Claire Keegan, dans Le Monde du 6 Décembre 2012, dit à propos de la nouvelle :
« La nouvelle, c’est un petit caillou qui tombe dans l’eau, dit-elle. Ça ne fait pas un grand « splash », mais ça provoque des ondes et des ridules qui n’en finissent pas de courir à la surface. Il n’y a rien de bruyant là-dedans. Une bonne histoire est une histoire silencieuse…«
Ballade irlandaise, avec Claire Keegan et ce recueil de nouvelles. Elles sont qualifiées parfois de « fantastiques » . C’est sans doute dû à cette Irlande de légendes, de génies, de superstitions, au fait que les personnages rêvent beaucoup durant leur sommeil, et que ces rêves emplissent leur quotidien. Mais aussi parce que cette ambiance très étrange est rendue par une écriture épurée qui dit en peu de mots bien choisis des vies arrivées à un point décisif, des êtres en arrêt au moment de faire un choix, comme Margaret au bord de la falaise ( « La nuit du sorbier » ).
Pas de lien entre ces nouvelles, si ce n’est cette terre et ses âmes. Très étrange aussi le côté intemporel, sentiment d’être hors du temps, juste dans les pulsations des cœurs qui battent.
Comme elle le dit elle-même, Claire Keegan se place derrière ses personnages et observe. Ainsi, chaque pensée est saisie au vol, sur le vif, mettant à nu les failles de chacun.
J’ai beaucoup aimé « La nuit du sorbier » ( la plus longue du recueil, celle qui pourrait satisfaire celles et ceux qui n’aiment pas le côté frustrant de la brève nouvelle ! ). Le personnage de Margaret est très attachant, sa rudesse reflète sa souffrance et quelle drôle d’histoire tout de même !
« Elle était heureuse qu’il y ait des esprits fêlés parmi les humains.[…]Ainsi, la folie et la raison revenaient au même, a pensé Margaret. Parfois tout le monde était dans le vrai. La plupart du temps, chacun, esprit sensé ou esprit fêlé, trébuchait dans le noir, tendait ses mains vers quelque chose qu’il voulait sans même le soupçonner.«
Je comprends que certains lecteurs aient pu voir du fantastique dans cette nouvelle, mais encore une fois, l’Irlande est une terre de sortilèges qui imprègnent les existences, surtout dans les campagnes où le vent porte la plainte de la banshee.
Des histoires cruelles – c’est peut-être un point commun entre toutes finalement – mais on y sourit aussi, ainsi de Stack et Joséphine, ce drôle de couple. On a du mal à imaginer que cette histoire se déroule au XXème siècle et pourtant oui…
Dans « La fille du forestier » et « Le cadeau d’adieu » c’est la relation filiale qui déchire les protagonistes, adultes et enfants.
J’ai aimé l’impression de silence, de mots chuchotés tout au plus; quand certaines histoires sont très sonores, ici, c’est tout juste si on entend siffler le vent sur la lande. Ainsi ressent-on une intimité avec les personnages, mais aussi avec la narratrice.
Une jolie découverte, écoutez parler Claire Keegan :
Ca me donne bien envie, même si je traverse plus une période écosse en ce moment. D’ailleurs j’ai craqué, je suis retombée dans la folie Peter May, j’ai commencé « L’île du serment »… Aie aie aie yé crois qué yé souis foutue.
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Han ! La chance ! j’ai plus de sous, j’attends…
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Moi j’ai vidé mes comptes pour le permis et la voiture, d’autant que j’ai du avancer la part de mon chéri parce que son virement n’arrive pas.
Niveau financier je suis au fond du seau…
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heureusement que tu as les services de presse…Sale saison pour les comptes en banque !
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Ah la richesse des esprits fêlés…et d’ailleurs, n’est-on pas toujours l’esprit fêlé de quelqu’un? 😉
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Ah ça, certainement ! Dans ce livre, ils ont la part belle, les esprits fêlés et les coeurs brisés…
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J’ai lu « L’Antarctique » de Claire Keegan en novembre, j’ai trouvé ses nouvelles très inégales. Mais votre description de ce nouveau recueil donne envie de lui donner une seconde chance…
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Pour moi, c’était une découverte; certaines nouvelles sont meilleures que d’autres(me parlent plus?), mais dans l’ensemble, j’aime !
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Je suis en train de le finir et je l’aime beaucoup. Chronique début 2015 sûrement. Un troisième point commun.
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Bonjour, et merci pour vos commentaires ! Oui, des points communs. J’ai suivi le lien lié à vos coms, j’arrive sur Drogo de Bastiani, et je ne vois pas vos articles, rien dans les archives. Vous avez un autre blog, peut-être ? J’aimerais bien lire vos avis sur ces deux livres en commun ! 🙂
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Oui en fait Drogo de Bastiani est un blog pour l’instant mort-né. On peut me lire sur eeguab.canalblog.com (Blogart ou Le blog de la Comtesse). A bientôt.
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Ouaip ! j’en reviens ( « ouaip », j’aime, c’est Walter Longmire, mon shérif préféré…)! Nous n’avons pas que deux goûts en commun ! Alors on se retrouvera; à bientôt !
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