« Cher Geoffroy,
Je me demandais quel serait le premier mot à t’adresser dans cette lettre, et je souris en songeant qu’il suffit sans doute de te dire simplement bonjour, puisque c’est le nom que tu portais : Geoffroy Bonjour.
Cela fait certainement des semaines, presque quatre mois en fait, que tu me regardes me débattre avec ce texte pour le musée des Confluences de Lyon. Que tu joues avec moi comme la lumière joue sur la surface opaque de l’eau. L’eau des fleuves, des rivières et des lacs; l’eau des rêves aussi. »
Encore une fois un moment formidable avec ce « Récit d’objet », une collection vraiment belle et à chaque fois intéressante. Ici, c’est Bérengère Cournut qui a choisi au musée cette azurite, superbe roche à dominante de bleu, du carbonate de cuivre . J’ai en plus appris que la mine d’où elle provient est tout près de chez moi, dans la commune de Chessy-les-Mines.
Ici la roche est agrémentée de vert résultat d’une oxydation locale de l’azurite qui transforme le carbonate de cuivre de la lazurite en malachite.
Mais qui est Geoffroy Bonjour à qui s’adresse l’autrice si bien qu’elle provoque une belle émotion dans un cœur qui n’est pas de pierre, le mien. Il se présentait comme:
» Geoffroy Bonjour (1981-2021)
« Épicurien et créateur de bijoux, je vis au milieu d’une mine de minéraux et j’en fais carrière. «
On comprend en commençant la lecture que ces deux là aimaient la farce, la vie, les pierres.
Vous comprenez donc bien le choix de l’autrice de cette superbe lazurite en bleus et verts, du sombre au clair. Car elle aussi aime les roches, les cailloux. J’ai retrouvé dans ce livre mon enfance de campagnarde, gamine qui passait son temps dehors, dans les bois et les prés, et qui elle aussi ramassait des pierres, des cailloux qu’elle trouvait jolis, bizarres, doux…et tout un tas de petits trésors. Qu’est-ce qui fait qu’on développe une passion pour une roche, une pierre…Je crois que ça relève d’un monde onirique que nous avons en nous qui se projette sur ces « petites choses » glanées. Ici, Bérengère Cournut explore à travers cette profonde amitié et cette pensée pour l’autre qui s’en est allé ce que représentent ces pierres, et particulièrement cette superbe malachite. Et elle fait ça avec douceur, nostalgie, menant sa pensée au-delà d’elle, menant cette pensée à quelque chose de plus universel.
J’ai trouvé ce petit texte beau, plein d’amitié et du goût des choses naturelles, et surtout de ces roches surgies du fond des âges, car c’est bien des siècles qui élaborent ces merveilles aux couleurs vives. L’autrice se questionne sur notre relation au minéral, à la Terre, avec inévitablement la question du temps, long, très long pour les pierres, les minéraux, notre Terre, et si bref pour nous autres, humains. Reste l’amitié, l’attachement aux êtres chers.
Une vraie pépite.
J’ai l’impression que j’aimerais aussi, ce livre a l’air d’être un très beau récit ! J’ai aussi passé mon enfance en pleine campagne, nos premiers voisins étaient des cerfs, des sangliers…Nous vivions en dehors d’un petit village situé au cœur des Ardennes belges qui s’appelle Redu (devenu le village du livre en 1984), je me souviens avoir pu participer à l’ouverture en peignant les lettres de la grande banderole :-). Je passais plus de temps dans les bois et dans les champs qu’à la maison. Merci pour ce beau billet !
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Nous en avons, des points communs, amie belge ! Je ne sais pas quel enfant n’a pas un jour ramassé des cailloux, même en ville, dans un square ou un parc… C’est un petit texte subtil, tendre, et oui, très beau.
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Moi aussi, j’aime les cailloux. Et la malachite, c’est magnifique!
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Oui, superbe. Si tu virens à Lyon un de ces jours, on ira la voir, celle-ci !
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