Il me restait à lire ce court roman ( trop long pour être nommé « nouvelle » ) de Henning Mankell. Sa disparition m’a poussée à le faire, et c’est avec beaucoup de plaisir et surtout d’émotion que j’ai retrouvé Kurt Wallander. Ecrite en 2004, l’histoire fut d’abord adaptée par la BBC, pour la série que nous avons pu voir en France avec Kenneth Branagh (qui à mon avis est un excellent Wallander). Après avoir vu le film, l’auteur a retravaillé le texte pour cette édition, en 2012. J’ai vu cet épisode, je m’en souviens très bien, et franchement je trouve que ces adaptations de la BBC sont excellentes et fidèles à l’esprit des livres. Le plus de cette édition est la présence au début du livre de cette explication et surtout la fin, où Mankell nous raconte en quelques pages la naissance – et la disparition – de Kurt Wallander, la genèse de ce personnage tant aimé de par le monde. Et ça a été très émouvant pour moi de lire ces mots.
« Si grand qu’en soit notre désir, on ne peut pas vivre avec un personnage littéraire. On peut l’avoir pour ami – un ami imaginaire, qu’on sort quand on en a besoin. La mission de l’art est entre autres de nous procurer des compagnons. J’ai vu des personnages, sur des tableaux, que j’espère encore rencontrer un jour. Les livres et les films sont remplis d’individus si familiers pour nous que nous nous attendons à les voir surgir au coin d’une rue. Wallander est de ceux-là. Il se cache au coin de la rue. Mais il ne se montre jamais. Du moins pas à moi. »
Bien sûr le roman lui-même, qui bien que court mène une enquête « à la Wallader », c’est à dire avec ses hésitations, ses colères, sa mélancolie, et sa sensibilité, l’histoire est toujours de la même grande qualité. Dans l’ordre de la série, ce texte est à insérer juste avant les adieux de Wallander avec « L’homme inquiet », et on le sent tout de suite,avec ce début:
« Ce samedi 26 Octobre 2002 au soir, Kurt Wallander était au bout du rouleau. la semaine avait été éprouvante au commissariat d’Ystad en raison d’une épidémie de grippe. […]. Il avait la tête bien trop lourde pour être encore efficace. D’un autre côté, aucune envie de rentrer chez lui. le vent soufflait fort, dehors. Il était tard. De temps à autre, il entendait quelqu’un passer dans le couloir. Il espérait que personne ne frapperait à s aporte. Il voulait être tranquille. Avoir la paix.
La paix de qui, de quoi ? La question restait ouverte. Je voudrais me mettre en congé de moi-même, pensa-t-il. De cette pesanteur que je traîne, et qui me mine. Je n’en peux plus. »
Un début qui annonce la fin. Quand Kurt pense avoir trouvé enfin la maison dont il rêve, il découvre dans le jardin une main, et puis il y fera déterrer deux squelettes, début d’une enquête pour laquelle il devra remonter le temps. Et qui verra s’effondrer son rêve de maison près de la Baltique, avec un chien pour compagnon.
J’ai été un peu frustrée que ce soit si court, tant le bonheur était grand de replonger dans la Suède de Wallander. Il faudra, pour retrouver la plénitude de ce plaisir, que je relise les autres romans. Mais quand même, je me sens à peu près comme après le départ d’un ami en fermant ce livre, y laissant Kurt Wallander rêvant d’un chien et d’une maison.
Il va nous manquer.
Mais tu as choisi une photo réconfortante!
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Oui, parce que je trouve que cette ambiance apaisée, de soir au bord de la Baltique, avec un chien, c’est ce que voulait Mankell pour Kurt
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J ai vu la version anglaise, mais je me demande si je n ai pas vu la version suédoise auparavant. Je suis d accord avec toi, c est trop court, mais très agreable
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On a perdu un très bon, là.
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Oh oui il va nous manquer !
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