« Les Grands Espaces » – Annie Perreault- éditions Héloïse d’Ormesson

« L’OURS

« Je vais traverser ce lac. »

Ce sont les derniers mots que me crie Anna cette nuit-là. Alors que je ne sais toujours pas d’où vient cette femme exactement, comment elle s’est retrouvée ici, au milieu de la Russie, elle disparaît dans le noir, le froid, l’étendue à peine visible d’un lac aux glaces aussi imprévisibles que mon cœur. »

Pour tout vous dire, quand j’ai commencé ce roman, je n’étais pas certaine d’aller au bout. Et j’aurais eu bien tort, car je viens de le finir remplie d’émotions.

D’abord, l’écriture est superbe, sans un mot de trop, pleine de poésie et d’amour. Ce livre est pour moi un grand livre sur l’amitié et l’amour, la frontière ténue entre les deux, et puis un roman qui parle de liberté, de solitude, de trahison. Tout ceci avec une infinie délicatesse, une langue pleine de nuances. Et donc, je viens de fermer un livre remarquable, comme peut l’être un  voyage. Il en est ici beaucoup question, de voyage.

Mon personnage préféré est Eleonore, une des quatre femmes qui prennent la parole ici, des lieux différents, des temps différents, mais une unité commune dans les caractères un rien fantasques, avides d’aventure, des femmes indépendantes. L’ours et le Lac, un homme ( oui, l’Ours est un homme ) et un élément ponctuent de leur esprit ces narrations.

Ce qui caractérise ces femmes est un intense goût pour la liberté.  Je vous en fais une brève présentation.

Au fil des quatre points cardinaux, Lac, Ours, Anna, Gaby, Eleonore et Celle qu’on ne voit pas racontent. Du lac Champlain au lac Baïkal, une course contre soi-même, un dépassement…Anna, avec quelques mots dans lesquels je me retrouve:

« Même ici, près du lac, ce n’est jamais un pur silence . On ne peut pas faire abstraction des vents, des grondements, des craquements de la glace qui fêle. J’ai toujours été sensible aux bruits, à ce qui occupe le fond sonore, agacée par les gens qui parlent trop, trop fort, qui déplacent de l’air. Je leur préfère les bruissements, les chuchotements. Le secret ne me tourmente pas, je me range du côté des mots contenus, en paix avec le flot tranquille des pensées que je n’exprime pas. Je me méfie du tapage. J’aime être une folle qui se parle  à elle-même. »

Il faut rencontrer ces femmes qui m’ont profondément émue. Je les trouve belles, courageuses. Leurs voyages sont du genre fuite, une quête pour dépasser quelque chose en elles qui les laisse trop seules. Une grande solitude, c’est ce que j’ai ressenti dans ces femmes. Il est impossible de « raconter », en tapant sur mon clavier, les larmes me viennent, je retrouve l’émotion qui m’a envahie à cette lecture. Sans doute chacune, chacun retrouvera ici quelque chose d’inabouti dans sa vie, quelque chose qu’il s’est refusé.

YURI GAGARIN HEADLINE

« Can’t help falling in love. C’est ce qui joue à la radio ce printemps-là. Et c’est ce que je me chante le soir quand je pense à Youri et au jour où je pourrai enfin me plonger dans ses yeux. Je m’endors en imaginant que je caresse ses belles mains posées sur mon casque de cosmonaute. Je dors peu. »

Pourquoi j’ai été plus touchée encore par Eleonore? Je pourrais le dire, mais elle subit quelque chose de terrible et j’ai de la compassion pour elle. Elle, cette jeune femme des années 60 amoureuse de Youri Gagarine. Gaby est sa nièce, photographe.

 » -Tchaïka, tu dors? Écoute ça! » « Toutes les photos sont des memento mori. prendre une photo, c’est s’associer à la condition mortelle, vulnérable, instable d’un autre être ( ou d’une autre chose). C’est précisément en découpant cet instant et en le fixant que toutes les photographies témoignent de l’œuvre de dissolution incessante du temps. « C’est beau, non? Susan Sontag. »

Mais non, je ne veux rien dire d’autre, et surtout pas la fin, magnifique, seulement ce qui met ce livre à un haut niveau: d’une part la construction qui lui donne un côté onirique, conte, poème, et une écriture qui m’impressionne énormément. Fluide, précise y compris pour dire l’ineffable, une infinie poésie. Vraiment un immense bonheur de lecture, une lecture de celles qui laissent des traces profondes.

