« Subvenir aux miracles » – Victoire de Changy – collection « Récits d’objets » – Musée des Confluences/Cambourakis

Subvenir aux miracles par de Changy« Je l’ai laissée trois années accrochée à un cintre dans ma penderie, entre les autres, comme s’il allait me prendre de m’en emparer un matin et de l’enfiler. Sa longue traîne, roulée en boule au fond de l’armoire, a été piétinée à répétition par mes souliers additionnés, rangés là, jetés dessus sans soin, et de blanche elle est passée à grise, et par endroits striée de bandes noires, fonction de la saison et des caprices de l’asphalte. »

20220530_105545Nouvel objet pour cette collection que j’aime, avec ici une robe de mariée choisie au musée, cette robe-ci, faite d’un tissu en fibre optique, soie, polyamide et polyester, des LED, composants électriques et électroniques. C’est une commande du musée, conçue par Mongi Guibane en 2013/2014 et fabriquée à Villeurbanne par Brochier Technologies. Pour en savoir plus sur cette robe lumineuse, achetez donc ce petit livre qui basé sur cette robe, permet à l’autrice d’aborder notre relation à nos vêtements, et donc à notre corps.

368px-Page_facing_150_illustration_from_Fairy_tales_of_Charles_Perrault_(Clarke,_1922)« Cette robe, visuellement, c’est une des robes de Peau d’Âne, de Perrault, de Demy: c’est ce qu’elle m’évoque après coup.

« Couleur de lune? Oui mon père, c’est-à-dire qui soit plus brillante et moins commune. »

Robes astrales, cosmiques, sculpturales. Qui surélèvent et qui condamnent. »

Avec une grande finesse elle explore ce lien, de la naissance à la mort, que nous entretenons avec nos vêtements, secondes peaux ou camouflages, passer inaperçu ou au contraire attirer les regards, mettre dans nos tenues des éléments, des indices qui disent qui nous sommes, ce que nous sommes, ainsi les tenues de travail, les uniformes qui catégorisent, mais tout autant une façon de se vêtir qui va dénoter nos humeurs, notre manière de penser. Mais aussi d’adapter au lieu, au temps, à l’âge ou au hasard. Se vêtir chaque matin avec soin, ou attraper le premier jean, le pull du haut de la pile et voilà…

294px-Contes_De_Fees_(1908)_(14752467672)En 70 pages d’une belle écriture Victoire de Changy distille ainsi des témoignages de femmes – toujours des femmes, il s’agit ici d’une robe de mariée – , celles qui créent leurs vêtements pour être certaines de s’y bien sentir, celles qui s’en fichent comme de l’an quarante, et elle, qui s’interroge et sur laquelle on apprend doucement une chose importante. Et puis bien sûr, le parallèle entre tisser un vêtement et tisser une histoire, un livre…parallèle qui fonctionne parfaitement. J’ai beaucoup aimé ce livre délicat et intelligent qui fait se pencher vers  commodes, armoires…et en être perplexe, heureuse ou dépitée ! Du lien entre nos tenues et le monde. Et il n’y a là rien de frivole ou de futile, c’est très intéressant et très subtil quels que soient les choix des femmes interrogées ici, qu’elle se plaisent en anonymes ou qu’elles veulent être distinguées, toutes ont un point de vue intéressant.

70 pages qui ne se refusent pas !

« Qu’un miracle survienne à travers lui, et qu’il subvienne à nos miracles. Voilà bien ce que l’on attend, ce que j’attends, moi, d’un vêtement. »

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