Juste comme ça, pour conclure ce séjour au Pays de Galles, ce que j’ai aimé, qui m’a fait rire, ou fait envie et puis les quelques trucs qui m’ont déplu, énervée, enquiquinée. Bon, il n’y en a pas tant que ça, mais tout de même.
J’ai adoré, dès l’arrivée à l’aéroport John Lennon à Liverpool, les femmes qui sortent au supermarché avec d’énormes lunettes noires et d’aussi énormes bigoudis sur la tête, sans complexe ! Les cheveux multicolores, les piercings et tatouages, les chaussures à plateforme hautes comme la tour Montparnasse, la totale indifférence des gens à l’apparence. Un vrai bonheur – bon , je vis à la campagne où le moindre clou dans la narine fait se retourner, mais à part à Paris, et quelques grandes villes, ici c’est encore difficile de se vêtir comme on veut…Là-bas, c’est partout et c’est bien!
J’ai aimé les boutiques, très jolies, y compris les alimentations. J’ai aimé que les produits soient moins chers et meilleurs dans les petits commerces des villages que dans le supermarché de la ville (d’où on ressort avec la nausée après des rayons de pain de mie, autant de chips et encore de sauces à perte de vue). J’ai aimé avant tout les paysages de ce pays, son côté entretenu et en même temps sauvage, les près si verts, pointillés de moutons blancs, noirs, mouchetés, les landes mauves de bruyère et les vastes forêts aux essences variées, avec des spécimens si vieux, si beaux de chênes ! Toutes les rivières qui dévalent en cascades ou s’étirent, vives et bruissantes entre les berges, sous les frênes et les charmes. J’ai adoré le don de ces gens pour les fleurs et les jardins, don qui ne va pas sans amour, et me suis extasiée devant des ifs vieux de 1000 ans, impressionnants.
J’ai aimé la liberté laissée au marcheur de traverser les pâturages parmi de paisibles moutons, avec des passages adaptés, sans craindre de se faire lâcher les chiens aux trousses comme ça arrive parfois ici et dans une relation confiante. J’ai aimé, là où nous étions, l’élevage comme seule activité agricole et donc la presque totale absence de tracteurs et autres engins bruyants, sans parler de l’absence de pollution (on le sent en respirant). J’ai aimé, toujours dans les villages, la serviabilité des gens, leur gentillesse et leur courtoisie (même si le gros beauf existe aussi, hein, celui-ci est assez universel, vous serez d’accord avec moi, non ? ). J’ai aimé les beaux bœufs noirs gallois, l’herbe d’un vert aveuglant. J’ai aimé les moutons sur la lande et sur la route, qui regardent tes pneus en mâchouillant et qui royalement se lèvent et vont voir ailleurs si l’herbe est meilleure.
On a aimé aussi deux petits restaurants, les deux tenus par des jeunes filles dynamiques et souriantes, qui ont servi des plats frais, sains, et pas trop chers. Des hamburgers avec de la viande locale, sans sauce (servie à côté), avec plein de légumes et des graines germées autour ( pas du M…o, quoi ) ou du poisson frais et bien cuisiné. Et de très bons desserts. Je ne vous parle même pas du repas pris le dernier soir dans le Shropshire, à l’hôtel, digne des meilleurs chefs, un vrai bonheur pour les papilles. Et évidemment, on a aimé et dégusté la bière galloise !
Passons à ce que je n’ai pas aimé, hum hum ! Je n’ai pas aimé du tout, mais alors pas du tout la petite pimbêche qui nous a reçus pour louer notre voiture. Un emplâtre de fond de teint mal posé sur son visage fermé, pianotant sur son ordinateur et sans réponse à notre bonjour, alors que nous étions à deux pas d’elle. Quand elle a daigné nous voir ( « What ? ») on n’a pas compris un mot de ce qu’elle nous a dit (ou presque, mais l’accent de Liverpool est croquignole, on dirait qu’ils ont un énorme chewing- gum dans la bouche et qu’ils vont s’étouffer avec ), elle a rétorqué à ma stupide question « Do you speak a little french? » ( ben oui, stupide !) « Not at all » d’un ton péremptoire. Après l’avion qui avait eu plus d’une heure de retard, ça ne nous a pas arrangé les nerfs !