Quant à Celle qu’on ne voit pas, mais dont on sait qui elle est, elle s’apprête à lancer Anna dans un marathon sur le lac Baïkal, dans un infiniment beau et triste dernier chapitre.

Une merveille, un enchantement, allez rencontrer ces personnages pleins de subtilité; j’ai adoré ce livre et en suis encore bouleversée en en parlant.

« L’ourse qui danse » – Simonetta Greggio – Musée des Confluences/ Cambourakis – collection Récits d’objets dirigée par Hélène Lafont-Couturier et Cédric Lesec

« Je suis un Homme. Tel est le nom que nous nous donnons les uns les autres.

Pour vous, je suis un Inuit.

À l’époque où tout ceci est arrivé, je n’avais pas quarante ans. J’habitais une partie du temps avec mes deux sœurs cadettes une minuscule cabane dans un village où les maisons sont de toutes les couleurs et où la neige recouvre l’univers pendant plusieurs mois. Je ne vous dirai pas le nom de ce village, il est imprononçable pour vos bouches et vos langues, vous ne le retiendriez pas.

Le reste du temps j’étais parmi vous, kabloonaks, hommes blancs, dans vos villes et vos maisons, vos bureaux et vos banques et vos cafés. Je sais de vous tout ce qu’il y a à savoir.

Mais vous ne connaissez pas grand-chose de moi. »

C’est pour moi la troisième lecture de cette belle collection. Et je crois que ce texte-ci est celui qui m’a le plus touchée. Je pense que c’est le fait de le lire maintenant, dans cette période pleine d’inquiétudes, d’angoisses, d’incertitudes surtout. Cette histoire est très émouvante. On saisit ici tout ce que nous avons su si bien saccager dans notre rapport au reste du monde vivant. Et les erreurs que nous commettons encore, même pour certains d’entre nous si pleins de bonne volonté.

« Qui mieux que nous sait qu’un animal ne peut être gras dans l’impitoyable nature qui nous entoure? Un animal qui n’est pas sur ses gardes sera mangé par celui qui le précède dans la chaîne alimentaire. L’homme n’est qu’un tube digestif comme les autres dans la neige et la toundra, dans les cours d’eau et dans les hautes herbes de notre bref été. S’il oublie sa place, il est condamné, et entraîne les autres espèces avec lui.

Tout ceci est tellement loin de vous, kabloonaks. »

Un article court pour dire la beauté de cette histoire, sa cruauté, mais sa justesse. Pour résumer et vous laisser savourer cette lecture : c’est un retour aux origines d’un homme qui s’est fourvoyé en ville, pour nous, c’est une immersion dans une culture très très éloignée de la nôtre. C’est l’histoire, à travers le narrateur, d’un peuple méprisé (« animaux humains » ), avili par la sédentarisation et l’évangélisation, abattu par nos diktats et notre morale, mais surtout par l’argent, le profit et la spoliation de ce qui en faisait un peuple libre.

« La baie ultime

C’était un matin de septembre. Les familles « choisies » avaient été purement et simplement abandonnées dans le Haut-Arctique, presque sans vivres, en tous cas sans aucune protection. Quelques heures après leur arrivée, une tempête de neige s’était levée. Les gens  avaient tout de suite commencé à mourir.

C’était la fin de l’espoir et de la confiance. Nous avions été trahis. On nous avait lâchés dans cet endroit où il était impossible à quiconque de survivre. »

Partez avec cet homme à la chasse à l’ourse, et vous lirez, peut-être comme moi les larmes aux yeux, ce qui arrivera dans la confrontation.

