Deux livres, deux voyages et du bonheur.

enard

« Rue des voleurs » de Mathias Enard – Actes Sud

Voici un roman qui empoigne son lecteur dès la première page, et ne le lâche plus. Que dire, sinon que Mathias Enard, qui sait surprendre à chacun de ses livres, nous offre ici un roman d’apprentissage poignant,  plein d’une vie intense.

L’écriture est charnelle, au plus près des sensations et des sentiments de ce si touchant personnage qu’est Lakhdar. Jeune homme d’à peine 20 ans, bousculé par un monde en effervescence, coincé entre tradition et modernité, souvent naïf, toujours sincère, on le suivra de Tanger à Barcelone, sur son chemin chaotique où la littérature l’accompagnera et l’aidera à avancer.

De nombreux sujets d’une actualité brûlante sont abordés dans ce livre, un roman qui permet d’aborder notre société sous un autre angle que l’angle journalistique ; mais  la question est : comment avoir 20 ans dans un monde au bord de l’explosion, comment aimer, espérer, avoir des aspirations autres que matérielles, comment vivre ?

Ce livre n’est pas à la bibliothèque, mais ce sera un achat certain au printemps. Si vous ne pouvez pas attendre, allez-y ! Tout bon libraire l’aura !

Quant au second :

sud

« Dernières nouvelles du Sud » de Luis Sepùlveda et Daniel Mordzinski ( photographe ) – traduit de l’espagnol par Bertille Hausberg – éditions Métailié

Il s’agit de ce qu’on pourrait appeler des récits de voyage ? Non, pas tout à fait…Un adieu à un monde en voie de disparition ? Un peu…Un texte d’amour pour une région du monde que le pouvoir de l’argent mène à sa mort ? On voudrait tant que ce ne soit pas le cas ! Que la Patagonie continue à nous faire rêver…

Alors, bien sûr, l’écriture, le ton, la voix de Sepùlveda, reconnaissable à son sourire en coin, ironique ou triste, d’ailleurs. Des photos en noir et blanc de son « socio » ( ami, camarade ) comme des testaments. Et puis, et puis ces rencontres dont on ne sait jamais trop si elles sont totalement authentiques ou si la malice de l’auteur en a rajouté un peu, comme ce petit homme qui marche dans la steppe patagonne et qui dit qu’il cherche un violon…Ou la vieille dame qui en caressant une brindille de bois mort en fait éclore une fleur…Les mécanos cheminots, les gauchos, le lutin au bonnet rouge…Merveilleuse galerie de portraits.. Comme on a les photos, on y croit ! On veut y croire totalement !.Parfois Kafka fait son entrée, quand Sepùlveda veut savoir, à Buenos Aires, où prendre un billet de train pour la Patagonie …

file0001828384227

Ce livre décrit des gens qu’on a spolié de leurs terres, de leur vie, de leur travail, et qui pourtant s’accrochent et restent vaille que vaille. Mais jusqu’à quand ?

Mirador_bandurrias_panorama_m

Encore un livre qui n’est pas à la bibliothèque , mais que je vous conseille si vous aimez sentir le vent sur les immensités désertes en tournant les pages, si les mots « Patagonie », « gaucho », vous font rêver, mais un livre où gronde une révolte triste et un peu désespérée…à la manière de Sepùlveda.

Ecoutez-le

http://www.youtube.com/embed/wrxvSRMLfm0?rel=0allowfullscreen>

Ceci est une parenthèse :

cet article devrait faire plaisir à ceux qui pensent que les bibliothèques nuisent aux ventes des livres ! Quelle sottise ! C’est bien tout le contraire ! Petit format, et même grand , une bibliothèque ne pourra jamais tout proposer ! Pour un auteur qu’on va faire découvrir par un ou deux livres, le lecteur, s’il a aimé, ira acheter les autres ! Et on l’a vu souvent.

file000285969034