Prêté par P., je viens de finir ce très joli roman, très caractéristique de la littérature américaine. On y suit une famille rurale, et en particulier les enfants de cette famille Lucas, dans laquelle sévissent la violence et l’alcoolisme du père, le désespoir de la mère…
Livre sur l’enfance et sur ce qu’il advient parfois des enfants grandis dans cette ambiance où la brutalité est en latence, menace constante qui empoisonne l’atmosphère du quotidien . Il y est aussi question de l’abri qu’offre la nature, de l’amour des animaux, on y parle du Vietnam ( le roman se déroule des années 60 à l’an 2000 ) et de l’idiotie de cette guerre.
Je n’émets qu’un seul bémol, c’est parfois un peu trop long, un peu répétitif; j’ai préféré la première partie, celle de l’enfance. J’ai aimé ce petit garçon qui combat ses ennemis, armé d’une épée de bois fabriquée par son grand frère, et une carapace de tortue en guise de bouclier, ce petit Bill qui garde le silence sur le pire de son existence…
« Quand il lui racontait une histoire sur son aîné, il ne butait pas sur les mots. Il souffrait, pourtant ; la mort de son frère était une tragédie dont il ne se remettrait pas. Mais Bill ne croyait ni au paradis ni à l’enfer. Il croyait aux systèmes naturels et artificiels. Aux territoires. Et la mort pouvait en occuper plus d’un.
Les défunts que l’on a beaucoup aimés, avait-il compris, demeurent toujours en nous. Au lieu de disparaître, ils se développent dans une autre dimension. Lui-même avait contribué à ce processus en plaçant son frère au milieu d’une zone fertile qu’il connaissait bien : dans son esprit, James avait traversé la rivière et sillonnait les bois. C’était son habitat naturel. »
C’est un personnage ( et d’autres dans le livre le sont tout autant ) touchant et vrai.
« Il avait oublié le plaisir de se plonger dans une histoire qui avait le pouvoir de le transporter loin de sa propre existence tout en renforçant le caractère réel de ce qu’il vivait. D’autres avaient éprouvé des sentiments comparables aux siens ou fait des expériences similaires.Les livres affirmaient que , belle ou laide, la vie avait de la valeur. »