« Nous sommes restés ainsi un long moment. Elle au-dessus de moi, balançant d’un côté à l’autre sa grosse tête, ses petits yeux chassieux remplis de rage et de douleur. Moi à genoux devant sa figure fabuleuse, comme sortie des fonds des âges. »

Dans mon exploration de ces lectures sur ces peuples du grand Nord, celle-ci laissera une belle trace, blanche comme la neige, rouge comme le sang, noire comme la colère.

Quant à « L’ours dansant II » , étonnant et visible au Musée des Confluences, c’est une œuvre de Davie Atchealak ( 1947 – 2006 ) , sculptée dans la stéatite. Elle vient de l’île de Baffin ( Ikirasaq ) au Canada.

Ce livre fait écho à « Grise Fiord » de Gilles Stassart et à « Croc fendu » de Tanya Tagaq ( à venir ) .

Coup de cœur plein d’émotion.

« Entre fauves » – Colin Niel, Rouergue noir

15 avril

Martin

Franchement, moi, j’ai honte de faire partie de l’espèce humaine. Ce que j’aurais voulu, c’est être un oiseau de proie, les ailes démesurées, voler au-dessus de ce monde avec l’indifférence des puissants. Un poisson des abysses, quelque chose de monstrueux, inconnu des plus profonds chaluts. Un insecte à peine visible. Tout sauf homo sapiens. Tout sauf ce primate au cerveau hypertrophié dont l’évolution aurait mieux fait de se passer. Tout sauf le responsable de la sixième crise d’extinction qu’aura connue cette pauvre planète. Parce que l’histoire des hommes, c’est surtout ça. L’histoire des hommes, c’est l’histoire d’une défaunation à grande échelle, des deuils animaux à n’en plus finir. »

Pour une fois, le premier extrait n’est pas le début du livre, le prologue, mais c’est le début du premier chapitre, « Identifier sa proie « . Voici un roman qui piège la lectrice et je n’ai pas mis longtemps à suivre les courses poursuites qui se déroulent ici.

Un roman qui piège son auditoire avec son histoire polyphonique, un roman dans lequel chacun des personnages est en chasse, chacun traque pour une raison différente et avec des moyens différents.

Il y a d’abord Charles, le premier à prendre la parole. Charles, c’est ce lion sur la couverture ( superbe, voyez comme il nous toise, ce fauve…), un vieux mâle chassé du groupe, Charles qui a faim, Charles qui est seul et qui rôde près des villages humains pour se nourrir. Il doit se nourrir sans l’aide du groupe, alors des animaux domestiques, vaches ou chèvres dans des enclos, c’est bien plus facile pour un vieil animal. Leurs propriétaires, même alarmés de perdre leur cheptel restent terrés chez eux pour échapper aux crocs encore affûtés de Charles ( j’aimerais bien savoir comment Colin Niel a choisi le prénom du lion…)

« Il était des chairs au goût particulier, qui entre langue et palais ravivaient les souvenirs, creusaient la nostalgie de temps qui jamais ne reviendraient; il y avait la viande des girafes hautes comme les makalanis, plus immenses encore une fois à terre, qui lui rappelait ainsi les temps de l’enfance, les lionceaux intégrés à la fierté de leur mère, ces tempe où il fallait surtout apprendre à vivre, la rigueur du désert qui les avait vus naître, à garder ses distances avec les autres lionnes, avec le mâle alpha qui d’un œil ombrageux les regardait grandir; il y avait la chair si singulière des poissons-chats, qui convoquaient en lui son émancipation, l’époque où adulte il avait quitté mère et frères, découvert en nomade l’étendue de ce monde déployé entre montagnes et océan, et appris à se saisir de ces étranges créatures sans pattes qui par magie venaient peupler les marécages quand l’eau s’emparait des rivières. »

