer…
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