« Si on lui avait demandé quand exactement tout avait commencé, Snowe aurait dit que c’était au moment où il avait frappé le toxico devant la pharmacie DaVinci. Depuis environ une semaine il se sentait…réceptif. Comme s’il pouvait ressentir les émotions des autres. »
Iain Levison n’est pas un auteur prolifique, son dernier roman paru – « Arrêtez-moi là » – date de 2011. C’est donc toujours avec impatience que je guette le petit dernier. J’ai lu tous ses romans, plus l’excellent récit de sa jeunesse, « Tribulations d’un précaire ». Je n’ai jamais été déçue. J’ai une affection particulière pour « Trois hommes, deux chiens et une langouste » . J’avais trouvé aux personnages quelque chose de ceux du Big Lebovsky, un vrai bonheur ! Je crois que j’aime à chaque fois la finesse de cet auteur, son habileté, son humour, et au bout du compte, son talent à m’accrocher à ses histoires sans coup férir.
Ici, il nous plante deux télépathes : un gentil flic du Michigan, Snowe, un tueur de flic qui moisit dans le couloir de la mort, Denny, et une agente du FBI, Terry, manipulatrice en chef, qui va se servir de l’un puis de l’autre. Elle, a un cerveau inatteignable. C’était un peu « casse-gueule », la télépathie, rendre ça crédible…Mais comme c’est malin et réussi ! Le sujet, comme le titre l’indique, c’est « ceux » qui savent tout de nous, parce qu’ils nous surveillent, et nous suivent partout. Le titre original est « Mindreader », le titre français n’est pas ce qu’il y a de mieux, je trouve, mais il ne faut pas s’y fier.
Je ne parle pas plus de l’intrigue ( vous pouvez en avoir un parfait résumé dans la vidéo de l’interview au bas de l’article ) ; elle se déroule sur 231 pages, car Levison est adepte du format court qu’il maîtrise parfaitement. Une traque, une course poursuite, à qui sera le plus malin. Cette idée de télépathie passe toute seule parce qu’il est bon, Levison, et qu’il nous amène ça avec un naturel épatant et l’air de rien il raconte des choses très intéressantes et effrayantes, avec beaucoup d’humour, mais en maintenant un bon suspense. C’est l’angoisse, quand même, cette idée qu’on puisse entendre tout ce que pensent les gens tout autour, quel effroyable brouhaha ! Devenir une gigantesque oreille…ça rappelle quelque chose, non ? Alors Snowe demande à travailler seul, puis il va rencontrer Denny, et ils ne parleront plus, pas besoin…Si cette capacité a des côtés sympathiques ( la drague, par exemple…ou comment éviter de prendre une veste), ça devient vite infernal. Mais en tous cas, cet argument permet à Levison de mener son histoire sans qu’on s’ennuie une seule minute. Tout ça est intelligent, et assez incorrect. On trouve assez vite Denny pas si affreux que ça, Snowe est adorable et Terry est monstrueuse. Terry en fait parle ainsi :
« Voilà ce qui arrive quand on engage des petits génies qui viennent de chez les bouseux et n’ont pas fait d’études supérieures, pensa Terry. C’est à l’université qu’on apprend à ne pas répliquer à son patron. Encore deux ans et notre département va partir en couilles avec tous ces petits branleurs super intelligents et gravement indisciplinés… »
Les rôles s’inversent, les masques tombent devant le lecteur, moi je trouve ça jubilatoire. Tous les dangers se présentent pour ce bon vieux système, le télépathe devient un outil de surveillance et de contrôle, mais aussi:
« Même le plus docile et le moins imaginatif commençait à poser des questions. Pourquoi les riches sont riches, pourquoi les puissants commandent ? Quelque chose dans leur don de lire les pensées des autres les faisait remettre en question les structures sociales mêmes qu’ils avaient toujours considérées comme allant de soi. »
Contente d’avoir retrouvé Iain Levison en grande forme, un vrai plaisir !
Ici, très bonne interview de l’auteur:
Je vous mets un lien sur la recherche dans le domaine de la télépathie. Qui nécessite toute une installation technique de câbles et de connexions. Enfin…C’est vous qui voyez !
Voilà qui me tente ! Je n’ai pas lu tout Levison, quelques-uns seulement, deux je crois, mais avec grand plaisir. Derrière son humour, il sait bien aussi envoyer quelques coups de griffe dans notre beau décor.
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Ah oui, c’est certain. J’ai beaucoup aimé, parce que tout est bien mené, bien dit, pas d’ennui, pas de baisse de tension, bref, bon ! Je dirais, pour moi, comme d’habitude. De toutes façons il n’a sorti – en tous cas ici – que 6 livres en comptant celui-ci.
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Tiens, un livre court, ça me parle assez et le lien avec la surveillance des états est intéressant.
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Si tu ne connais pas, je te conseille. Je pense aussi que « Tribulations d’un précaire » te plairait ( et peut-être tous ses livres…).Ce que j’aime, chez Levison, c’est sa finesse; parfois les démonstrations sont lourdingues et du coup le message reste indigeste. Ici, tout passe de façon simple, claire et en plus, drôle. Vraiment c’est plaisant à tous points de vue. Et ce n’est que mon avis !
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On a beau le savoir, quand on y réfléchit ça fiche la trouille cette googelisation du monde… et on ne peut pas y échapper, c’est terrible. Georges Orwell avait raison !
Je ne connais pas cet auteur mais tu me donnes envie de le lire, comme à chaque fois que tu évoques un livre qui t’a plu.
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Si tu savais comme le commentaire que tu me mets ici me comble ! Mon idée, outre de partager, c’est de faire connaître des auteurs qui à mon avis méritent le détour. Quand on me dit que je donne envie de lire, ça, ça me réjouit ! Je n’ai aucune autre intention. Alors merci ! Et oui, Levison, c’est chouette. Un film vient de sortir adapté de son précédent roman, « Arrêtez-moi là »; je ne sais pas si je le verrai, mais le livre fut une bonne lecture.
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Bien sûr, je le lirai. Ton article donne envie, je suis d’accord avec les commentaires ci-dessus. Le sujet m’intéresse, par ailleurs. Donc je vais cliquer sur le lien d’info que tu proposes. Merci
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C’est vraiment un auteur très agréable à lire pour sa finesse et son humour entre autres en traitant de choses graves. Quant à la télépathie, rien de « magique », les chercheurs…cherchent, ma foi !
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Écossais très sympathique,rencontré il y a quelques années à Etonnants Voyageurs.
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ça ne m’étonne pas, qu’il soit sympa; j’aime bien ces auteurs qui ont rencontré la « vraie » vie, celle qu’il raconte dans les « Tribulations d’un précaire », comme Craig Johnson, qui est tellement chaleureux.
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Bonjour Simone, un écrivain sympathique qui ne m’a pas encore déçue. Celui-ci est très bien et le suivant paru récemment, Pour services rendus, est aussi très bien. Il sait se renouveler dans ses histoires. Bonne après-midi.
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Pareil pour moi, pas encore lu le dernier, mais ça viendra !
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