« J’attends l’extinction des feux » de Dominique FABRE – Fayard

j-attends-l-extinction-des-feux_couvJ’aime Dominique Fabre; il me touche, il est comme une voix qui vous parle en sourdine, qui livre sa vie avec tous ses silences, toutes ses hésitations, sa colère, sa douleur, son chagrin inextinguible…toute son enfance et ses boulets…

En 2012 sont parues trois nouvelles regroupées sous le titre « Il faudrait s’arracher le cœur », un recueil qui m’avait totalement bouleversée, je n’avais pas pu en parler; trop de choses réveillées à la suite de cette lecture…Tout de même un bref post sur ce blog.

Ici, sept nouvelles de 2008, et c’est inégal. Ma plus forte impression est celle d’un brouillon, d’un coup d’essai avant la forme plus juste, trois nouvelles et un titre leitmotiv : il faudrait s’arracher le cœur…Quand je dis « brouillon », c’est sur le sujet car l’écriture est déjà la sienne, sensible, réaliste et poétique à la fois.

Donc, c’est bien mais pas aussi bien que l’opus de 2012. J’ai préféré « Mottes de terre » et « Le perron » où Fabre nous dévoile des souvenirs d’enfance ( ne nous y trompons pas, il parle bien de lui ), et dans  » J’attends l’extinction des feux », j’ai retrouvé un peu l’atmosphère de son roman « J’aimerai revoir Callaghan » , très beau livre.

pinball-179631_640Mais quoi qu’il en soit, on suit vraiment  Dominique Fabre et son escorte – sa sœur Magali, sa grand-mère Anna, sa mère mal aimante et dépressive, son père fantôme,  imaginé, imaginaire, mais absent en tous cas –  dans une visite de sa banlieue des années 70, avec la radio et les chansons d’alors, les bistrots et les babasses, le jukebox, l’ennui…

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Tout ça sur fond de dimanches tristes, où les enfants guettent le « pétage de durite » de la mère, et où l’adolescent attend le lundi et le pensionnat, y attendant encore et toujours l’extinction des feux…

Je vous l’avais dit : Dominique Fabre, c’est triste, mais si vous voulez l’écouter, vous verrez que c’est un homme très doux,touchant, émouvant…

(photo : Marianna )

« Il faudrait s’arracher le coeur » de Dominique Fabre – éditions de l’Olivier

Trois courts récits, où l’on retrouve parfois les mêmes personnes, en tous cas, le narrateur est le même… Je ne vais pas arriver à en parler. Je citerai donc seulement des phrases qui pour moi ont un sens très profond, et un puissant écho. Le titre du livre est aussi celui du premier récit, et ces mots reviennent comme un leit-motiv, douloureux…

« Il faudrait s’arracher le coeur, on serait plus tranquille comme ça. »

« Il faudrait s’arracher le coeur, après on le répare et c’est fini. »

« Le coeur, on le met où on peut. Enfant, on vous le donne facilement mais ça ne veut pas dire qu’il est à vous pour toujours. Alors, parfois, aussi vite qu’on vous l’a donné, on vous le reprend. »

« A force de se souvenir, on ne sait vraiment plus rien. »

Je remercie Dominique Fabre d’avoir su et pu écrire ce livre. Moi, j’ai eu mal à le lire ( pas DU mal, mais bien MAL ) car je suis une lectrice masochiste et ces mots-là,  je vais les garder dans ma bibliothèque intime, en compagnie d’un grand mouchoir…

Vous trouverez une biographie de l’auteur sur Babelio ( liens littérature )

Ecoutez

Et lisez par le lien « notre libraire », dans la rubrique « dernières lectures », un article du Canard enchaîné et un autre de Télérama. A lire aussi un très bel article  de Juliette Einhorn, sur le site du Magazine littéraire.