« Les chiens de Belfast », Sam Millar – Points/Policier, traduit par Patrick Raynal

les chiens de belfastEn voici encore un que j’avais mis sur la pile depuis longtemps. Et envie d’un petit tour à Belfast…Bon, je vous préviens tout de suite, ce n’est pas une promenade touristique… Sam Millar signe là un roman répondant à tous les codes du polar, avec le détective Karl Kane flanqué d’une belle fille qui assure l’administratif…mais pas que, réminiscences de cauchemars, traumatismes de l’enfance, avec vengeance qui a attendu son heure dans la rage que génère le chagrin, police qui patauge dans la corruption, scènes sanglantes et humour un peu trash ( j’avoue, j’aime assez…), bref, j’ai passé un bon moment avec ce bouquin, qui bien qu’ayant une intrigue un poil tirée par les cheveux, tient bien son lecteur par sa nervosité de ton et l’absence de temps morts. On ne retrouve pas ici le décor politique et social irlandais comme chez Adrian McKinty ou Stuart Neville, c’est différent, mais vraiment agréable à lire.

Photo : Paul McIlroy

Millar a construit son livre sous une forme qu’on retrouve souvent dans le genre, un prologue avec une scène qui s’est déroulée des années auparavant, puis plusieurs chapitres qui amènent les différents protagonistes, tout ça comme jeté au lecteur avec violence, ça heurte et ça accroche, on a des morceaux de puzzle à  rassembler, et c’est là qu’intervient Karl Kane. En voici un que j’ai bien aimé, il m’a fait rire ; il faut dire que ce pauvre homme est en proie à une crise aiguë d’hémorroïdes ( ben oui, excusez-moi, mais c’est vrai ) qui démystifie quelque peu la figure virile du détective, en particulier dans la scène chez le médecin…Hormis cette anecdote qui a son importance ( influence évidente sur le caractère et l’humeur de Kane…), le ton est très vif, avec un jeu sur les portraits intéressant, et des images parfois hilarantes. C’est noir, sauvage, caustique.

Exemples de phrases qui me font rire :

« C’est toi qui bredouilles un galimatias incompréhensible, genre Mary Poppins sous LSD. » 

« Reste à l’écart de ces Ecossais. Je n’ai aucune confiance dans les types qui portent des jupes. »

« Mince comme un fil mais d’une taille respectable, Karl Kane fit jaillir une goutte de crème du tube et, pour un homme aussi grand, l’appliqua plutôt délicatement sur la partie douloureuse de son postérieur.

« Il a eu ce qu’il méritait, marmonna la vieille dame à l’air angélique du numéro dix-huit, dont les cheveux fraîchement permanentés ressemblaient à une barbe à papa en folie. Et tous ses amis devraient avoir la même chose » suggéra-t-elle en souriant comme un couteau bien affûté. Seules ses fausses dents paraissaient vraies. »

wild-boar-70420_1280Pas un livre d’enfants de chœur, c’est pour ça qu’il m’a plu .

Je n’oublie pas de saluer  Patrick Raynal pour une traduction impeccable.

Et puis si vous voulez savoir ce que vient faire ce sanglier dans l’histoire, eh bien vous savez ce qu’il vous reste à faire.

 

18 réflexions au sujet de « « Les chiens de Belfast », Sam Millar – Points/Policier, traduit par Patrick Raynal »

  1. Je note aussitôt !
    Pas au niveau de Neville ou de Mac Kinthy ? OK mais c’est dur de l’atteindre leur niveau…
    Je viens de me « taper » un pavé de 1000 pages « moi Charlotte Simmons » de Tom Wolfe, une caricature de la vie dans les universités américaines, où se côtoient 2 mondes parallèles, les intellos et les sportifs présentés comme des débiles, mais c’est beaucoup trop long, beaucoup trop… on en rajoute sur les scènes d’ivresse ou de sexe, on en rajoute sur la d’abord prude Charlotte qui se libère, puis est envahie par le remord. Au bout d’un moment on a compris, mais l’auteur a vraiment besoin d’enfoncer le clou. Bref, je ne recommande pas sauf si on a vraiment que ça à lire.
    Donna Tartt, je crois que j’en ai lu un il y a une dizaine d’années, mais j’avoue que je ne m’en rappelle pas très bien, il me semble que ça s’appelait « le petit ami » ou un truc de ce genre, un bon pavé déjà (je crois qu’elle n’écrit que ça) alors je m’interrogeais sur le « chardonneret », mais si tu aimes peut-être que…

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    • Franchement je n’avais rien lu encore d’elle, et je me régale. Il y a une atmosphère très particulière, de spersonnages attachants, et il y est aussi question d’art, et d’artisans, j’aime bien ça. Oui, 1100 pages, mais ça va tout seul ! Et je dirais que moi, il m’a bien fait rire Wolfe. J’ai beaucoup aimé – et préféré – « Le bûcher des vanités »
      Dans le genre pavé, le meilleur de ces dernières années parmi mes lecture c’est « Lonesome Dove » de Larry McMurtry ( chef d’oeuvre pour moi )
      Quant au Millar dont il est question ici, franchement c’est bien; moi, ce genre de bouquins, ça me détend (et je n’en en ai même pas honte!) ! 🙂

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  2. C’était « le petit copain »… je viens de lire le résumé, c’est comme si je ne l’avais pas lu… Je vais le rechercher dans mes stocks pour le relire.
    Grâce à Tom Wolfe, j’ai quand même découvert (le hasard des recherches sur google) le blog d’un canadien qui lit beaucoup de polars, canadiens en général, et que je trouve très sympa. je te donne ses coordonnées à tout hasard :
    http://lecturederichard.over-blog.com

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    • Le chardonneret, j’ai adoré les 2/3,mais le dernier m’a déçu. Son premier roman, le maitre des illusions est exceptionnel. Tom wolfe, pour moi, c’est aussi le bûcher des vanités, mais acid test, une chronique psychédélique des 70´s, est très drôle . Et ton irlandais a l’air pas mal. Impossible de lire des écrivains homme cette année !

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      • J’en suis à la moitié, je verrai bien. En tous cas, la première partie à New York a quelque chose de magique. Je lirai « Le maître des illusions », alors. Et « Acid test » aussi ! Il me fait rire, Wolfe, j’aime bien son côté vachard, railleur. Que veux-tu dire par « impossible de lire des écrivains homme » ? Tu fais un boycott ? 😉 ou tu as une liste féminine conséquente qui te retient ? Prochain post sur une écrivaine qui m’a déçue…

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