Mon mari n’a pas aimé le volant à droite, la conduite à gauche, la priorité à droite sur les rond-points, mais on s’y habitue. Les routes étroites de campagne, jusque là, d’accord, très jolies les routes, mais sans bas-côté, des haies très hautes à ras le bitume, un relief de colline ( très joli aussi d’ailleurs ) mais sur lequel on n’a aucune visibilité, et des croisements… chauds chauds chauds ! On s’est fait quelques frayeurs ! Et on a compté les cadavres de blaireaux et d’écureuils. On n’a pas aimé du tout l’absence de parkings gratuits – sauf quelques rares et bienveillantes exceptions comme le village de Llanrwst, vraiment agréable – et en tous cas le plus souvent des tarifs prohibitifs, qui font hurler la population locale. Ou alors stationnement gratuit une heure, après il faut changer de place et comme de place, il n’y en a pas, il faut s’en aller ! Les parcmètres ne prennent pas la carte bancaire et en plus ne rendent pas la monnaie, youpi ! Prévoir des tas de pièces ! Tout ça s’apparente à du racket, c’est plus simple à prélever que l’impôt, et c’est quotidien (ça c’est pour ceux qui trouvent chouette que chez les Britishs, il y a moins d’impôts ); du coup les grands parkings sont vides!
Dans les lieux où l’on vient pour voir un château (c’est surtout ça qu’on visite au Pays de Galles, de beaux châteaux forts ), on fait sa visite en regardant sa montre, parce que là-bas ça ne rigole pas, le contractuel est présent absolument partout, sans parler des caméras, alors aussitôt terminé, on se sauve au lieu d’aller boire une pinte ou un mug of tea en mangeant des muffins ( bon, toujours ça de gagné sur les hanches !
Voyons le bon côté des choses, n’est-ce pas ? Il y a toujours la solution de se garer le long des rues ou des routes, comme tous le font, s’il n’y a pas de lignes jaunes qui l’interdisent. Ce qui donne des traversées de villages bien acrobatiques aussi. Et je vous jure que ce n’est pas juste la française réputée bougonne qui le dit, la population en a assez.
Autre chose que nous n’avons pas aimé, c’est que si on fait une visite guidée, eh bien vu notre niveau d’anglais et le débit du guide, on comprend un mot sur…5 disons ! Parce qu’il n’y a pas d’audio-guide en plusieurs langues, aucune, tout en anglais et gallois. On a pu lire avant les documents imprimés dans ces deux langues, pour avoir une idée de ce qu’on allait voir; la lecture, ça va, mais suivre un discours ou une conversation, difficile. On nous l’a bien fait comprendre, l’anglais est international, point-barre et puis c’est tout, t’as qu’à naître du bon côté de la Manche ou de l’Atlantique ou avoir pratiqué la langue non-stop depuis que tu as quitté le lycée. Ce qui n’est hélas pas notre cas. Et c’est nulle part, ni à l’aéroport, ni dans les offices du tourisme (et en plus, au Pays de Galles, ils n’aiment pas l’anglais, sont obligés de le parler pour les touristes, majoritairement anglais, alors ils y mettent pas mal de mauvaise volonté ).
Bon, on a écouté la télé en gallois parce que c’est joli, et en anglais pour se mettre ça dans l’oreille; on s’en est sortis, et sommes arrivés à communiquer avec d’aimables personnes qui faisaient l’effort de décoder notre anglais boîteux ! Bon souvenir d’une dame qui tenait le salon de thé à la boutique de la filature de laine de Trewill, elle nous a indiqué un joli sentier pour rejoindre notre point de départ.
