« Rien pour elle » – Laura Mancini, éditions Agullo, traduit par Lise Chapuis et Florence Courriol ( Italie )

41nbH89ATwL._SX195_« 1943 – L’abri antiaérien

Rome, San Lorenzo

T’as pris l’argent?

Non, il ne l’avait pas pris.

Il la regarda, deux pièces de monnaie brûlées à la place des yeux, sans un mot.

Rosa se leva brusquement et sortit de l’abri comme une furie. Personne, dans la pièce, ne tenta de la retenir parce qu’il était juste qu’elle cherche à récupérer l’argent: ces sous-là, c’était la sueur du front de son mari.

Quand la porte s’ouvrit à nouveau, tout le monde se tourna vers elle. Il lui manquait une chaussure, elle dit si je l’avais ramassée, à l’heure qu’il est, je serais écrasée sous le toit. »

Un beau roman italien, roman de femme, sur d’autres femmes, et plus d’une fois j’ai été  secouée par cette histoire d’amour, de non-amour ou de désamour…une histoire brutale qui va raconter la vie de Tullia, de son enfance à l’âge adulte, de son enfance jusqu’à la mort de sa mère, la terrible et terrifiante Rosa.

C’est aussi l’histoire de la vraie naissance d’une femme qui va passer d’épreuve en épreuve sans broncher, une fillette qui aime tant son père et qui court les rues de Rome et les salons de coiffure avec une valise aussi lourde qu’elle, pour vendre des produits cosmétiques. Sans broncher, la petite Tullia dans ses chaussures éculées brave les rues du matin au soir pour gagner quelques sous qu’elle ramène à la maison mais pour autant se fait copieusement rudoyer. C’est d’alors que s’impose sa devise, cette phrase en exergue:

« Ce jour-là j’avais décidé que je ne baisserais jamais les yeux la première. »

C’est la misère à la maison dominée par Rosa, une véritable ogresse qui dévore le cœur de sa fille Tullia en particulier, la petite est certaine que sa mère ne l’aime pas. On ne sait d’ailleurs pas si Rosa aime qui que ce soit. On comprend plus tard, que même si cette femme est méchante – c’est bel et bien le cas – elle est aussi « dérangée ». Un peu d’enfance 319px-View_of_Capistrellode Tullia, dans le petit village des Abruzzes, à la campagne à l’abri des bombardements

« Ce qui commandait le moindre de nos mouvements, c’était l’imagination. Le paysage nous entourait comme en une étreinte, il transformait les gestes de chaque jour en un conte merveilleux. Nous ramassions du bois, nous épluchions les pommes de terre, écossions les petits pois. Les gamins du pays, une fois surmontée leur jalousie pour notre situation particulière de réfugiés de guerre, nous avaient mis au centre de toutes leurs aventures. Quand arrivait le moment de former des équipes, ils rivalisaient pour s’adjuger le maximum de Romains. Ils avaient laissé les récits de la grande ville supplanter les histoires d’horreur, jusque- là privilégiées, presque toujours situées dans le cimetière de Capistrello, qu’ils connaissaient par cœur à force de les raconter et re-raconter.

Mon père nous surveillait avec plaisir, il disait ces gamins sont en train de devenir de vrais sauvageons. Des bêtes, voilà ce qu’ils sont, et des bêtes ils restent, marmonnait ma mère sans regarder ni lui ni nous. »

De 1943, dans les abris durant les bombardements, cette triste enfance, jusqu’à 1990, on va suivre les pas de Tullia, jeune femme qui après avoir eu un enfant dans une histoire sans suite va s’endurcir et travailler dur, comme une damnée, affligée par sa fille bien peu sympathique, une enfant puis adolescente qui à part dans sa plus tendre enfance jamais ne sera tendre avec sa mère. Elle reviendra vers elle malgré tout lorsqu’elle-même sera mère d’un petit garçon. Souvenir encore de son frère Saverio, en visite:

