Promenade en forêt

Hier, avec un temps idéal, promenade de 12km dans les forêts du Haut- Beaujolais…

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Un tel besoin de s’oxygéner, après l’hiver interminable, le printemps absent…

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Je vous ai ramené quelques photos et un texte de Colette

« A la première haleine de la forêt, mon coeur se gonfle. Un ancien moi-même se dresse, tressaille d’une triste allégresse, pointe les oreilles, avec des narines ouvertes pour boire le parfum. Le vent se meurt sous les allées couvertes, où l’air se balance à peine, lourd, musqué… Une vague molle de parfum guide les pas vers la fraise sauvage, ronde comme une perle, qui mûrit ici en secret, noircit, tremble et tombe, dissoute lentement en suave nourriture framboisée dont l’arôme se mêle à celui d’un chèvrefeuille verdâtre, poissé de miel, à celui d’une ronde de champignons blancs… Ils sont nés de cette nuit, et soulèvent de leurs têtes le tapis craquant de feuilles et de brindilles… Ils sont d’un blanc fragile et mat de gant neuf, emperlés, moites comme un nez d’agneau ; ils embaument la truffe fraîche et la tubéreuse. Sous la futaie centenaire, la verte obscurité solennelle ignore le soleil et les oiseaux. L’ombre impérieuse des chênes et des frênes a banni du sol l’herbe, la fleur, la mousse et jusqu’à l’insecte. Un écho nous suit, inquiétant, qui double le rythme de nos pas… On regrette le ramier, la mésange ; on désire le bond roux d’un écureuil ou le lumineux petit derrière des lapins… Ici la forêt, ennemie de l’homme, l’écrase. Tout près de ma joue, collé au tronc de l’orme où je m’adosse, dort un beau papillon crépusculaire dont je sais le nom : lykénée… Clos, allongé en forme de feuille, il attend son heure. Ce soir, au soleil couché, demain, à l’aube trempée, il ouvrira ses lourdes ailes bigarrées de fauve, de gris et de noir. Il s’épanouira comme une danseuse tournoyante, montrant deux autres ailes plus courtes, éclatantes, d’un rouge de cerise mûre, barrées de velours noir ; — dessous voyants, juponnage de fête et de nuit qu’un manteau neutre, durant le jour, dissimule… »

« Les vrilles de la vigne « 

SAM_2926C’est une très jolie cascade qu’on peut voir sous le viaduc de Monsols en prenant un petit sentier, sur lequel nous avons trouvé quelques très beaux cèpes de Bordeaux !

« Le vin d’orange » par Colette

          

LE VIN D’ORANGES

 

« Il date d’une année où les oranges, du côté d’Hyères, furent belles et mûries au rouge. Dans quatre litres de vin de Cavalaire, sec, jaune, je versai un litre d’Armagnac fort honnête, et mes amis de se récrier : « Quel massacre ! Une eau de vie de si bon goût ! la sacrifier à un ratafia imbuvable !… » Au milieu des cris, je coupai, je noyai quatre oranges coupées en mames, un citron qui pendait le moment d’avant, au bout de sa branche, un bâton de vanille argenté comme un vieillard, six cent grammes de sucre de canne. Un bocal ventru, bouché de liège et de linge, se chargea de la macération, qui dura cinquante jours ; je n’eus plus qu’à filtrer et mettre en bouteilles.

Si c’est bon? Rentrez seulement chez vous, parisiennes, à la fin d’un dur après-midi d’hiver ou de faux printemps, cinglé de pluie, de grêle, fouetté de soleil pointu, frissonnez des épaules, mouchez-vous, tâtez votre front, mirez votre langue, enfin geignez :  » je ne sais pas ce que j’ai… « 

Je le sais, moi. Vous avez besoin d’un petit verre de vin d’oranges. »           

« Prisons et paradis »

Colette

 Recette du vin d’oranges de Danielle ( Grasse )

 Mettez ensemble : 5 litres de vin blanc ou rosé, 1kg de sucre, 1l d’eau de vie de fruits; 1 citron, 3 oranges douces et 3 oranges amères non traités ( zeste et jus ), une gousse de vanille et un morceau de cannelle. Laisser macérer le tout un mois à 45 jours en remuant de temps en temps.

Passé ce temps, filtrez, goûtez ( ajoutez du sucre si nécessaire ) et mettez en bouteilles.

Et bien sûr, dégustez !