Enfin dernier point négatif, la livre sterling damned ! Mince alors, pas d’euros ! Chère, la livre, et tout est très cher au Royaume-Uni, tout. Et pas d’euros ça veut dire frais de change et commissions bancaires (chères aussi, la vache de banquier!). Ensuite : jamais, je dis bien jamais je n’ai vu autant de personnes en si peu de temps avec les dents cassées, noires, manquantes; et vous savez pourquoi, non? Parce que c’est chouette de payer moins d’impôts, mais après, il faut les payer tout seul, avec tes petites économies, tes dents neuves, sans un penny d’aide…Sauf que pour faire des économies…pas facile ! Et puis aussi le guichet de la poste, coincé au fond de l’épicerie, entre le loto, la vente de bière et les chips. Ça, ça ne m’a pas plu.
Comme on avait décidé que c’était les vacances et que tout ça ( sauf les dents ) il fallait en rire, le bilan est qu’on a beaucoup aimé ce vert Pays de Galles, tout de même bien empli de velléités indépendantistes que nous avons bien ressenties. Nous avons aimé y traîner nos guêtres, béer devant la beauté des paysages, rêvasser au bord de la rivière et de l’océan, près des dunes de Harlech. Et boire une pinte à notre santé. On a imaginé la joie dans le pub de Penmachno quand les Anglais ont été éliminés de la coupe du Monde de rugby !
Joli voyage, dépaysant et bénéfique pour le moral.
Formidable ce billet ! J’adooooooore ! Voyager à 9h du mat avec un bon café, c’est pas chouette la vie !!! Merci ma Livrophage ! Et plein de bises !!!
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Plein de bises à toi aussi, ma Kali !
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J’aime beaucoup ton avant-dernier paragraphe…. ! Ce n’est que pendant des voyages qu’on constate la chance qu’on a de vivre en France (ou en Allemagne…)… même si nous allons tout droit sur un système à plusieurs vitesses …
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On est d’accord. C’est un peu une mise en garde à tous ceux qui pensent qu’on paye trop de gens pour rien ( instits, facteurs,accueil dans les administrations ), ce qui générerait trop d’impôts et qui râlent dans les files d’attente aux guichets ou quand la Sécurité Sociale dérembourse ! Ces gens aux dents abimées, ça nous a vraiment choqués. Prenons garde, oui, à ce qui peut nous attendre chez nous.
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C’est sympa d’avoir aussi les avis négatifs, c’est assez rare . Merci.
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Eh bien, je ne le fais pas trop souvent, mais on ne peut pas, parfois, rester béat et fermer les yeux sur certaines choses. Rien n’est jamais absolument parfait – ce serait ennuyeux, non ? – et les désagréments, après coup, sont occasion de rire. Concernant le Pays de Galles, c’est vraiment superbe, mais quid de la vie quotidienne des gens ? Je trouve important de voyager moins bête et de rester lucide.
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Bravo pour cet excellent texte sur un pays que j’ai aimé moi aussi. Vous me donnez envie d’y retourner tant vous êtes sensible et convaincante dans vos observations. J’ai, de mon côté, beaucoup aimé, à l’époque, le réel talent de chanteur de la plupart des gens croisés dans les villes et villages. Les Gallois aiment chanter, seuls ou à plusieurs, dans les lieux de culte bien sûr, mais aussi dans les pubs, les salles d’associations, les pubs et les rues.
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Merci ! Oui, beau pays de bois, de pierre, de landes et d’eau. Nous ne sommes restés que 8 jours, mais c’est très dépaysant, surtout à cause de cette langue étrange et acrobatique. L’ambiance du pub, là, était à l’écran géant pour le rugby ! Et on ne pouvait pas bouger tant c’était plein ! Ce que j’ai préféré, c’est la nature, la possibilité réelle d’être seule dans le vent sur la lande, avec les moutons, les bruyères, et l’ombre des nuages sur les lacs .
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Je ne connais aucun pays anglo-saxon, mais tu es très bien parvenue à donner envie d’aller faire un tour au Pays de Galles, malgré les côté négatifs.
