Retour de Haute – Loire : Albert Camus, au Panelier

De Janvier 1942 à 1952, Albert Camus séjourne à la maison forte du Panelier, près du  Chambon sur Lignon et du village du Mazet St Voy, pour soigner une nouvelle atteinte de tuberculose. Il y écrira « La peste » .

On trouve dans ses

« Carnets »

( volume II, Gallimard ) de très jolies descriptions des paysages qui s’offrent à ses yeux au fil des saisons.

Pour en savoir plus sur cette période de la vie de Camus, suivez ce lien

http://www.terresdecrivains.com/Albert-CAMUS,206

Et puis, voici quelques extraits des Carnets II ( 1942 – 1951 ) où sont évoqués saisons et paysages de cette région, le plateau du Lignon. Ils étaient exposés sur des panneaux, dans le jardin botanique au Mazet St Voy, avec des photographies .

« Octobre :

« Les grands bois rouges sous la pluie, les prairies toutes couvertes de feuilles jaunes, l’odeur des champignons qui sèchent, les feux de bois ( les pommes de pin réduites en braises rougeoient comme les diamants de l’enfer ), le vent qui se plaint autour de la maison, où trouver un automne aussi conventionnel ; les paysans maintenant marchent un peu penchés en avant…contre le vent et la pluie. »

« Dans la forêt d’automne, les hêtres font des taches d’un jaune d’or ou s’isolent à l’orée des bois comme de gros nids ruisselants d’un miel blond. »

« Novembre 1942 :

A l’automne, ce paysage se fleurit de feuilles…les cerisiers devenant tout rouges, les érables jaunes, les hêtres se couvrant de bronze. Le plateau se couvre de mille flammes d’un deuxième printemps. »

Avant le lever du soleil, au-dessus des hautes collines, les sapins ne se distinguent pas des ondulations qui les soutiennent. Puis le soleil de très loin et par derrière dore le sommet des arbres. Ainsi et sur le fond à peine décoloré du ciel on dirait une armée de sauvages empennés surgissant de derrière la colline. A mesure que le soleil monte et que le ciel s’éclaire, le sapins grandissent et l’armée barbare semble progresser et se masser dans un tumulte de plumes avant l’invasion. Puis, quand le soleil est assez haut, il éclaire d’un coup les sapins qui dévalent le flanc des montagnes. Et c’est apparemment une course sauvage vers la vallée, le début d’une lutte brève et tragique où les barbares du jour chasseront l’armée fragile des pensées de la nuit. »

« Le matin, tout est couvert de givre, le ciel resplendit derrière les guirlandes et les banderoles d’une kermesse immaculée. A dix heures, au moment où le soleil commence à chauffer, toute la campagne se remplit de la musique cristalline d’un dégel aérien : petits crépitements comme des soupirs de l’arbre, chute du givre sur le sol comme un bruit d’insectes blancs jetés les uns sur les autres, feuilles tardives tombant sans interruption sous le poids de la glace et à peine rebondissant à terre comme des ossements impondérables. Tout autour, les vallons et les collines s’ évanouissent en fumée… »

« Parce que le ciel est bleu, les arbres couverts de neige qui lancent leurs rameaux blancs, au bord de la rivière, très bas au-dessus de l’eau glacée, ont l’air d’amandiers en fleurs. Il y a pour les yeux dans ce pays une perpétuelle confusion entre le printemps et l’hiver. »

« La chaleur mûrit les êtres comme les fruits. Ils sont mûrs avant de vivre. Ils savent tout avant d’avoir rien appris. »

« Merveilleuse journée. Une lumière mousseuse, luisante et tendre au-dessus et autour des grands hêtres. Elle semble sécrétée par toutes les branches. Les bouquets de feuilles qui remuent lentement dans cet or bleu comme mille bouches à plusieurs lèvres qui saliveraient à longueur de journée ce jus aérien, blond et sucré…ou encore mille petites bouches à eau de bronze vert et contournées qui irrigueraient sans arrêt le ciel d’une eau bleue et resplendissante…ou encore…mais c’est assez. »

2 réflexions au sujet de « Retour de Haute – Loire : Albert Camus, au Panelier »

  1. J’ai lu à rebours ces belles rencontres littéraires … Terminant sans le vouloir par celui qui me tient plus à cœur. Encore que … Vallès ! L’insurgé m’avait beaucoup marquée quand je l’avais lu en belle rébellion adolescente !
    Par contre, je me permets de te signaler quelques petits problèmes d’affichage de tes photos (à moins que ce ne soit mon ordi qui flemmarde …)

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    • Ah Vallès ! Pareil pour moi…Pour les photos, c’est que j’ai du vider un peu les anciens articles. Je n’aurais pas du, j’ai pris la version WP supérieure et j’ai plus d’espace de stockage pour les photos. Je le remettrai peut-être si j’ai le temps. Bientôt un article du même genre sur la Lozère et plus largement les Cévennes, et des auteurs qui m’ont marquée.

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