« Quand j’étais d’humeur un peu plus tonique, je parvenais à transformer la visite du jour de fête en comédie. Je saisissais une note gaie dans le regard de Saverio – deux pupilles gonflées et rondes comme le reste de son corps – et quelque chose me chuchotait c’est mon frère, si nous ne nous entraidons pas, comment finirons-nous? Il pouvait arriver, les meilleurs dimanches, qu’un brin de son esprit d’autrefois se manifeste, un signe de son aptitude à écouter, cette expression docile, encore capable d’accepter une vision simple, mais amusante de la réalité. Des yeux, il me disait tu t’en souviens, Tullia? et des yeux je lui répondais ah ça oui, je m’en souviens.

Mais le plus souvent l’angoisse s’emparait de moi. »

Je ne ferai pas une longue chronique, je suis très loin de vous raconter quoi que ce soit de toute cette vie si âpre et si ingrate, mais je m’attarde juste sur cette femme qui m’a touchée par sa force et sa capacité à résister. Tullia est une combattante, et au fil du temps on la voit se débrouiller absolument seule. Elle travaille dur, elle n’accompagnera jamais les mouvements de grève de l’usine où elle travaille, elle est devenue une individualiste parce que dans cette Italie qui change c’est pour elle la seule manière d’avancer. Elle n’est pas sans cœur pour autant, mais n’entretient que peu de relations. Les passages les plus bouleversants  – pour moi – sont la mort du père et l’histoire de la petite Aurora, qui verra le jour à cause d’un médecin qui suggère que l’état mental de la mère serait amélioré par le fait d’avoir des enfants…Je crois que ce sont ces événements qui vont définitivement casser quelque chose en Tullia. Casser quelque chose mais lui construire une armure qui nous la fait sembler dure, presque froide. Mais moi je la trouve très attachante pourtant. L’écriture est si subtile qu’elle laisse juste percevoir les émotions si bien gardées, le chagrin si bien retenu. Sa fille Marzia, une peine de plus:

« Quand je m’aperçus de sa disparition – je ne pouvais savoir que c’était la première d’une très longue série – je réfléchis rapidement sur ce qu’il convenait de faire. Téléphoner à son travail et leur dire que je ne me sentais pas bien. Descendre au rez-de-chaussée et passer tout l’immeuble au peigne fin. Au cas où je ne la retrouverais pas, appeler ses amies, en surmontant la honte de déranger leurs parents. La police, je ne voulais même pas y penser. J’aurais fait n’importe quoi pour la retrouver et la ramener à la maison, dans cet appartement où nous vivions seules mais respectables, imparfaites mais contentes d’être ainsi et pas autrement, malgré la directrice adjointe et tous ceux qui n’avaient jamais rien compris à notre monde.

Courage, trop de temps avait déjà passé. J’enfilai en vitesse mes chaussures et me précipitai dans l’escalier. »

cocktail-g3a133beaa_640C’est après plusieurs progressions professionnelles, quand elle sera mise en cuisine, que quelque chose va naître en elle – et j’ai aimé que ça se passe ainsi – et c’est à partir de ce travail que Tullia va muter à tous points de vue.

Pour moi, cette transformation toujours décrite avec la même écriture sobre – ce qui pour moi s’oppose à l’emphase – , est une véritable naissance de cette femme qu’on a suivie comme détachée du reste de la société. Est-ce dû à l’écriture, cette impression? Je le crois et c’est une volonté de l’autrice qui a vraiment trouvé la voix de narratrice-observatrice d’elle-même, la voix  de Tullia. C’est comme si elle se regardait vivre, elle reste à distance d’elle-même et j’ai beaucoup aimé ce choix narratif, qui ressemble à un journal mais en différé. 

C’est un juste et intéressant regard porté sur une femme qui va traverser quelques décennies d’histoire de l’Italie en regardant droit devant. Reste la relation à la mère, la fin de vie de celle-ci et les pages sobres mais bouleversantes pourtant sur la mort de cette mère dure et froide. De très beaux portraits avec toujours une écriture très tonique. Laure Mancini a une voix bien particulière et je l’ai beaucoup aimée, cette voix rythmée, vive, acérée.