J’étais au Danemark cet été, et j’ai trouvé aussi le coût de la vie très élevé. Par contre on y paye apparemment beaucoup d’impôts, ce qui rend des tas de choses gratuites pour les habitants (évidemment), scolarité, soins médicaux et dentaires, autoroutes (pour les touristes aussi !) très bien entretenues, chaque étudiant y a droit à une bourse indépendamment des revenus de ses parents, un pays et des villes très bien entretenus, mais les fruits sont vendus à l’unité par exemple (prunes, pêches, tomates). Et question paysage, le Danemark ne ressemble pas du tout à l’image que je me faisais d’un pays scandinave, car c’est tout plat et les fjords n’y ont rien d’impressionnant…
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Oui, je crois que le « modèle » social danois est assez top, et que le pays est tout plat ! J’ai des amis qui y sont allés et qui ont dit aussi qu’on y mange très mal ! Au Royaume Uni aussi, les autoroutes sont gratuites, mais le carburant est bien plus cher qu’ici, comme tout le reste, la nourriture surtout, et ce problème de stationnement donne même lieu à des émissions à la télé, c’est dire ! Mais qu’est-ce que c’est beau ! 🙂
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Pour la bouffe, c’est tout à fait vrai ! il ne faut pas espérer y faire des découvertes gastronomiques, le « grand » succès c’est la tartine au poisson… les restaus sont chers et c’est bourratif…
Ils ont des musées hyper intéressants, modernes, didactiques mais pas trop, avec des mises en scènes superbes. Et j’ai maintenant quelques notions sur les vikings.
Les gens sont adorablement gentils, dans un camping si ils te croisent 10 fois dans la journée, ils te disent bonjour 10 fois avec un grand sourire.
Mais je suis maintenant très tentée effectivement par la Norvège pour les paysages.
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des cultures intéressantes, et des pays sans doute assez dépaysants eux aussi. Si je devais aller très au nord, je crois que ce serait l’Islande, pour moi
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Pour les fjords spectaculaires, il vaut mieux aller en Norvège. C’est beau à couper le souffle.
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ah j’imagine !
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Keske t’en causes bien, dis donc !!!
Tu as rencontré des paysages, des pierres, des saveurs, la mélodie d’une langue inconnue, mais surtout, tu as été la rencontre de modes de vie. Je suis sensible à l’attention que tu as portée aux gens, à leur quotidien, à leurs difficultés.
Puissions-nous en effet sauver ce qui fait encore (mais pour combien de temps ?), notre équilibre social … Et continuer à payer des impôts directs !!
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Merci, Marie; pour moi c’est une évidence qu’on va rencontrer des gens aussi, en voyageant. Oui, la vie quotidienne là-bas ne doit pas être facile tous les jours, et s’il est bon de dire ce qui est beau et bon, et drôle ( les bigoudis, le pub, l’indifférence aux apparences ), il est indispensable de voir aussi ce qui est triste et révoltant. Je te jure, tous ces gens qui ne peuvent pas se soigner, c’est choquant.
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C’est la joie des voyages, n’est-ce pas, les bonnes et moins bonnes surprises et impressions? Ce que tu dis sur les gens qui sont super cool par rapport aux apparences me rappelent mes impressions en arrivant aux Etats Unis. Bizarre pour quiconque a grandi en France. Ce qui est super lorsque l’on voyage est d’observer toutes ces choses uniques et inconnues qui font partie de la vie des gens de ces pays que l’on visite. On finit par se rendre compte que ce n’est pas vraiment si important et que ce qui compte reste le fait que nous soyions tous humains sur cette terre que nous partageons. Plus ou moins bien, je te l’accorde! En tous cas ton billet me donne envie de me rendre au Pays de Galles!
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Oui, on doit reconnaître qu’ici, on a encore de vieux préjugés parfois très désagréables sur les apparences. Ma fille m’a dit qu’au Canada comme aux USA on se moque bien de ce à quoi ressemblent les gens. Après chaque pays a des côtés plaisants et d’autres moins. Mais oui, voyager sans voir comment vivent les gens me semblerait un peu vain. Et c’est parfois salutaire de se dire que dans certains endroits on aimerait bien avoir ce contre quoi nous rouspétons !
En tous cas, beau pays que ce pays de Galles !
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