Le second personnage, c’est Martin, garde au parc national des Pyrénées et chargé de la surveillance de l’ours. Martin a aimé et connu l’ourse Cannelle ( sa chienne s’appelle ainsi ) et il reste le petit ( façon de parler pour un ours ) Cannellito, que le garde tente de surveiller avec des appareils à déclencheur automatique, cachés dans les lieux supposés de passage de l’ours. Martin ne s’est jamais remis de la mort de l’ourse, il est d’ailleurs opposé à sa réintroduction dans les Pyrénées, vous lirez ses arguments dans le roman. Et c’est un homme en colère. Cette colère le caractérise vraiment, faisant son travail, amoureux de la nature et de ses créatures, il étouffe de rage devant les pertes d’espèces animales et participe à un groupe nommé # BanTrophyHunting, dont le « leader » se surnomme Jerem Nomorehunt. Ce groupe basé sur un réseau social échange des pistes pour traquer et dénoncer les chasseurs, surtout les adeptes du safari en Afrique. Martin est par rapport à son emploi, un peu à la limite de la légalité – il est capable de crever des pneus de 4×4 sans état d’âme. Martin, ardent amoureux défenseur de la nature:

« J’avançais à bon rythme, malgré la douleur et la fatigue que je sentais dans chacun de mes muscles. De diagonale en diagonale, les cuisses méchamment sollicitées pour soulever mes fixations, j’ai fini par atteindre le sommet du couloir, au-dessus duquel planait un grand corbeau. Par me retrouver sur ce col minuscule à deux mille deux cents mètres, encadré par les deux pics de roche sombre, dressés au-dessus des neiges en cathédrales vertigineuses, des monuments comme aucune humanité ne pourrait jamais en ériger. J’ai embrassé l’immense décor déployé sous mes skis, la vallée d’Aspe étirée du piémont jusqu’au col du Somport, tout là-bas, à la frontière espagnole. J’ai essayé d’imaginer ce qu’était cette vallée quelques siècles plus tôt, avec sa faune intacte, lorsque le lynx boréal fréquentait encore le massif et même tout le territoire français, lorsque les loups peuplaient ces montagnes par centaines, lorsqu’il existait encore le bouquetin des Pyrénées. »

La troisième voix est celle d’Apolline. C’est une jeune fille adorée de son riche papa, très riche et passionné de chasse. Sa fille tire à l’arc alors que ses deux frères ne pratiquent pas, n’aiment pas cette activité. Alors, pour son anniversaire, il lui offre un vieux lion comme cible, et un arc au top de la qualité et de la technologie. Apolline est jeune, solitaire, absente des réseaux sociaux, elle tire à l’arc et elle lit des récits de chasse. Son crétin de père va publier une photo sur les réseaux sociaux et la porter au regard du groupe anti-chasse de Martin:

« En quelques clics, elle était à nouveau affichée en grand sur mon écran. Une photo différente de toutes celles que j’avais vues jusqu’à présent. Elle était prise de nuit, au flash. Au premier plan, il y avait une jeune femme blonde, le buste coupé au niveau du ventre, qui tenait un arc de chasse à bout de bras. Mais elle ne posait pas, ne souriait pas comme tous ceux que j’avais l’habitude de voir passer sur Internet. Non, son regard était dur, ses lèvres serrées, on décelait la violence de tueuse qui l’animait. Ce qu’il y avait tout au fond d’elle. Derrière, on devinait un paysage de savane africaine, embroussaillé. Avec un énorme cadavre de lion. Un mâle, la crinière noire, un beau trophée comme disent ces sauvages. Sauf que ce lion-là n’était pas mis en scène comme les chasseurs font d’habitude pour minimiser leur crime.  Non, il était vautré dans les herbes, la tête de travers, avec une plaie rouge à la base du cou, du sang dans les poils. […] J’ai senti mon cœur qui se serrait à l’intérieur de ma poitrine, comme si c’était le corps de quelqu’un de proche de moi qui était étendu là. »

La quatrième voix, ma préférée, est celle de Kondjima. C’est un jeune homme dont le père a perdu son troupeau de chèvres sous les dents du lion, c’est un jeune homme révolté contre son père qu’il trouve lâche, pleurnichard; et lui, fou amoureux de la belle Karieterwa, lui qui veut l’épouser à la place de celui que lui destine son père, lui veut tuer ce lion ravageur pour prouver qu’il est le plus courageux, le plus digne de la jeune femme.

« Karieterwa.

Karieterwa et les fesses rondes cachées sous sa jupe en peau de veau.

