Je n’avais pas prévu cet article tout de suite, mais je veux l’écrire tel qu’il me vient, sous le coup de l’émotion, et de manière simple et spontanée. J’ai vu hier soir ce film, en compagnie de mon mari. Tout est encore là en moi, ce matin, en vous écrivant juste quelques mots sur cette heure et demie bouleversante. Juste quelques mots, oui, parce que je ne peux que dire à ceux qui ne l’ont pas fait : allez écouter cette histoire, cette fable tragique. Qui de façon lumineuse, dans le décor majestueux du Mali, tente de sonder l’incommensurable stupidité des hommes, la cruauté des imbéciles, et met face à ces bourreaux guerriers des femmes; belles, sensibles, intelligentes, maîtresses de leurs actes, étonnantes jusque dans la douleur, courageuses. J’ai vu dans ces images pleines de poésie, de dérision, d’humour triste, une ode aux femmes de ce pays, dont la superbe reine noire, folle, drapée de chiffons colorés et son coq sur l’épaule est l’allégorie. Inutile de vous dire que j’ai pleuré, autant de colère que de tristesse, et beaucoup.
J’ai adoré la scène du match de foot, sans ballon, qui est elle aussi tout un symbole, qui nous dit que l’astuce et l’intelligence savent mettre à bas les interdits idiots. Le début du film, où l’on sourit souvent tant Sissako sait révéler l’absurdité et la sottise de ces hommes du djihad, laisse cependant affleurer l’approche du drame, pour la famille de Kidane en particulier, parce que ce bonheur ne peut pas durer, on le sait, dans l’austérité que veulent faire régner les « soldats de Dieu ». J’ai tout trouvé beau : le sujet, la façon de le traiter – sans lourdeur, sans radicalisme – les visages, les paysages, les sons…Les voix qui chantent, y compris sous le fouet.
J’ai été totalement touchée par ce film, beau, sensible et intelligent par sa justesse de ton et sa poésie.
Un film pour moi essentiel, gros coup de cœur cinéma, dont voici la bande-annonce
Bonjour. Je vois ce film le 12 janvier car j’anime dans le multiplexe de notre ville une séance par mois dans le cadre d’un ciné-débat. Je pense partager ton enthousiasme.Et puis on voit si rarement de film africain.
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ça m’a bouleversée, parce que c’est comme un sourire triste, ce film, très poétique et beau, c’est assez indescriptible; oui, peu de films africains. Je n’ai pas vu « Bamako » de Sissako, je crois que je vais le regarder. Vu aux 400 coups, ciné dit d’art et d’essais dans la ville voisine. J’aurais bien aimé un débat ou une conversation après.
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Je l’ai prévu! Ma belle-soeur en a été si bouleversée qu’elle nous a déconseillé de le voir pendant les fêtes. Je sais qu’il est dramatique, mais la vie l’est aussi et pour beaucoup! Cette période doit aussi être un temps de compassion et de prise de conscience. Merci pour ton article.
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Oui…le cours du monde ne s’arrête pas à Noël…Il y a aussi de la drôlerie dans ce film, tant ces gens sont ridicules, mais comme je le dis, un sourire triste, celui de la fatalité ( ça existe ? )
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je l’ai vu cet après-midi et je suis ressortie plombée …Je n’y ai pas vu autant de beauté que toi, et en particulier la mort stupide du pêcheur m’a dégoutée et révoltée comme étant absurde, disproportionnée et tellement évitable. J’ai vraiment eu un choc au moment de la lapidation , tout cela m’a vraiment consternée et déprimée …
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bien sûr, consternant, déprimant et révoltant, et j’ai été plombée aussi, comme je l’ai dit aussi triste qu’en colère. Oui, la mort du pêcheur est stupide; la femme de Kirane lui a dit « …sans ton arme »…évitable donc !Ce sont les femmes qui sont belles, et ce qu’elles dégagent, le pays est beau, et Sissako le montre, parce que c’est une réalité. Et qu’il va disparaître sous les diktats stupides. Après, qu’attend-t-on du cinéma ? Je trouve intelligente la façon dont Sissako traite ce sujet, qui le touche sans doute encore plus que nous; évidemment que la lapidation, la mort du pêcheur et la jeune femme fouettée parce qu’elle est jeune, belle, vivante, amoureuse de la vie, sont des scènes insoutenables; elle chante sous le fouet, cette jeune fille, et c’est beau, enfin je trouve ça beau dans le sens humain du mot. Dans ce mot non plus, nous ne mettons pas tous la même chose.
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Je dirais…. Tant mieux. C’est presque tout ce qu’on peut/doit faire : être choqués, avoir un coup d’effroi, de froid dans le dos. Est-ce que c’est ce qui nous mènerait à la compassion, même pour des gens vivant à plusieurs km de chez nous?… Parce que autant pour vous, l’horreur s’arrête quand vous quittez la salle de cinéma, autant elle est présente en continu dans de nombreux pays… Et le film est gentil, il nous épargne. Alors oui, soyons choqués.
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d’accord
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j’ai quand même eu du mal à supporter l’horreur de cette réalité et de ses images … (d’ailleurs plusieurs personnes ont quitté la salle, et pour ma part j’ai béni le ciel de ne pas y être allée avec mes enfants comme je l’avais prévu…)
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ce n’est certes pas un film pour des enfants; mais par contre c’est ce qui vivent et voient certains enfants, l’horreur est là
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Je suis desolée pour mon absence de visites récentes sur ton blog! Juste des vacances en famille donc moins de temps. Mais je veux te dire que je souhaite te lire davantage encore en 2015. Bonne et heureuse année!
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A toi aussi, Evelyne, tu es une des 5 personnes qui comptent dans ma vie de blogueuse, et j’ai bien compris que tu profitais de ta famille ! J’ai fait pareil avec le retour de ma fille ! J t’embrasse et te souhaite et à ceux que tu aimes, une belle année 2015 !
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Content qu’il t’ai plu le film – il est vraiment fort et poétiquement cruel. Que 2015 nous offre à tous des moments intelligents comme ça!!
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C’est ça, c’est ce qu’il nous faut, avec, parfois et néanmoins un peu de légèreté dans un monde de brutes tel que nous le montre Sissako…Mais nous ne vivons pas au pays des Bisounours, hein ! Passe une bonne soirée, avec plein de joie et… Zum Wohl !!!
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