« Flight » de Sherman Alexie- Albin Michel, traduit par Michel Lederer

flightDans l’excellente collection « Terres d’Amérique », chez Albin Michel, j’ai lu hier ce court roman ( 200 pages ) de ce grand auteur indien, Sherman Alexie.

Impossible de raconter ça, mais ça tient d’une part du cri de rage et d’autre part du délire onirique. Mais quoi qu’il en soit, le narrateur, Spots, est un adolescent orphelin, ballotté de foyer en foyer et très très perturbé par une acné géante : en anglais un « spot » est un bouton…

« La dermato m’a dit que je n’avais plus que six mois à vivre. J’exagère. Je n’ai pas de dermato et on ne meurt pas de boutons. Par contre, on peut mourir de honte. Et, croyez-moi, la honte due aux boutons me tue. Je meurs d’environ quatre-vingt-dix-neuf formes de honte. J’ai honte d’avoir quinze ans. D’être grand. Et maigre. Et moche. J’ai honte d’avoir l’air d’un sac de boutons attaché à un manche à balai. Je me demande si la solitude donne de l’acné. Je me demande si être indien donne de l’acné. »

Un garçon en pleine crise de désamour de lui-même et du coup, du monde entier 

« Oui, je suis irlandais et indien, ce qui serait le mélange le plus génial du monde si mes parents étaient là pour m’apprendre à être irlandais et indien. Seulement il y a longtemps qu’ils ne sont plus là, si bien que je ne suis ni irlandais ni indien.

Je suis un ciel vide, une éclipse solaire humaine. »

indienEn attente d’amour, une rencontre va lui faire traverser ( on ne sait pas comment, je dirais : magie indienne ) des vies multiples dans un voyage dans le temps, des guerres indiennes jusqu’à leurs conséquences…Construction étrange, qui m’a un peu dérangée d’abord, puis,le récit avançant, on pige !

Spots passe beaucoup de temps devant Discovery Channel où il apprend plein de choses, mais il dit aussi :

« Putain, je suis lamentable. Je donne l’impression d’être un drogué du petit écran. Mais je suis aussi un fana de livres, et je sais qu’il n’existe pas un être humain ou une émission de télé aussi formidable soit-elle qui puisse se mesurer à un grand livre.

Seulement il n’y a pas de livres dans cette salle de bains, ni dans ma chambre, et j’ai déjà lu cent fois ceux qui sont dans mon sac à dos. J’entame donc une nouvelle vie sans nouveaux livres.

Je suis prêt à parier un million de dollars qu’il n’y a pas plus de cinq livres dans toute cette maison. Quel genre de vie peut-on avoir dans une maison sans livres ? »

 J’ai beaucoup ri, car Spots pratique l’autodérision à grande échelle, mais en même temps, Alexie dessine le portrait d’un adolescent d’une grande justesse; il s’agit certes d’un cas particulier, un orphelin plus ou moins délinquant, mais si triste…

Alors un joli moment de lecture, avec du rire,de l’aventure, de l’émotion, j’ai bien aimé !

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2 réflexions au sujet de « « Flight » de Sherman Alexie- Albin Michel, traduit par Michel Lederer »

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