Depuis le matin je suivais ses mouvements dans le village: Karieterwa guidant les vaches de son père hors du kraal, Karieterwa secouant sa calebasse de lait pour en faire du caillé, Karieterwa enfilant des éclats d’œufs d’autruches pour créer des colliers à vendre aux rares touristes, Karieterwa broyant son ocre sur une pierre plate. Mon portable avait passé toute la journée perché en haut d’un mopane, disposé dans un plat en plastique accroché à une branche, le moyen le plus sûr de ne pas rater un message, faute de réseau. Dès que je parvenais à m’éclipser, je montais le décrocher pour écrire un message à Karieterwa, lui dire combien j’avais envie d’elle, à quel point elle m’avait manqué pendant ma transhumance avortée. Et elle me répondait qu’elle aussi elle avait envie de moi, mais que, Attention, Kondjima, il fallait que nous restions discrets sans quoi son père allait me tuer. Et à peine avais-je lu ses mots que déjà je me mettais à trembler tant j’étais pressé d’être ce soir. »

Je vous garantis que Colin Niel est doué pour nous emmener avec ses personnages sur la piste du lion, sur celle que Martin suit pour venger le lion – à sa manière si peu orthodoxe – et ce roman est absolument impossible à lâcher. On écoute Charles penser et se souvenir, on observe Kondjima qui lui observe son amoureuse, on suit avec consternation et curiosité Apolline et son père dans le désert de Namibie, et on est inquiet pour le devenir de Martin. L’écriture alterne des phases où la nature se dessine sous nos yeux, des phases de réflexion, les pensées de Charles et celles de chaque protagoniste, et l’action, scènes de chasse, scènes de vie au village namibien, la fin est extraordinaire, on est happé totalement par le suspense, très bien tenu par la plume talentueuse et maline de l’auteur.

 

Il est bien sûr ici question d’écologie, de la protection des espèces, et des déséquilibres flagrants qui s’accroissent. Mais l’auteur ne tombe pas dans la caricature grossière. On a des moments de totale détestation pour quelques uns des personnages, ou pour leurs actes. Martin « part en vrille » parce que tout ce en quoi il croit est mis à mal, tout son travail est amoché par des gens qui ne se sentent pas concernés par ce qui les entoure.

« Le 1er novembre 2004.

L’assassinat de Cannelle. 

Cannelle, c’était la dernière ourse de souche purement pyrénéenne, la mère de Cannellito, qu’elle avait eu avec Néré, un mâle slovène réintroduit qui depuis avait quitté le Béarn pour les Pyrénées centrales. L’histoire de sa mort, je la connaissais comme tout le monde dan sla vallée, comme les collègues. Ils étaient six. Six chasseurs de sangliers qui avaient été informés que l’ourse et son petit étaient dans le secteur depuis plusieurs jours, mais qui avaient décidé de s’en foutre, d’aller quand même la faire, leur battue. Évidemment, avec leurs chiens, ils l’avaient dénichée. Soi-disant que Cannelle avait chargé, que le type était en situation de légitime défense. Tu parles d’un bobard: tous ceux qui connaissent un peu les ours savent que ce qu’elle faisait, pour protéger son ourson, ça s’appelle une charge d’intimidation. […]

Et il lui avait tiré dessus , presque à bout portant, paraît-il. Le corps de la femelle avait été repêché par hélicoptère, au fond d’un ravin. L’ourson Cannellito, lui, s’était enfui, orphelin dans les montagnes, avec sa moitié de génome pyrénéen, ultime représentant d’une lignée déjà éteinte. À présent Cannelle était naturalisée, les Français se pressaient pour aller la voir dans les collections du Museum d’histoire naturelle, à Toulouse. »

J’ai beaucoup aimé Charles, il est le plus touchant, ce qu’il raconte est beau et triste. Il est celui qui par sa présence cristallise tous les actes des autres. J’ai passé un magnifique moment avec cette histoire sans temps mort, intelligente et pertinente. Terriblement triste, terriblement d’actualité, hélas…j’ai trouvé ÇA

Encore un beau coup de cœur !