Cette petite histoire « illustrée » du trafic de drogue en Californie du Sud – SoCal – m’a beaucoup fait rire, et je l’ai vraiment trouvée COOL !
Chapitre 1
« Fuck me. »
C’est le premier livre que je lis de Don Winslow, et ça a été un bon moment de détente, un plaisir un peu régressif de découvrir cet auteur qui s’amuse avec la forme, les standards du genre, les références historiques ( musique, cinéma, politique, etc…il faut suivre avec les notes de bas de page, mais on s’en sort ! ) et qui dézingue au passage quelques clichés de manière bien sentie. Tout commence avec le trio d’amis, Chon , soldat des guerres de son temps, Irak, Afghanistan, qui n’envisage de solutions aux conflits que par la violence , Ben, qui croit au karma et préfère la négociation , la discussion et l’astuce et O, Ophélia, amie d’enfance de Chon, belle à croquer qui cherche son papa.
« Chaos ( n, du grec Kaos ): état sans forme ou de vacuité totale précédant la création de l’univers. » .
Winslow, des années 60 à nos jours remonte à l’origine d’un phénoménal trafic de drogue, retraçant ainsi la vie des protagonistes, le tout dans un style un peu bizarre, mais qui quand on y est entré ( 306 chapitres sur 400 pages ) donne un rythme particulier à la lecture , vivant et nerveux. J’ai rigolé aux acronymes qu’inventent nos trois héros, comme LVR ( Les Vieux Règnent, un des personnages ) , Rapu ( Reine Agressive Passive de l’Univers, mère d’O ), mais surtout LJD, Lesbienne Jusqu’au Diplôme, ou DDAM, Des Doudounes À Mourir, et j’en passe. C’est bête, mais ça me fait marrer ! Tout ceci est le moyen le plus distrayant pour faire passer deux ou trois idées sur ces années-là, sur cet univers de corruption à tous les étages, laissant tout de même nos trois jeunes gens un peu au-dessus du marigot; on leur pardonne parce qu’ils s’aiment, vraiment et sincèrement et quoi qu’il arrive.
Ceci étant dit, sous des dehors de roman pittoresque, avec des méchants et …des méchants, et puis nos héros, Winslow parle de ces décennies qui ont vu les hippies peu à peu rentrer dans un monde bourgeois, il parle de ces guerres incessantes ou le meurtre est un devoir, des réchappés estropiés de ces combats, décrit le business de la drogue, Supermarché où beaucoup font leurs courses et leurs fortunes, il parle aussi de la quête d’amour et de reconnaissance sociale à travers les personnages féminins, Kim / Rapu, Diane et surtout O, qui cherche encore et toujours son papa, touchante O. Enfin, il n’y a pas que de la rigolade bon enfant ( on en est même assez loin, avec cet humour noir et un tantinet cynique…j’aime !)
« Qu’est-il arrivé?
Tu commences par essayer de créer un monde nouveau et en peu de temps tu te retrouves à simplement rajouter une bouteille à ta cave, quelques mètres carrés à ta véranda, tu te vois vieillir et tu te demandes si tu en as mis assez de côté pour ça et soudain tu te rends compte que tu as peur des années qui t’attendent qu’est-il
Arrivé?
Watergate, Irangate et Contragate, scandales et corruption en veux-tu en voilà et tu te dis que jamais tu ne finiras corrompu mais le temps te corrompt, il corrompt aussi sûrement que la gravité et l’érosion, il t’use et t’use à petit feu et tu te dis, fils, que le pays était tout bonnement à ton image, juste fatigué, juste usé et épuisé, par les assassinats, les guerres, les scandales, par… »
et cela continue ainsi et c’est un chapitre ( 246 en entier) vraiment bon du livre, comme le chapitre 242, dans un autre genre, où Winslow décrit brillamment une bagarre au corps à corps, remarquable de justesse.
En fait, eh bien c’est clinquant, mais ce n’est pas creux, bien loin de là, l’auteur parvient à faire en même temps un livre d’action (plutôt qu’un thriller, je trouve) et un livre d’histoire désabusé,…cool !
« Dans l’OC ( Orange County ), tout le monde a une licence d’agent immobilier.
Absolument tout le monde.
La moindre épouse-trophée frimeuse qui a besoin d’une « profession » pour se remonter l’estime détient une licence. le moindre surfeur traîne-savate qui a besoin d’une source de revenus ( c’est-à-dire tous ) détient une licence. Les chats, les chiens, les gerbilles détiennent des licences d’agents immobiliers. »
J’ai beaucoup aimé et ça m’a fait du bien de rire un peu; Winslow sera aux Quais du Polar cette année, occasion pour moi d’acheter d’autres de ses livres ( « Les griffes du chien » ? » Savages » ? ou d’autres titres, donnez-moi votre avis ! )
La fin :
» – Seigneur Jésus, souriez, la vie est belle !
Il s’essuie la bouche avec une serviette en papier, les reluque des pieds à la tête et déclare :
– Qu’est-ce que je donnerais pas pour être vous. Vous avez pour vous la jeunesse, l’argent, les tenues cool, les filles. Vous avez tout. Vous êtes des rois.
306
C’est nous, ça, pense Ben. »
Et en musique, page 148, chapitre 81
« – Tu crois qu’il y a du fric à se faire avec l’herbe ? L’herbe, c’est pour les Juniors, la coke, c’est Wall Street. Le trip hippie est terminé : peace, love, tu te les fous au cul. Jimi : mort. Janis : morte. Désormais c’est « Sympathy for the Devil ». »
WaaaaH, les Stones! As-tu déjà vu One+One de Godard? Il a filmé la création de ce morceau mythique en 1968. A part ça, avec tous les « gate », on est sur la même longueur d’onde cette semaine 😉 !
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Non, pas vu, mais faudrait…Je voulais une autre vidéo, plus anciennes, mais celle que j’ai trouvé ( Los Angeles, 1968 ) était de très mauvaise qualité; dommage, le concert était sous surveillance des Hell’s Angels et le public était dans un état pi-toy-able ! )
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Pourquoi ne suis je pas convaincue ? (je n’ai jamais lu cet auteur), peut-être le nombre et la brièveté des chapitres ? l’avenir « rangé » de ses héros ? Le mélange des genres ? Je ne sais pas vraiment mais je ne suis pas tentée…
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Ah ! Je te concède que c’est assez spécial, et ce n’est pas un genre qui peut plaire à tous ! J’ai des goûts très éclectiques, que ce soit sur les genres et sur les styles, alors forcément ! C’est ce qui est intéressant dans les échanges sur les blogs.
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Oubli : merci pour les réponses à mes commentaires d’hier !
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Mais c’est la moindre des choses ! 😉
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Alors c’est un auteur qui se renouvelle beaucoup parce que « La griffe du chien », ça n’est pas cool du tout…
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Je te dirai quand je l’aurai lu. Cool est drôle ( ou alors j’ai un humour déviant !!! ), mais cynique et noir; l’univers de la drogue n’est pas cool, le terme est ironique, c’est sûr !
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Je ne connais pas, mais puisque le roman se passe en SoCal, je devrais sans doute le lire. Merci encore pour tout le temps que tu nous offres avec tous ces livres que tu nous décris si bien.
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Winslow, c’est « spécial », ça ne peut pas plaire à tous, il faut essayer! Comme il est aux Quais du Polar cette année, je voulais le lire ( euh…je ne vais pas arriver à tester tous les auteurs invités…hélas ! )Pour le reste, c’est une des choses, ce blog, que je fais avec plaisir, et tu sais tout le bien que je pense de mes copines blogueuses .
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