Il y a des livres dont on se demande pourquoi ils n’ont pas été traduits plus tôt et remercions Anna Gavalda pour avoir fait ce ( bon ) travail avec celui-ci, que je viens de terminer, en larmes !
Voici, narrée dans un style sobre et surtout sans pathos et sans lyrisme, la vie de ce qu’on appelle aujourd’hui un « loser ». Le destin d’un homme, voué dès sa naissance à travailler une terre pauvre , auprès de parents taiseux. Adolescent, il est déjà voûté…Mais cependant, William Stoner, inscrit grâce à un professeur dans une nouvelle formation universitaire d’agronomie, va découvrir la littérature et ne la lâchera jamais. Ce sera sa soif d’apprendre qui le fera accéder à un poste d’enseignant dans cette université de Columbia, dans le Missouri. Etrange personnage que ce Stoner…Il ratera tout de sa vie personnelle; pas carriériste pour deux sous, mais dévoué à ses étudiants, … John Williams, qui écrivit ce roman en 1965, se contente de nous livrer une sorte de récit assez monocorde, sans éclats de voix, sans fureur, portrait d’un homme qui se voûtera de plus en plus; sous quel poids?
Stoner semble prendre vie quand il lit une thèse brillante, quand il rencontre quelqu’un qui partage son goût de la grammaire et de la littérature médiévale, c’est un homme doux, placide, qui fera beaucoup de concessions, sauf dans le domaine de son enseignement, où jamais il ne cédera aux pressions hiérarchiques, quitte à voir sa carrière végéter : cela, il s’en moque. Stoner est un homme intègre, en quelque sorte, et on peut dire sans ambition. Dans ce milieu universitaire qu’il fréquentera près de 40ans, ce n’est pas facile…
Je ne dirai rien de plus, sinon qu’il faut s’immerger dans la vie intérieure de cet homme, le regarder, pressentir ses faux pas, le voir commettre ses erreurs et on ressent de la compassion. Il y a une belle analyse à faire, mais je préfère vous la laisser…
J’ai trouvé William Stoner extrêmement attachant, la fin du roman est bouleversante dans sa simplicité et sa sobriété. Bref j’ai beaucoup aimé ce livre…