Bal(l)ade irlandaise… voici un tout petit pays, riche d’une très ancienne civilisation, maltraité par une interminable et douloureuse histoire de guerres et de conflits , mais un pays qui a généré un nombre impressionnant d’artistes, poètes et écrivains. Je me contenterai de vous dire quelques mots de ceux que je connais, contemporains ( vous avez compris, je pense, que j’aime les auteurs de notre temps…) et dont les livres m’ont marquée.
Je commencerai par une femme : Nuala O’Faolain ( 1940 – 2008 ). « Best love Rosie » a été un grand moment de lecture; car si Nuala est irlandaise, ça ne l’oblige pas à parler de verts pâturages ou de beuveries à la bière ! Elle a choisi de parler plutôt de la vie d’une femme en Irlande au xxème siècle, une femme à l’âge charnière de 50 ans, qui après de nombreuses déceptions ( pas seulement sentimentales ) va chercher dans une petite maison au bord de mer un temps de réflexion et de repos, loin de tout, et pourtant…Ici elle va ouvrir des portes sur son histoire,sur celle de sa famille, sur ses origines et va trouver une forme de libération. Bien sûr, que ce livre touche les femmes, celles de 50 ans et les autres ! Bien sûr, il y a l’Irlande, comme un personnage et l’histoire des femmes dans ce pays est en question; on a ensuite envie de se pencher sur ce que fut la vie des femmes en Irlande…
Comme Franck McCourt (1930-2009) nous dépeint celle de sa mère dans ce magnifique roman « Les cendres d’Angela ». Best seller, mérité à mon avis : ce livre autobiographique se situe dans les années 30-40, à Limerick, et la famille McCourt cumule les handicaps : pauvre, catholique, père alcoolique, enfants qui naissent et qui meurent…Franck est un miraculé !
« Partout les gens se vantent et se plaignent de leurs jeunes années, mais rien ne peut se comparer à la version irlandaise : la pauvreté; le père alcoolique, bavard et fainéant; la mère pieuse et résignée, qui gémit près du feu; les prêtres pompeux; les maîtres d’école tyranniques; les Anglais et les horreurs qu’ils nous ont infligées durant huit cents longues années.
Et tout ça trempés comme des soupes. »
Ainsi McCourt commence son récit et ce qui m’a le plus impressionnée lorsque j’ai lu ce livre, c’est cette absence de rancune, de colère, c’est l’humour des descriptions des pires calamités, c’est cette sensation qu’ainsi réchappé du pire, Franck est tout simplement reconnaissant à la vie de l’avoir sauvé, et je trouve ça admirable !
Il y a bien d’autres auteurs irlandais de talent, mais je vous parlerai pour finir de Joseph O’Connor (né en 1963, il enseigne à Dublin ), considéré comme un des plus grands écrivains de son pays à l’heure actuelle; j’ai adoré « Inishowen », qui met en scène l’Irlande et les USA, à travers un flic irlandais et une femme vivant aux USA et qui, à la recherche de ses origines irlandaises va comprendre d’où elle vient…mais là je ne dois rien dire ! Les descriptions de scènes de pub sont assez drôles, quand notre flic un peu désabusé, sur lui-même et sur son pays, remarque qu’en Irlande, quand la musique est joyeuse, les paroles des chansons ne parlent que de la mort et qu’à l’inverse, à musique triste, paroles optimistes !
Un mot d’un livre de Robert McLiam Wilson « Eurêka street », du rire à la stupeur dans l’Irlande du Nord…à découvrir !