640px-Verano_Pincetto_01

Un bon roman avec ce personnage qui en fait n’est pas attachant de prime abord et que l’on doit un peu apprivoiser pour lui tenir compagnie au long de son histoire. Bien construit et très bien écrit sans jamais donner des justifications ou des explications. Juste l’histoire d’une femme, l’idée que s’en construit une lectrice ou un lecteur. Et un personnage dont on comprend bien plus clairement, à la fin du récit de Tullia qu’elle a tenu à distance ses chagrins d’enfant autant qu’elle a pu, jusqu’à la délivrance, la mort de Rosa:

« Je préférais voir en elle la bête qu’elle était, la considérer dans toute son intelligence, craindre une de ses offenses gratuites, me découvrir toujours aussi incapable d’encaisser ces coups bas qui me blessaient tandis qu’elle; ignorant le mal qu’elle avait fait, recommençait à ramasser ses mèches en une tresse sévère. Distraite, lasse de sa propre méchanceté. Mais folle, non, ça, jamais, ce n’était pas possible, folle était une définition intolérable qui manquait de respect à nous tous, plus encore qu’à notre mère.

Elle nous avait créés un à un puis jetés à la rue, jouant de longs fils invisibles que sa maladie tirait pour réduire la distance. C’était elle encore, rusée et dominatrice, qui nous appelait pour régler ses comptes, maintenant que le soleil tremblait, indécis, derrière le store tordu de la salle d’hôpital.

Relève-toi, dis-je sans que personne n’entende, même mes démons. »

Beau livre bien plus riche que ce petit aperçu. En 1949, en Italie, sort ce film:

Entretien avec Anne-Sophie Subilia, à propos de « Neiges intérieures »

Bonjour Anne-Sophie,

Et avant tout, merci d’avoir accepté cet échange à propos de ce petit livre qui pour moi ouvre 2020 avec grâce, intelligence, poésie et néanmoins une certaine noirceur dans cet univers blanc.

S : Le cercle arctique est me semble-t-il, le lieu parfait pour situer une confrontation, plusieurs confrontations. La première est celle entre l’être humain et la nature, celle qu’il ne connaît pas. La narratrice, diariste, oscille entre émerveillement et crainte. Votre choix du cercle arctique est simplement parfait à cause du dénuement et du grand contraste avec les lieux de vie humains. L’habitat recensé est toujours à l’abandon, ce qui a bien sûr un sens dans votre sujet. Parlez-moi du choix géographique, ce qui l’a motivé .

A-S : Neiges intérieures découle d’un voyage que j’ai pu faire dans le Grand Nord en été 2018. Il s’agit au départ d’une résidence d’artistes à bord du voilier Knut, de l’association Marémotrice. J’ai embarqué avec deux compagnons artistes, Rudy Decelière, artiste sonore, et Jean-Louis Johannides, comédien et metteur en scène dont les créations scéniques ont souvent pour sujet le Grand Nord. Nous avons passé un peu plus d’un mois sur ce voilier en mer du Groenland, en longeant la côte ouest de l’île depuis Upernavik jusqu’à Nuuk, la capitale. Notre objectif était de revenir avec une performance dans nos bagages et de la monter dans les quatre théâtres qui avaient accepté d’être nos partenaires.
Le choix de l’Arctique est donc en premier lieu lié à ce projet collectif, qui a abouti à
Hyperborée, une création entre la performance et le film.
Je ne connaissais pas la toundra, mais je nourris depuis de nombreuses années une passion pour la haute montagne qui, par certains aspects, lui ressemble. Je suis attirée par le monde minéral et les glaciers. Je recherche leur compagnie silencieuse, leur dimension élémentaire.

