Premier volume d’une trilogie consacrée à Sean Duffy, flic catholique dans une police protestante. Cet excellent roman se déroule en 1981, à Carrickfergus en Irlande du Nord. Le gréviste de la faim Bobby Sands vient de mourir. Le pays est en pleine guerre civile et Sean Duffy va se trouver confronté à d’étranges meurtres faisant penser à un tueur en série qui s’en prend aux homosexuels : mains coupées échangées, mystérieux messages musicaux…mais il n’y a jamais eu de serial killer en Irlande ! A quoi viennent s’ajouter des suspects homosexuels ou d’autres qui les haïssent et des connexions mafieuses et /ou politiques.
Bel imbroglio qui mène le lecteur, en compagnie de Duffy, sur une multitude de pistes, de soupçon en soupçon, de meurtre en meurtre et de bombe en bombe.
Car l’ambiance de la région est tendue, pour le moins. La guerre civile et ses figures historiques sont ici plus qu’un décor, ils sont la ligne conductrice de toute l’histoire, des personnages d’une importance majeure. La complexité de cette situation politique et sociale est très bien rendue, quitte à s’y perdre un peu tant tout s’emmêle. J’ai aimé la façon qu’a McKinty de raconter ces évènements, comme de nombreux autres écrivains irlandais, à savoir avec un humour caustique, noir, et au fond très désabusé. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser au formidable « Eurêka Street » de Robert McLiam Wilson, que j’avais adoré. L’histoire de l’Irlande est une suite de tragédies d’où sont sorties des œuvres extraordinaires et des écrivains hors pair.
« J’ouvre grand les yeux. Dehors, la pluie déborde des gouttières, s’accroche aux carreaux comme une femme battue à un mauvais mariage. »
Peut-être plus qu’un roman policier, ce livre est la description sans concessions d’une époque d’une violence incroyable, vécue par la population avec un sang froid et un flegme impressionnants. Les scènes où la police en voiture reçoit des litres de lait et autres projectiles balancés des fenêtres, la façon dont le voisin protestant de notre flic catholique finit par l’inviter à sa table, certains dialogues dénotent une habitude de vivre ainsi, entre les voitures qui brûlent et les bombes qui éclatent :
« Il ouvre la bouche pour dire quelque chose, ne sait plus quoi et la referme avec une expression pétrifiée.
– Allez, crache, mon vieux ! je lui dis.
– C’est à dire que…je me demandais juste ce que je devais faire si l’IRA nous attaquait en votre absence.
– Vous sortez les mitraillettes et vous répliquez. Et vous ne tuez aucun contribuable, OK ?
Hochement de tête. »
Le dénouement de l’histoire n’en est pas vraiment un, car même si un coupable est déniché, avec une explication des meurtres très éloignée de ce qu’on a pu imaginer, l’auteur malin sait faire désirer le livre suivant, que je vais essayer de lire très vite et qui s’appelle : « Dans la rue j’entends les sirènes », titre prometteur !
Encore un sur ma liste, maintenant que vous m’avez mis en appétit.
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C’est un livre pas évident à lire; cette histoire irlandaise, avec tous ces groupes armés, c’est assez compliqué, mais néanmoins, les auteurs irlandais sont parmi mes préférés, quel que soit le genre choisi, polar ou non.La façon d’écrire assez nerveuse de celui-ci rend très bien le chaos du pays.
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Je les avais beaucoup aimé tous les deux !! Les chroniques sont à dispositions !
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J’y cours ! J’avais lu des choses sur « Encore du noir », un blog que j’aime beaucoup, je vais lire chez toi aussi
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