Je viens juste de fermer ce beau roman, assez étrange, parfois envoûtant, parfois un peu maladroit, mais beau…J’ai trouvé que c’était un livre sur la solitude, sur l’état d’abandon, et comme si souvent dans la littérature américaine, sur la rédemption… Ivy Pochoda peint là un tableau poétique d’un quartier qui semble détaché du reste de la ville, isolé comme une île, avec cette eau, cette baie, et ces docks abandonnés dont on annonce la résurrection avec l’arrivée des paquebots.
Galerie de portraits, de personnages attachants…j’ai particulièrement aimé Fadi, l’épicier libanais, prototype de l’humaniste qui cherche la réconciliation et l’harmonie; Cree et Ren surtout. Ren et ses fresques animées qui montrent aux habitants du quartier ce qu’ils ont sous les yeux et qu’ils ne voient pas ou plus…Sous un faux air de roman noir – mais la mort inexpliquée de June n’est qu’un prétexte – l’auteure décrit la vie de ce quartier hanté par le passé, Red Hook, ancien port de New York, des adolescentes esseulées, des jeunes garçons déjà marginalisés, clochards, alcooliques, paumés de toutes sortes et tous en attente de jours meilleurs, symbolisés par la réhabilitation du port .
L’écriture au présent me gêne un peu, elle donne une voix un peu atone au texte, les monologues intérieurs de Val, 16 ans, sont naïfs ( mais elle a 16 ans ! ), le côté un peu surnaturel n’est pas toujours nécessaire, mais quand même, c’est un joli livre, qui m’a touchée par cet état de solitude chez les êtres qui se croisent, s’affrontent, avec bienveillance ou pas, mais toujours s’affrontent. Les rêves d’ailleurs et d’autrement qu’on croit apercevoir à l’horizon, juste parce que c’est de l’autre côté, juste de l’autre côté…
J’ai beaucoup aimé ce roman aussi… C’est très vrai ce que tu dis sur ce quartier qui semble flotter comme une île au large de la ville.
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C’est drôle, j’ai lu ton article sur ce livre ce matin, en principe je regarde après lecture et non avant…C’est surtout le sentiment de solitude profond qui m’a touchée, rendu certainement par l’écriture au présent – même si elle me dérange un peu -, et ce quartier comme détaché du reste, ces gens qui regardent la ligne de crête des immeubles de Manhattan comme si c’était inabordable à leurs vies…c’est tellement subjectif, ce qu’on ressent en lisant…
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