« La fugitive de l’autre côté du pont de fil » – Yves Revert, éditions du Rouergue/La brune

 

Je ne ferai qu’un article bref pour ce roman que j’ai néanmoins lu vite et totalement, avec une question constante sur la narratrice. J’ai lu parce que je voulais savoir ce qui la rendait – à moi – si antipathique, froide, absente aux autres, avec ce côté rigide…Qu’est-ce qui dans sa vie avait fait d’elle cette femme-là? Ou était-ce son caractère d’origine?

La construction est maline, elle donne envie de remonter le temps avec cette femme, sa vie, écrite comme un journal à rebours, de 2006 à 1971. J’aurais pu tricher et aller directement à la fin, mais je me suis dit que j’allais rater LE truc qui avait changé sa personne, sa vie, son caractère…

Je me suis donc mise dans ses pas, elle qui, de sa vie actuelle se remémore année après année le chemin qui l’a amenée du poste d’attachée de direction à chargée de l’accueil. De jeune femme à femme mariée avec un fils, Le Fils, c’est ainsi qu’elle le prénomme tout au long de son récit. C’est dire à quel point elle l’aime.

Bref – car j’ai dit court – je m’attendais à un véritable vrai drame – et quand je suis enfin arrivée à la page fatidique, je reconnais que j’ai été décontenancée. Certes son geste à cette page-là, est inquiétant, mais il est interrompu par Solange, la sœur qui se retrouve aussi au final dans une situation périlleuse….L’extrait ci-dessous est d’une grande justesse, brutalement assenée, ce sont des phrases comme celle-ci qui m’ont menée au bout, cette cruauté douloureuse du monde tel qu’il est.

« Nos histoires, c’est comme une nourriture que nous mâchons et remâchons depuis des années, dont les morceaux nous encombrent la bouche. Ils sont trop gros, ça ne passe pas. Nous avons beau mastiquer et mastiquer encore, les faire passer d’une joue à l’autre, nous ne parvenons pas à déglutir pour les faire disparaître. »

Alors, je ne peux vraiment pas dire que ce livre m’a laissée indifférente puisqu’il m’a agacée ( enfin la Mère, la Femme m’ont agacée) et surtout parce que la curiosité a su m’emmener jusqu’au bout, parce que certaines phrases comme les précédentes sont comme une bonne claque, et c’est quand même fort. Mais en fait, jamais pour aucun des personnages, sauf pour Fils peut-être, jamais donc je n’ai ressenti d’attachement, de sympathie pour cette famille. J’ai tiré tout de même une conclusion pour moi évidente, sous-entendue dès le début de cette histoire, c’est que cette femme a quelque chose qui ne tourne pas très rond. Et je me suis demandée comment elle a pu mener une vie quasiment normale. Et je me dis aussi qu’il est fort possible que j’aie été rebutée par cette femme à cause de cette façon d’être brutale. Et peut-être parfois, m’y reconnaître un peu d’où le malaise. Je me dois d’être honnête avec vous. 

« J’ai toujours procédé ainsi : faire comme si tout était normal. C’est la seule façon qu’on n’ait aucune prise sur moi. Si vous vous plaignez, il ne faut pas croire que les autres vous porteront secours. Est-ce qu’on a jamais vu ça ? Est-ce qu’on les a jamais vus régler vos problèmes à votre place ? La seule chose qu’ils sachent faire, c’est poser des questions qui vous déplaisent, et à la fin, pour se débarrasser de vous, ils n’ont d’autre moyen que de vous faire sentir responsable de ce qui vous arrive, ainsi ils se croient quittes. »

Je pense que même une chronique comme celle-ci peut donner envie et tant mieux. Par ailleurs, c’est très bien écrit et construit, aucun doute là-dessus, et je pense que d’autres lecteurs ou lectrices, aimeront ce personnage, c’est même probable…Je ne suis pas forcément une référence pour mes avis sur ce genre d’histoire. Mais ! Je l’ai lue et ai trouvé quand même ma façon de vous en parler.

4 réflexions au sujet de « « La fugitive de l’autre côté du pont de fil » – Yves Revert, éditions du Rouergue/La brune »

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