« L’interprète des maladies » de Jhumpa Lahiri – Mercure de France, traduit par Jean-Pierre Aoustin

Toujours sur les conseils d’Evelyne, je viens de finir ce recueil de nouvelles.

Jhumpa Lahiri appartient à la dialinterprète_des_maladies20100423spora bengali; née en 1968 à Londres, elle vit à New York et a obtenu en 2000 le prix Pulitzer pour ce livre, dont les personnages, comme elle,  sont presque tous des Indiens déracinés, vivant dans le mélange des cultures, avec leurs déchirements et leurs conflits de toutes sortes. Calcutta, Londres, New York…Quand ils disent « chez nous », c’est en Inde. Jhumpa Lahiri explore leur nostalgie, douce ou violente, accompagne leurs premiers pas en terre étrangère, leur solitude, leurs surprises. Certains personnages sont très touchants, comme Mme Sen et son chagrin :

« Eliot, si je me mettais à crier à tue-tête, est- ce que quelqu’un viendrait voir ce qui se passe? »

Eliot haussa les épaules : « Peut-être. 

– Chez nous, tu sais, tout le monde n’a pas le téléphone, mais on n’a qu’à élever la voix ou exprimer la moindre peine ou la moindre joie, et tout un quartier plus la moitié d’un autre viennent s’informer de ce qu’il y a et proposer leur aide… »

ou Bibi Haldar, épileptique en mal d’amour. J’ai beaucoup aimé la dernière nouvelle, « Le troisième et dernier continent » , peut-être la plus apaisée, la plus optimiste. L’auteure y dépeint très bien ce « choc » des cultures qui au fond n’en est un que si on y met de la mauvaise volonté de part et d’autre; à travers ce mariage organisé typiquement indien et cette logeuse centenaire anglaise, qui contribuera à ce qu’on appelle « l’intégration » du couple dans ce pays d’adoption mais surtout à leur véritable rencontre amoureuse, Jhumpa Lahiri démontre que le vivre ensemble est possible, et que l’espoir est permis ( le livre a été traduit en France en 2000 ).

indienneL’ensemble est plein d’un humour très fin, plein aussi de scènes et d’odeurs de cuisine, de tiroirs d’où sortent des saris colorés, du bruit des bracelets aux bras des filles…

J’ai beaucoup aimé ce livre, sans pesanteur et très sensible.

L’art de la nouvelle est difficile, je sais que beaucoup de gens n’aiment pas ça, ressentent une frustration en les lisant. Jhumpa Lahiri réussit fort bien un recueil construit, cohérent, une belle boucle sur un beau sujet , qu’elle maîtrise parfaitement.

4 réflexions au sujet de « « L’interprète des maladies » de Jhumpa Lahiri – Mercure de France, traduit par Jean-Pierre Aoustin »

    • Même si Jhumpa Lahiri est née et a grandi en Angleterre et aux USA, je pense que comme partout, les expatriés se retrouvent et elle a su parfaitement absorber cette double culture qui rend riche. J’ai vraiment aimé. Indien en Inde, j’ai lu il y a longtemps « Le grand roman indien » de Shashi Taroor, j’avais beaucoup aimé.

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