La première fois que j’ai écouté John Irving, c’était il y a longtemps déjà, sur Canal+, du temps où il était supportable, voire agréable, de regarder cette chaîne.
Et c’était très intéressant de l’entendre dire comment il écrivait. Pour lui, c’est un véritable travail à plein temps, travail au sens de « labeur », pas facile, pas comme l’eau qui coule de source, l’inspiration, et tout ça… Il bosse !
Mais ce que j’ai préféré dans ce qu’il a dit, c’est sur la conception qu’il a d’une œuvre, conçue pour le lecteur. Il expliquait qu’il construisait ses romans comme une maison.
Portes, fenêtres, coins et recoins , des entrées et des sorties, un lieu dans lequel le lecteur va entrer ou pas, par là où il lui semblera bon, un lieu où il pourra se perdre, faire des découvertes,…J’ai beaucoup aimé cette conception du roman, et c’est celle du grand Raconteur, qui réserve des surprises et des mystères, du suspense, enfin plein d’émotions de toutes sortes. Voilà pourquoi j’aime Irving, c’est l’inattendu assuré, le cocasse alternant avec le drame…
Eh ! vous vous rappelez la scène qui débute « L’épopée du buveur d’eau » ? Bogus Trumper chez l’urologue, en train de malaxer un sein en caoutchouc tandis que le praticien enfile une sonde dans son pauvre urètre tordu ? Que celui qui n’a pas ri lève la main ! A moins que….
Vous rappelez-vous Owen qui surgit dans le grenier de son ami John, et où Irving décrit ses oreilles translucides dans la lumière, et l’ami figé comme s’il assistait à l’apparition d’un prophète ?
Et Homer, dans « L’œuvre de Dieu, la part du diable » ( un de mes préférés ) qui toujours dit » Il faut attendre voir. »
Extrait, le Docteur Larch parle, lui, médecin avorteur dans un orphelinat à une époque où c’est évidemment illégal :
« Ici à Saint Cloud’s, a écrit le Docteur Larch, on m’a donné le choix entre jouer au bon Dieu ou bien abandonner à peu près tout au hasard. J’ai constaté que, la plupart du temps, à peu près tout est abandonné au hasard ; les hommes qui croient au bien et au mal, et qui estiment que le bien devrait triompher, feraient bien d’épier les moments où l’on peut jouer au bon Dieu – il faut les saisir au vol. Ils ne seront pas nombreux.
« Ici à Saint Cloud’s, il y a peut-être davantage de moments à saisir au vol que dans le reste du monde, mais c’est seulement parce que tout ce qui vient par ici a déjà été abandonné au hasard ».
Et aussi :
« Il était obstétricien ; il délivrait des enfants dans le monde. Ses confrères appelaient cela l' »oeuvre de Dieu ». Et il était avorteur ; il délivrait aussi des mères. Ses confrères appelaient cela l' »oeuvre du diable », mais pour Wilbur Larch tout était l’oeuvre de Dieu. Comme Mme Maxwell l’avait fait observer : « L’âme du vrai médecin ne saurait être trop vaste et trop complaisante. »
Alors j’ai entendu des gens dire, avec un petit air condescendant : « Oui, oui, pas mal, mais c’est un wasp… » ( White Anglo-Saxon Protestant, désigne les blancs américains d’origine anglaise et protestante dont la pensée et le mode de vie furent structurels pour les États-Unis.). Oui, et alors ? Que nous dit Irving depuis qu’on le lit, de quoi parle-t-il ?
De sexe et de sexualité, beaucoup, du droit des femmes à vivre ceci dans la liberté, ses personnages féminins sont souvent rebelles, de tempérament fort et volontaire, en marge ( Jenny, Melony, Esther, Franny…), Irving parle aussi de la famille, des liens entre les êtres, du chagrin, de la peur de la perte, de la quête d’identité…et de la quête de l’identité sexuelle comme dans ce dernier livre.
Lisez, si ça vous dit, le bonhomme est passionnant
http://bibliobs.nouvelobs.com/romans/20130507.OBS8478/john-irving-pretendre-que-les-heteros-sont-un-exemple-c-est-de-la-foutaise.html
Moi, il satisfait mon âme de lectrice amatrice d’histoires, et aux autres je dis…ZUT !
Et je suis très très polie et correcte et bien élevée !!!
Je voulais passer dire « merci » pour votre visite sur mes petites photos, et puis je tombe sur ce site drôlement beau. Alors je regarde mieux, et je tombe sur John Irving, lui dont j’ai lu tous les mots …. et j’ai vu aussi la carte qu’il vous avait envoyée, chanceuse !! (et d’ailleurs, ça ne m’étonne pas qu’un type comme lui envoie des petits mots à ses lectrices !). Bref, c’est une visite qui aurait pu être simplement de « courtoisie », mais qui s’est transformée en vrai furetage, en vrai plaisir !!
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ça me touche beaucoup, que vous aimiez mon petit blog! Alors on se retrouvera. Vous l’avez compris, j’aime Irving, bientôt fini son dernier roman : waouh ! il y va très très fort ! donc, bientôt un post sur ce livre
A bientôt !
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