Petit coup d’oeil sur l’été, avant l’automne…

« À l’automne, ce paysage se fleurit de feuilles, les cerisiers deviennent tout rouges, les érables jaunes, les hêtres se couvrant de bronze. Le plateau se couvre de mille flammes d’un deuxième printemps. »

Albert Camus – Carnets II – écrits au Panelier, Le Mazet St Voy, Haute-Loire

C’est déjà loin, les vacances, mais voici quelques images que j’ai aimées et que je partage avec vous de cette belle semaine entre Haute-Loire et Ardèche. C’est tout près de chez nous, et très très beau.

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« Octobre… Dans l’herbe encore verte, les feuilles déjà jaunes, un vent court et actif, forgé avec un soleil sonore sur la verte enclume des prés, une barre de lumière dont les rumeurs d’abeilles venaient jusqu’à moi. »

Camus, même ouvrage..

Vous avez vu ce jeune veau qui tète la jument ? J’ai admiré cette scène depuis notre fenêtre, au matin, vers 6h ( oui, je suis matinale ! ), il y avait un magnifique troupeau, un veau tout neuf chaque matin, blanc, roux, tacheté…et la brume dans le creux comme un lac. Les hirondelles qui rasaient le toit, l’air pur et le plateau ondulant à perte de vue, jusqu’au Mézenc…Ce mont Mézenc, vraiment, si vous en avez l’occasion, allez au sommet, et vous verrez ce que beau veut dire. La nature est extraordinaire, ce qu’elle nous apporte quand on sait la regarder est inestimable; en tous cas à moi elle est essentielle, et je peux passer des heures à observer les oiseaux, le va-et-vient d’une armée de fourmis, les ondes de la brise sur l’eau…Je sais, plein de gens s’ennuient à la campagne, redoutent le silence, la nudité de certains lieux…Pour moi, c’est comme un chargeur de batterie et de l’énergie pure. Un retour à moi-même, fille de la campagne.

Retour de Haute – Loire : Albert Camus, au Panelier

De Janvier 1942 à 1952, Albert Camus séjourne à la maison forte du Panelier, près du  Chambon sur Lignon et du village du Mazet St Voy, pour soigner une nouvelle atteinte de tuberculose. Il y écrira « La peste » .

On trouve dans ses

« Carnets »

( volume II, Gallimard ) de très jolies descriptions des paysages qui s’offrent à ses yeux au fil des saisons.

Pour en savoir plus sur cette période de la vie de Camus, suivez ce lien

http://www.terresdecrivains.com/Albert-CAMUS,206

Et puis, voici quelques extraits des Carnets II ( 1942 – 1951 ) où sont évoqués saisons et paysages de cette région, le plateau du Lignon. Ils étaient exposés sur des panneaux, dans le jardin botanique au Mazet St Voy, avec des photographies .

« Octobre :

« Les grands bois rouges sous la pluie, les prairies toutes couvertes de feuilles jaunes, l’odeur des champignons qui sèchent, les feux de bois ( les pommes de pin réduites en braises rougeoient comme les diamants de l’enfer ), le vent qui se plaint autour de la maison, où trouver un automne aussi conventionnel ; les paysans maintenant marchent un peu penchés en avant…contre le vent et la pluie. »

« Dans la forêt d’automne, les hêtres font des taches d’un jaune d’or ou s’isolent à l’orée des bois comme de gros nids ruisselants d’un miel blond. »

« Novembre 1942 :

A l’automne, ce paysage se fleurit de feuilles…les cerisiers devenant tout rouges, les érables jaunes, les hêtres se couvrant de bronze. Le plateau se couvre de mille flammes d’un deuxième printemps. »

Avant le lever du soleil, au-dessus des hautes collines, les sapins ne se distinguent pas des ondulations qui les soutiennent. Puis le soleil de très loin et par derrière dore le sommet des arbres. Ainsi et sur le fond à peine décoloré du ciel on dirait une armée de sauvages empennés surgissant de derrière la colline. A mesure que le soleil monte et que le ciel s’éclaire, le sapins grandissent et l’armée barbare semble progresser et se masser dans un tumulte de plumes avant l’invasion. Puis, quand le soleil est assez haut, il éclaire d’un coup les sapins qui dévalent le flanc des montagnes. Et c’est apparemment une course sauvage vers la vallée, le début d’une lutte brève et tragique où les barbares du jour chasseront l’armée fragile des pensées de la nuit. »

« Le matin, tout est couvert de givre, le ciel resplendit derrière les guirlandes et les banderoles d’une kermesse immaculée. A dix heures, au moment où le soleil commence à chauffer, toute la campagne se remplit de la musique cristalline d’un dégel aérien : petits crépitements comme des soupirs de l’arbre, chute du givre sur le sol comme un bruit d’insectes blancs jetés les uns sur les autres, feuilles tardives tombant sans interruption sous le poids de la glace et à peine rebondissant à terre comme des ossements impondérables. Tout autour, les vallons et les collines s’ évanouissent en fumée… »

« Parce que le ciel est bleu, les arbres couverts de neige qui lancent leurs rameaux blancs, au bord de la rivière, très bas au-dessus de l’eau glacée, ont l’air d’amandiers en fleurs. Il y a pour les yeux dans ce pays une perpétuelle confusion entre le printemps et l’hiver. »

« La chaleur mûrit les êtres comme les fruits. Ils sont mûrs avant de vivre. Ils savent tout avant d’avoir rien appris. »

« Merveilleuse journée. Une lumière mousseuse, luisante et tendre au-dessus et autour des grands hêtres. Elle semble sécrétée par toutes les branches. Les bouquets de feuilles qui remuent lentement dans cet or bleu comme mille bouches à plusieurs lèvres qui saliveraient à longueur de journée ce jus aérien, blond et sucré…ou encore mille petites bouches à eau de bronze vert et contournées qui irrigueraient sans arrêt le ciel d’une eau bleue et resplendissante…ou encore…mais c’est assez. »

Dans les pas de Jules Vallès et Jules Romains, en Haute-Loire

['Polignac, Haute]

Demain, vacances pour une semaine de promenade en Haute-Loire, région natale de deux fameux Jules, Vallès et Romains. Ont aussi traversé et marqué la région, Albert Camus et Stevenson. Je serai près du Chambon sur Lignon, ville connue pour ses justes de la seconde Guerre et au pied du  Mont Mezenc et  du Gerbier de Jonc ( en Ardèche, toute voisine ).

Un livre d’un enfant du pays, Adrien Faure, éditions du Roure.

Une petite semaine de marche dans la nature pour retrouver un peu de paix et d’énergie avant « d’attaquer » une nouvelle année à la bibliothèque.

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Je vous ramènerai quelques photos. J’ai bien l’intention de trouver des champignons, des myrtilles et des framboises : je penserai à vous !

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Je pars, mais deux articles paraitront cette semaine, planifiés aujourd’hui, pour ne pas laisser ces pages vides…

Sinon, bonnes vacances à tous !