« Dark Horse » de Craig Johnson, Gallmeister, traduit par Sophie Aslanides

dark horse exe seule tel-2Je l’attendais avec impatience, et des nouveaux romans que nous avons acheté, c’est le premier que j’ai voulu lire. D’autres titres me tendent les bras, mais avec celui-ci, je savais que j’allais voyager, rire, et retrouver ce beau personnage, Walter Longmire, il allait bien à mon humeur du moment… Egal à lui-même dès les premières lignes, avec son chapeau, son chien assis sur ses pieds, mon shérif préféré fait une rencontre qui amène un de ces dialogues extraordinaires avec un fermier du coin…et voilà, on le suit, on se laisse entraîner dans des situations épineuses, auxquelles il fait face avec distance et sang-froid. Toujours la même humanité profonde, chez Johnson, et un tableau de cette Amérique rurale et désertée. Ainsi parle-t-il de la « ville » où Longmire va enquêter :

« Je quittai la route asphaltée pour un chemin de terre parallèle
aux voies de chemin de fer et garai la voiture de location dans
l’ombre d’une usine abandonnée sur laquelle on lisait LE MEILLEUR
DE L’OUEST, mais peut-être n’était-ce plus vraiment le cas. Il était
vrai qu’ils avaient changé le nom de Suggs en Absalom pour
relever la réputation de la ville, faire oublier son passé douteux,
mais je ne pouvais m’empêcher de penser que, sous un nom ou
sous un autre, cette ville survivait depuis longtemps par miracle,
et que le temps de passer à la caisse était venu. Je laissai les
fenêtres entrouvertes pour le chien et me trouvai en face de ce
qui semblait être le seul local commercial en activité de la ville.
Le AR avait été BAR à une certaine époque, mais la mauvaise
qualité de la menuiserie et le vent omniprésent avaient changé
son nom, ou bien le B avait peut-être décidé d’aller faire la
bringue ailleurs. [ …]
Sur un panneau tracé à la main on lisait :
ABSALOM BAR – LA OU LE TROTTOIR S’ARRETE, LES SENSATIONS FORTES COMMENCENT […]
Il y avait encore des poteaux d’attache devant le AR, ce qui
était pratique parce qu’il se trouvait des chevaux devant le AR.
Un rouan à l’oeil vif et un quarter horse somnolent tressaillirent
lorsque je posai un pied sur les marches en bois. Le cheval à
la robe gris souris avait un oeil voilé, et il tourna la tête pour
me regarder avec l’autre oeil, le bon, tandis que l’autre cheval
retournait à sa sieste sous le soleil d’octobre, son sabot arrière
droit levé pour se détendre, dans la même pose que les starlettes
de l’ère précédant le Technicolor quand elles recevaient un
baiser. Je tendis une main, et le doux duvet de son museau
caressa mes doigts. Je revis un cercle dessiné autour d’un oeil et
je repensai au dernier cheval que j’avais approché d’aussi près et

à la manière dont il était mort. » 

Il est ici beaucoup question de chevaux, et « Dark Horse », cheval noir, est une expression qui n’a pas d’équivalent en français, la traductrice nous donne en note les sens

– un participant très peu connu qui se fait remarquer de manière inattendue

 – un participant à une compétition auquel on accorde peu de chance de réussir

 – une personne qui se dévoile très peu; en particulier, qui a des capacités ou des talents inattendus.

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 Ici domine l’amour des chevaux, le respect quasi général pour ces animaux, dans cette région où le ranch est une activité importante; la seconde partie est une course poursuite entre des camions, des chevaux et des hommes ( sans oublier le chien…), véritable western moderne, où l’écriture de Craig Johnson déploie toute son énergie, tant dans les descriptions des lieux que dans les sensations physiques des personnages, bien endommagés par les évènements!

Et je ne parle pas des dialogues entre Walter et son adjointe Vic, ou Henry Standing Bear ( même s’il est peu présent dans cette histoire ), je vous aurais bien fait profiter de quelques morceaux d’anthologie, mais…vous n’avez qu’à le lire !

Je n’aime pas finir les livres de Craig Johnson, c’est comme quitter un ami…

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3 réflexions au sujet de « « Dark Horse » de Craig Johnson, Gallmeister, traduit par Sophie Aslanides »

    • c’est un beau livre, et, surtout au début, il a fait dire des choses à ses personnages, franchement, je riais comme une baleine…si tant est que les baleines rient, n’est ce pas ? Non, vraiment, le livre qu’il me fallait cette semaine. L’écriture est précise, et il prend son temps pour raconter. C’est bon, à lire à l’ombre du grand tilleul en écoutant les oiseaux, en prenant son temps comme l’auteur C’est lié au Wyoming, sans doute; on est loin des grandes métropoles américaines où tout se déroule dans le bruit, la foule…Intéressant et pour l’instant, jamais décevant

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