« Pour un esprit sain, il n’existe aucune vibration dans les arbres annonçant l’allée qui mène au centre de soins des enfants aliénés. Pour un être normal et raisonnable tel que moi, pensa Dapper, rien ne préfigure, ne suggère, ne répercute. Il appuya sur son blouson pour sentir le petit carré de feuilles sur lequel il prenait des notes. Pas de cris silencieux entre les branches, pas de monstres se glissant dans une porte entrouverte. »
Voici un roman glaçant qui se lit d’une traite, livre court d’à peine 150 pages mais dense, resserré ce qui habilement crée une sensation d’enfermement, un poids psychologique. L’ambiance est sombre, pesante, un peu glauque aussi, avec un côté un peu « fantastique » parfois. Et encore un livre dont il ne faut bien sûr pas dévoiler quoi que ce soit, je vais faire de mon mieux pour vous en donner ce qui en fait l’intérêt sans livrer plus que nécessaire.
Dapper est policier, marié à Anna et père du petit Théo qui vient de disparaître, comme deux garçons avant lui. Le couple ne tient plus qu’à un fil,Théo. Quand l’enfant disparaît, Dapper se voit dessaisi de l’affaire, mais évidemment impossible pour lui de ne pas se mettre à la recherche de son fils et de poursuivre son enquête, convaincu qu’il y a un lien entre ces trois disparitions.
Ses pas vont le mener dans un établissement psychiatrique où il m’a bien semblé qu’il n’y ait que de jeunes garçons psychotiques ( à aucun moment on ne sait s’il y a des filles ) . Ici règne le docteur Tristan, qui depuis de nombreuses années a développé sa théorie sur les troubles mentaux et ceux qui en sont atteint. En résumé, il pense que ce sont eux qui sont « normaux » ou dans le vrai. Dapper va rencontrer Ilyas, un garçon étrange dans ce lieu étrange, et je m’arrête là. Tristan écrit, dit et pense des choses dérangeantes, ainsi :
« Contrairement à la plupart des médecins, Tristan ne se voyait pas de l’autre côté de la barrière. Il n’avait pas le sentiment d’incarner l’esprit rationnel qui n’était pour lui qu’une chimère. S’il cherchait à soulager les malades, c’était à partir de son propre désordre intérieur. Je sais de quel pied je boite, avait-il coutume de répéter. Il avait beaucoup de mal à supporter ses collègues, dont il partageait très peu les analyses. Qui pouvait accepter l’idée que la maladie mentale n’était pas une malédiction mais bien au contraire un signe électif ? »
Explorant et questionnant les frontières floues de la folie et de la normalité, l’auteur livre ici un roman très perturbant – il y a plusieurs idées tout juste effleurées afin que le lecteur s’engage à son gré dans une exploration, à travers des protagonistes ambigus et très souvent inquiétants. Le titre contient je trouve à lui seul tout ce qui met mal à l’aise dans ce roman. Bien écrit, ambiance très réussie, glacée et glaçante, juste éclairée par Théo, très joli personnage qui est comme un pivot dans le récit ( vous comprendrez ce que je veux dire par là en lisant le livre ) et des questions qui restent en suspens et maintiennent l’angoisse à la fin. Le côté enquête policière n’est pour autant pas laissé en marge. Il y a je pense au moins deux façons de lire ce roman – voire plus – . J’ai bien aimé, bien que sortie assez bousculée par cette lecture déstabilisante.
Ça a l’air très intéressant et bien fait, le nom de l’auteur me dit d’ailleurs quelque chose bien que je ne l’ai pas lu.
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Premier livre lu de cet auteur pour moi et vraiment glaçant, pas de chaleur humaine ici, un poids et des doutes, une fin bien flippante, je trouve !
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J’y penserai si j’ai besoin d’une petite frayeur 🙂
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pas réellement effrayant, mais comment dire ? Pesant, inquiétant…
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Oui, je vois bien l’ambiance que tu décris 🙂
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un livre court, comme chez Bernhard, ça me plait : marre des pavés!
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Je vais entamer 4321…:)
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Ah d’accord! moi j’attendrai le poche, mais je me réjouis…
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je vais prendre mon temps, je suis sur plusieurs fronts plus des choses personnelles à régler, alors patience !
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Déficiences mentales, troubles psychiques, syndromes autistiques … Les maladies mentales, en effet, viennent souvent percuter notre « normalité », et il en jaillit parfois des « vérités » inattendues ! Le lien social s’exprime par le corps, l’émotion, ou une autre forme d’aboutissement de la pensée. Et oui, c’est dérangeant. Voilà au moins un livre que je suis sûre de ne pas vouloir lire !!!!
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Intéressant, mais si on a un contact plus ou moins direct avec quelqu’un atteint de ces troubles, lecture difficile, ce le fut pour moi, heureusement, court
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Je connais mon prochain achat 🙂
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😉
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