L’automne dans le Maine, par Evelyne Holingue

Ce sera la seconde fois que je partage un billet d’Evelyne, expatriée aux USA, un pied en Californie, et un autre dans le Maine. Et je trouve qu’elle n’écrit jamais aussi bien que quand elle parle de sa cabane au bord du lac, dans cet état un rien mélancolique, où la nature est reine. 

Voici sous sa plume l’arrivée de l’automne dans son Maine. Très beau texte.

http://evelyneholingue.com/2015/10/14/ferme-pour-la-saison/comment-page-1/#comment-15516

Dernier jour d’Octobre

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Ce matin, en face de la maison, la petite troupe que nous avons pour voisins, dans la jolie brume de ce bel automne

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« Matin d’octobre
C’est l’heure exquise et matinale
Que rougit un soleil soudain.
A travers la brume automnale
Tombent les feuilles du jardin.
Leur chute est lente. On peut les suivre
Du regard en reconnaissant
Le chêne à sa feuille de cuivre,
L’érable à sa feuille de sang.
Les dernières, les plus rouillées,
Tombent des branches dépouillées ;
Mais ce n’est pas l’hiver encore.
Une blonde lumière arrose
La nature, et, dans l’air tout rose,
On croirait qu’il neige de l’or. »
 
François COPPÉE (1842-1908) Le Cahier rouge

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Octobre dans le brouillard

Voici l’ambiance depuis ma fenêtre ce matin

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 C’est ça, le val de Saône à cette saison, souvent…ça colle bien avec Verhaeren, poète que j’aime…

 Fin d’année

Sous des cieux faits de filasse et de suie,

D’où choit morne et longue la pluie,

Voici pourrir

Au vent tenace et monotone,

Les ors d’automne ;

Voici les ors et les pourpres mourir.

O vous qui frémissiez, doucement volontaires,

Là-haut, contre le ciel, tout au long du chemin,

Tristes feuilles comme des mains,

Vous gisez, noires, sur la terre.

L’heure s’épuise à composer les jours ;

L’autan comme un rôdeur, par les plaines circule ;

La vie ample et sacrée, avec des regrets sourds,

Sous un vague tombeau d’ombre et de crépuscule,

Jusques au fond du sol se tasse et se recule.

Dites, l’entendez-vous venir au son des glas,

Venir du fond des infinis là-bas,

La vieille et morne destinée ?

Celle qui jette immensément au tas

Des siècles vieux, des siècles las,

Comme un sac de bois mort, l’année.

Emile Verhaeren

Ah ! ça met en forme, de bon matin, pas vrai ?

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« L’automne est un andante mélancolique et gracieux qui prépare admirablement le solennel adagio de l’hiver. » George Sand

Votre bibliothécaire est, en ce moment, d’humeur mélancolique…

La saison, sans doute; les brumes matinales, les jours qui raccourcissent, les feuilles qui tombent, l’automne et son atmosphère décadente… Et puis, surtout, aucune lecture qui m’aie prise, accrochée, saisie avec force, et ça, ça me manque !

Sans un bon livre entre les mains, je m’étiole, je me sens vide et sèche. Cela peut paraître idiot, mais c’est comme une plante sans eau…

Je me console en commençant à faire la liste de nos futurs achats. J’ai écouté hier au soir Louise Erdrich sur France Inter ( on peut réécouter sur le net ), et je me suis dis : « A quand un roman tel que « Dernier rapport sur les miracles à Little No Horse » ?  » Vivement le dernier Ron Rash, dont j’ai dit 2 mots dans un article précédent…Vivement des pages qui emportent ailleurs, dans d’autres vies !

En attendant, je piétine sur des livres moyens que je repose les uns après les autres , feuilles mortes.

J’ai reçu des enfants de 6 ans cette semaine , du centre de loisirs, et il n’y a qu’avec les histoires que je leur lis que je prends du plaisir, ces dernières semaines, surtout qu’ils en prennent eux aussi autant que moi! C’est déjà ça !

Alors, donc, achats pour les adultes prévus dès que les prix littéraires seront connus, et en attendant, le bibliobus renouvellera environ 400 ouvrages sur nos rayons le 30  Octobre.

Quant aux enfants, de nouvelles choses seront achetées pour eux pendant les prochains congés de la Toussaint.

Et je prends patience en faisant des listes, que je devrai élaguer, hélas !

Septembre…

Septembre

 

Septembre ! Septembre !

Cueilleur de fruits, teilleur de chanvre,

Aux clairs matins, aux soirs de sang,

Tu m’apparais

Debout et beau,

Sur l’or des feuilles de la forêt,

Au bord de l’eau.

En ta robe de brume et de soie,

Avec ta chevelure qui rougeoie

D’or, de cuivre, de sang et d’ambre

Septembre !

Avec l’outre de peau obèse,

Qui charge tes épaules et pèse,

Et suinte à ses coutures vermeilles

Où viennent bourdonner les dernières abeilles !

Septembre !

Le vin nouveau fermente et mousse de la tonne

Aux cruches ;

La cave embaume, le grenier ploie ;

La gerbe de l’été cède au cep de l’automne,

La meule luit des olives qu’elle broie.

Toi, Seigneur des pressoirs, des meules et des ruches,

O Septembre ! chanté de toutes les fontaines,

Ecoute la voix du poème.

Le soir est froid,

L’ombre s’allonge de la forêt

Et le soleil descend derrière les grands chênes.

 

Henri de REGNIER