S : Parmi les 6 personnages, deux sont des marins habitués aux climats extrêmes, les quatre autres, non. Les deux premiers imposent les règles – ce qui est logique – les autres sont réunis pour la même mission, mais ne se connaissent pas. Votre écriture rend à merveille les tensions entre eux. Avec en prime un bouc émissaire qui semble faire l’unanimité : C. Les personnalités se confrontent et on voit au fil du récit que les jeux peuvent se renverser, changer, subir des crises et des apaisements. Vous les placez sous le regard de la narratrice, comme sous un microscope mais qui ne serait pas toujours bien réglé ; le choix de ne pas nommer les personnes est très intéressant. Que vouliez-vous exprimer par ce choix des initiales qui dépersonnalise cet équipage ?

A-S : Neiges intérieures met en scène les tensions et les agressions diverses qui peuvent avoir cours au sein d’un groupe d’individus confinés dans un espace commun et privés de leur liberté habituelle. Le choix des initiales s’est imposé assez naturellement pour ce texte. Par cette forme d’anonymat, je sentais que j’accentuais le malaise ambiant. L’initiale, ici, participe des inimitiés. Cela produit un effet. Dans Neiges intérieures, je pense que cela participe à générer une ambiance anxiogène, une méfiance des personnages entre eux, jusqu’à cette forme de dépersonnalisation et d’austérité, presque un décharnement des personnages. Pour moi, leur donner un prénom aurait été très artificiel ; je ne le souhaitais pas ; cela ne produisait pas le même effet et ne me convenait pas. Cela me semblait même réducteur. Pour autant, je me suis rendue compte qu’une initiale n’avait rien d’anodin. C’est un signe graphique et un phonème, un élément sonore qui produit un effet. Lire et prononcer la lettre « Z. » n’a pas le même effet que dire « S. », « C. » ou « N. ».
En contraste, trois prénoms vont parcourir le texte : Diana, Martha et Vania, le frère d’âme. Ils ne sont pas sur le bateau, ils sont loin. L’
invocation de cette « triade » a un effet bienfaisant, presque magique, sur la narratrice. Il s’agit d’êtres pour lesquels elle éprouve ce sentiment rare, une affinité naturelle, sans effort ni explication. Il se trouve que là aussi, la scansion rimée de ces trois prénoms peut produire un effet à la lecture.

S : Je voulais évoquer avec vous la place du corps dans cette histoire, mis à mal dans cet espace minuscule du bateau au confort de base, mais aussi au-dehors. Froid, alimentation peu variée, hygiène minimaliste et peu d’intimité. Notre diariste évoque ça de manière prosaïque, parce qu’il n’y a pas d’autre manière de parler de nos fonctions naturelles et ces passages décrivent notre humilité contrainte face à notre corps, nous ramenant à une réalité que nous n’aimons pas. Les doigts gèlent, on fait pipi comme on peut, on a les cheveux sales et on ne sent pas très bon. J’ai admiré cet aspect de l’histoire , indispensable pour rendre le récit parfaitement crédible .

A-S : C’est peut-être une envie rabelaisienne de ma part ! Le souhait d’aborder ces diverses dimensions avec un même intérêt et selon une égalité de traitement, sans gêne ; la volonté d’employer un langage direct pour les choses du corps, les besoins naturels. Ce roman reproduit le journal d’expédition. Or, dans un journal ou un carnet personnel, il me semble que c’est bien cette variation constante qui fait la force du genre. Les rubriques sont très diversifiées ; des notes météorologiques côtoient des observations plus acides sur la vie à bord ou encore des paragraphes contemplatifs, plus poétiques. Ma diariste juxtapose ces matières.
Moi-même, je ne peux pas nier l’intérêt que je porte aux liaisons entre corps et psyché. Aux mondes intimes dont les corps sont parfois le reflet. Pourquoi le corps serait-il relégué au second plan, lui qui se trouve le premier exposé par les conditions du quotidien (et ici, du voyage) ? Sur un bateau, de même qu’en altitude ou lors de certains voyages qui nous engagent physiquement, il y a une certaine prouesse du corps. Un récit de voyage à pied, par exemple, ne fera certainement pas l’impasse sur les altérations et les défis du corps au fil du chemin. Dans
Neiges intérieures, le corps, l’esprit, le monde sensible et intime sont d’autant plus indissociables et solidaires qu’ils ont à faire avec un quotidien très peu familier, qui les mettent à mal. Leur mise à mal ne peut pas aller sans conséquences sur la pensée. Je voulais mettre en scène cette détresse.

