« …L’immensité de nos regrets ne pourra pas compenser les occasions manquées de nos vies. »
Charles Dickens – « Un conte de noël »
Après cette sale semaine cafardeuse, après un livre relativement difficile – mais génial ! – j’ai ressenti le besoin d’une lecture plus facile; l’envie aussi de retrouver ce bon copain Walt Longmire et la plume emplie d’humanité de Craig Johnson. Si ce livre n’est pas le meilleur de mon cow-boy préféré,c’est néanmoins toujours aussi bien écrit, toujours parsemé de pointes d’humour, de références littéraires ( car notre shérif lit , ici le « Conte de noël » de Dickens) et de références historiques , sans jamais aucune pesanteur. L’auteur explique en fin de livre que ce devait être une nouvelle, mais l’histoire a déployé ses ailes pour devenir cette belle parenthèse ( un peu comme « L’indien blanc » ), en marge des enquêtes de Longmire, mais toujours en mode suspense. Craig Johnson nous raconte le défi de la fine équipe Longmire, Julian Connally, Isaac Bloomfield et Julie la pilote. Ils doivent emmener une fillette brûlée à très haut degré à l’hôpital des Enfants de Denver. Et ce, par une nuit d’avant Noël dans une obscurité glacée par le blizzard, et la neige – conditions météo auxquelles Johnson nous a acclimatés, on y entend à nouveau les tambours cheyennes… Ils ne trouvent pour ce faire qu’ un vieux bombardier de la Seconde guerre mondiale baptisé Steamer et ayant appartenu à Eisenhower. Le coucou n’est pas de l’année, et le pilote unijambiste non plus. Car c’est Lucian assisté du pied droit de Julie qui va piloter, et mener ce fragile équipage jusqu’à Denver, avec tout ce qu’on peut imaginer d’impondérables…
Ainsi le vieux shérif va égrener ses souvenirs de pilote au cours de ce chaotique voyage, sa breloque porte -bonheur accrochée près de lui – ce célèbre cheval, Steamboat, star du rodéo, qui après avoir eu le nez cassé, sifflait comme un bateau à vapeur en respirant, d’où son nom. Ainsi écoutons nous plusieurs histoires. Celle de ce périple en avion, celle de l’avion, celle du cheval célèbre qui donna son nom à l’avion, celle de Julian et de ses années de guerre comme pilote…le tout s’imbrique dans un suspense fébrile, car le Doc Isaac est au chevet de la petite fille, et le temps presse. Ce qui ressort encore et toujours, c’est la bonté des personnages, la compassion, mais aussi une désinvolture et une ténacité salutaires face à tout ce qui peut freiner l’action à mener, que ce soient des règles officielles, la météo, la précarité de toutes les conditions…
« – Fiston, je t’ai dit que j’ai une urgence médicale et un problème de carburant, donc me dérouter n’est pas une option. Fais enlever cette déneigeuse parce qu’on déboule à fond, putain de merde, à fond les ballons.
Parasites.
-Raider Lima Charlie, vous vous déclarez en détresse?
-Putain d’exact, je me déclare en détresse et je te dis de dégager la déneigeuse sur le 26 gauche. »
Et j’ aime toujours plus Craig Johnson, parce qu’il sait me faire du bien en ces temps obscurs. Qu’on ne s’y trompe pas, c’est léger mais intelligent et sensible. La phrase en leit – motiv tirée de Dickens est le fond de la réflexion, qui n’est pas aussi légère que ça ! Une lecture émouvante qui fait sourire, et une traduction impeccable par Sophie Aslanides, que l’on sent très en phase avec son auteur.
« Mon père, l’homme qui m’avait offert ce livre, un cadeau de son père et du père de son père, m’avait dit un jour que ce n’était pas ce que l’on faisait dans cette vie qu’on regrettait, mais toutes les occasions qu’on laissait passer. J’aimais penser que nous avions tous été très courageux, mais il était possible, comme je l’avais expliqué au secouriste à Durant, dans les entrailles de Steamboat, que ce n’était pas tellement que nous étions braves ou audacieux, mais que nous avions simplement échangé une peur contre une autre – la peur de ce qui nous attendait, contre la peur de ce que nous risquions en n’agissant pas. «
Bon, ben j’aime, quoi…Vous pouvez lire l’excellent article de JM ici, je trouve, comme lui, que Craig Johnson est grand.
J’adore Craig Johnson il faut que je le lise 🙂
J’aimeJ’aime