
« Lonesome Dove » de Larry McMurtry ( éditions Gallmeister – traduction Richard Crevier ), prix Pulitzer 1986
« Vivre de façon raisonnable – expérience qu’il avait tentée à une ou deux reprises dans sa vie – s’était avéré ennuyeux, le plus souvent après quelques jours seulement. Une vie sensée ne lui avait jamais rien apporté qui vaille, à part des beuveries et des parties de cartes où il jouait jusqu’à sa dernière chemise. La folie était parfois plus stimulante. »
James Crumley a dit : « Si vous ne devez lire qu’un western dans votre vie, lisez celui-ci. » Et comme il a raison…
Larry McMurtry a écrit là un roman épique, qui peut faire peur, avec ses 1200 pages. Mais comment envisager moins pour accompagner cette incroyable équipe de cow-boys du Texas au Montana ? Un conseil, surtout ne pas lâcher prise. L’idéal, pour ce genre de lecture, serait de se caler dans un fauteuil, ou mieux un hamac, et d’ y rester le temps nécessaire. On n’a pas envie de fermer le livre pour retrouver les occupations quotidiennes, on veut rester parmi ces personnages : Augustus McCrae, Woodrow Call, Dish, Deets, Newt, Pea Eye, Po Campo, et Lorena, Clara…
L’histoire : partant du Texas, des hommes, guidant un énorme troupeau de vaches et de chevaux, se rendent au Montana, terre encore vierge, dont on leur a dit que ce serait le paradis pour les éleveurs. Ils vont ainsi entamer un périple de 5000 km, affrontant le blizzard et les tempêtes ( de sable, de grêle…), les serpents, les grizzlis, les indiens et brigands de grands chemins, souffrant du chaud ou du froid…Et si ce roman est magistral, c’est par la démystification salutaire de cet univers présumé viril et dur des cow-boys. Les hommes engagés pour ce voyage ne sont parfois que des enfants; ils pleurent, ils ont des peurs et des angoisses insurmontables ( les indiens, la lune, les serpents…), ils sont sentimentaux et donc deviennent si attachants pour le lecteur, que l’on ressent le même chagrin que leurs camarades quand ils meurent : piqûres de serpent, flèche empoisonnée, noyade, pendaison…Il ne faudrait pas lâcher ce livre, suivre le rythme des pas des chevaux, au son du grincement du chariot, du chant triste de O’Brien, l’Irlandais et son mal du pays. J’ai adoré le personnage de Gus, le grand bavard , intelligent, adepte de la palabre, le petit Newt et sa quête d’identité, Deets et son coeur d’or, Clara, femme à poigne, courageuse et toujours en colère, quand elle n’est pas triste…Affrontez les 100 premières pages, qui posent le décor et les figures, et ensuite, laissez-vous porter. Un très grand livre, pour qui aime le voyage au coeur des terres d’Amérique, et au coeur des hommes.On quitte à grand peine tous ces personnages qui nous sont devenus de chair et de sang…
« La vie est bien curieuse. […] On a volé tout ce bétail et les neuf dixièmes de nos chevaux, alors qu’on a été des hommes de loi respectés. Si on arrive jusqu’au Montana, il faudra qu’on fasse de la politique. Tu te retrouveras gouverneur, si jamais ce foutu endroit devient un État. Et tu passeras ton temps à faire voter des lois contre les voleurs de bétail. » (p. 300) tome 1
Tu sais bien donner envie.
Si je le trouve le premier, je me lance.
Bonsoir.
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Ah oui, vraiment je te le conseille ! C’est vrai qu’au début il faut s’accrocher et il faut avoir l’esprit libre pour prendre tout le plaisir que ce livre procure…Je me suis ré-ga-lée !!!
On trouve le livre dans la collection Totem de Gallmeister ( leur collection de poche ), et nous, l’avons à la bibliothèque…Ah oui ! trop loin ! Dommage ! Alors j’attends avec impatience tes impressions quand tu l’auras lu
A bientôt !
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j’ai pas lu ça…je vais le commander! Merci!
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