S : J’aimerais finir avec la forme et l’écriture de ce livre. Ce journal, est non seulement le récit des jours, du voyage, des paysages et des sentiments, mais aussi une réflexion souvent d’une grande poésie sur les relations humaines, et sur la solitude. Ce qui la motive quand elle est voulue, comment elle survient, comment et pourquoi on la choisit ou la repousse. La solitude intérieure a émergé nettement, parfois floue et indescriptible. Aucun des équipiers durant l’expérience n’a créé de liens durables , la diariste a souffert en silence, comme chacun des autres à un moment donné. Il n’y a pas eu de proximité profonde qui se soit créée. Si elle a découvert en particulier le « jardin secret « de Z., si la fin montre un échange, des émotions fortes, même si ça laisse des traces en chacun, ce sera sans suite . Un peu désespérant, ou bien c’est juste ainsi ? Nous sommes intrinsèquement seuls et devons vivre au mieux avec cette condition ?

A-S : Effectivement, ce livre met en scène des solitudes. Diverses formes de solitude. Il n’est pas question de connivences ni de complicité. Les quelques instants de bien-être partagés ne durent pas. Il y a une vraie violence dans cette absence d’affinités naturelles. Ce livre ne cherche pas à inventer des unions là où il n’y en a pas. Assister à nos solitudes mutuelles peut provoquer un sentiment de compassion, mais cela ne génère pas pour autant un lien.
Cela dit, en abordant les choses ainsi, par contraste, je pense que cela révèle d’autant plus le caractère merveilleux et inouï des vraies connivences naturelles, dont il est question quand la narratrice tombe, stupéfaite et émue, sur un petit ouvrage appartenant au capitaine : le petit traité sur l’amitié de Ralf Waldo Emerson. Mes six personnages se seraient-ils mieux entendus s’ils n’avaient pas été coincés à bord d’un voilier au-delà du cercle polaire ? La question reste ouverte.
Neiges intérieures questionne les conditions d’émergence d’une amitié. À sa manière, c’est aussi un livre sur l’amitié.

S : En lisant, je me suis demandé quel était le regard porté par les autres sur la narratrice, parfois si rude, si sévère voire cruelle avec les autres – en pensée certes, mais pas seulement, en particulier avec C., sa seule congénère femme – On ne peut être sûr qu’elle voit bien et juge bien, non ?

A-S : C’est vrai. Et c’est aussi cela que le texte dit : l’immense subjectivité d’un regard et d’une perception – et sa responsabilité quand il s’agit de rendre compte du réel. C’est quoi le réel ? Ma narratrice-diariste n’écrit pas un journal scientifique ; elle tient son journal personnel, grâce auquel elle trouve un moyen de subsistance ; elle y détaille ce qui l’entoure. Les conditions d’écriture et les états qu’elle traverse ne lui permettent pas d’atteindre une équanimité. C’est vrai que c’est un choix de ma part de reproduire cette subjectivité, qui peut être tout à fait erronée puisqu’elle n’a guère de contradicteurs. Pour autant, j’ai l’impression que les lecteurs peuvent sentir par eux-mêmes comment les autres perçoivent la narratrice et à quel point tout individu échappe, finalement, à la possibilité d’être appréhendé de façon certaine et absolue.

S: Anne-Sophie, je vous remercie d’abord pour ce livre très marquant et pour moi pour avoir pris le temps de me répondre