« 84, Charing Cross Road » de Helene Hanff, traduit par Marie-Anne de Kisch – Livre de Poche

On m’a offert vendredi ce petit livre, roman épistolaire…sauf que ce n’est pas un roman, mais une authentique correspondance entre l’auteur, Helene Hanff et un libraire londonien, Franck Doel . En 1949,  Helene vit à New York, où elle subsiste grâce à des scénarii de séries télévisées et des livres pour enfants, ses ambitions d’auteur dramatique ne rencontrant pas de public. C’est une jeune femme un peu fantasque, qui a entrepris de se constituer une culture littéraire classique, et cherche donc des ouvrages d’occasion. Elle va trouver dans le journal l’annonce d’une librairie à Londres, « Marks and Co », 84 Charing Cross Road et entamer une correspondance avec le personnel de cette librairie, et en particulier un certain Franck Doël, qui sera son interlocuteur principal .

J’ai savouré ce livre, qui m’a beaucoup fait rire, car Helene est une sacrée « nana » ! La relation qu’elle va entretenir avec Marks and Co va durer 20 ans. L’Angleterre, dans le début des années 50, connait encore le rationnement, et la généreuse Helene, même si elle n’est pas riche, va envoyer des colis alimentaires à  partager entre les membres du personnel, et va créer ainsi des liens amicaux avec presque tous.

« Avec le printemps qui arrive, j’exige un livre de poèmes d’amour. Pas Keats ou Shelley, envoyez-moi des poèmes qui peuvent parler d’amour sans pleurnicher – Wyatt ou Jonson ou autre, trouvez vous-même. Mais si possible un joli livre, assez petit pour que je le glisse dans la poche de mon pantalon pour l’emporter à Central Park.
Allez, restez pas là assis ! Cherchez-le ! Bon sang, on se demande comment cette boutique existe encore. »

Ce livre parle bien sûr de l’amour de la littérature mais aussi de l’objet « livre », dont on nous dit que peut-être il disparaitra…

« J’adore les dédicaces sur les pages de garde et les notes dans les marges, j’aime ce sentiment de camaraderie qu’on éprouve à tourner des pages que quelqu’un d’autre a déjà tournées, à lire les passages sur lesquels quelqu’un, disparu depuis longtemps, attire mon attention. […]

J’adore les livres d’occasion qui s’ouvrent d’eux-mêmes à la page que leur précédent propriétaire lisait le plus souvent. » 

Le ton acerbe d’Helene, son écriture ( plein de majuscules, mises apparemment à tort et à travers, la ponctuation anarchique,…) et son humour débridé sont un régal pour le lecteur. Et par ces rapports qui n’auraient pu être que purement commerciaux naissent une amitié et une solidarité entre New York et Londres, entre la jeune femme en quête de culture et le personnel de Marks and Co, y compris l’ épouse, puis les enfants de Franck. On a du mal à croire à cette correspondance de 20 ans. Et pourtant ! Quand Helene Hanff pourra enfin se rendre à Londres, la librairie sera fermée et Franck décédé.

Ce petit bijou a été adapté au théâtre, puis au cinéma en 1986, par David Hugh Jones, avec Anne Bancroft dans le rôle d’Helene et Anthony Hopkins dans celui de Franck.

Je sais qu’elle ne lira pas ces lignes, puisqu’elle n’a pas Internet, mais je remercie celle qui m’a fait passer un si beau moment avec ce livre.

 

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